VOUS N’AVEZ PAS LE DROIT DE BRÛLER CE PAYS
La bataille de l’audimat ne devrait pas reléguer au second rang les fonctions éducatives et pédagogiques des médias. Notre pays a plus que jamais besoin d’une presse responsable et non de pompiers-pyromanes
Nous avions volontairement décidé de ne pas reprendre dans les colonnes de Sud Quotidien d’hier, les propos inouïs tenus par un énergumène digne d’un arrière petit-fils d’Adolphe Hitler, contre la famille du député-maire de Mermoz Dakar–Sacré Cœur, candidat à la mairie de Dakar, Barthélémy Dias.
Mais, quand l’auteur de ses propos abjects persiste et signe, nous n’avons plus le droit de faire dans le mépris. Parce que comme le disait Saint Augustin (13 novembre 354-28 août 430), canonisé en 1298 par le pape Boniface VIII, «se tromper est humain, persister dans son erreur est diabolique». “Brûler vif toutes les familles Dias n’a aucun impact sur la cohésion sociale du Sénégal. C’est une famille minoritaire qui ne fait même pas plus de 100 personnes”, a déclaré cet homme qui aura mangé à tous les râteliers.
De la toute splendeur du Parti Socialiste aux couleurs Marron-Beige de l’Alliance pour la République, en passant par le bleu-jaune du Parti démocratique sénégalais, sans occulter l’éphémère compagnonnage avec le président El Hadji Malick Gakou, cet homme est partout et nulle part à la fois. Mû par un appétit carnassier, il n’hésite pas à tourner casaque au gré de ses intérêts. Il est libre de se comporter comme une girouette suivant la direction du CFA. Mais, aucun Sénégalais ne devrait accepter qu’on désagrège notre cohésion sociale, notre commun vouloir de vie commune, brillamment expliquée par un très grand intellectuel, l’ancien ministre, Conseiller culturel du Maire de Dakar, Cheikh Hamidou Kane et symbolisée par l’actuel président de la République, Macky Sall. Lui qui aime rappeler : «je suis un Sénégalais de synthèse, un pulaar de culture sérère». Convenons-en tous que nous sommes à la fois, Halpular, Sérère, Wolof, Diola, Mandingue, Soninké… Parce que comme le disait avec brio, Amin Maalouf «l’identité ne se compartimente pas». Pour autant nous devons rester vigilants et ne pas penser un seul instant que le malheur n’arrive qu’aux autres ; que le Sénégal est béni de Dieu. C’est totalement faux. Allah n’a pas la nationalité sénégalaise (Excusez du blasphème). Nous rappelions dans les colonnes de Sud Quotidien du 5 août 2017 que trois irrédentismes sont à éviter pour ne pas brûler notre cher Sénégal. L’irrédentisme régional, l’irrédentisme religieux et enfin, l’irrédentisme ethnique. Nous rappelions encore que nous avions frôlé le chaos avec le premier notamment, avec la crise casamançaise déclenchée en 1982 dont les plaies sont encore béantes. Pis, depuis quelques temps, des hommes politiques de différents bords tentent de saper cette paix plus que précaire. Juste pour satisfaire leur égo surdimensionné.
RESPONSABILITE DES MEDIAS
Face aux pyromanes et autres personnes à la recherche du buzz, il est surtout attendu des médias qu’ils jouent leur rôle de vigie, de veille, d’alerte, d’avant- garde voire de censure. La presse est le quatrième pouvoir. La télévision est un médium très sérieux. Ne dit-on d’ailleurs pas qu’une image vaut mille mots. Par conséquent, faisons preuve de responsabilité. Il est d’emblée de la nôtre de trier la bonne graine de l’ivraie au lieu de faire parler n’importe quel énergumène. La bataille de l’audimat ne devrait pas reléguer au second rang les fonctions éducatives et pédagogiques des médias. Notre pays a plus que jamais besoin d’une presse responsable et non de pompiers-pyromanes. Nous ne devons pas perdre de vue le rôle tristement célèbre joué par la radio télévision libre des Mille Collines dans le génocide des Tutsi au Rwanda qui a fait entre 800.000 à 1.000.000 morts. Alors, évitons de tomber dans le journalisme de racolage, de caniveau et méditons sur cette phrase culte du Fondateur du journal Le Monde, feu Hubert Beuve-Méry : «Il ne faut pas laisser nos moyens de vivre compromettre nos raisons de vivre».