«LES PAGES CONSACRÉES À MAME MOR ANTA SALY SONT DES PAGES DE GLOIRE»
Iba Der Thiam fait savoir, concernant la sortie du porte-parole de Touba, que la partie consacrée à Mame Mor Anta Saly est écrite «avec suffisamment de précaution pour ne gêner personne»
A l’émission «Jury du Dimanche» sur Iradio, Pr Iba Der Thiam a fait savoir, concernant la sortie du porte-parole de Touba, que la partie consacrée à Mame Mor Anta Saly est écrite «avec suffisamment de précaution pour ne gêner personne». S’agissant des critiques, le coordonnateur du comité de rédaction de l’«Histoire générale du Sénégal» (Hgs) informe que le comité est disposé, «là où il y a des contestations, à rechercher les bases d’un accord conciliant».
Je ne veux pas engager de polémique avec Serigne Bass Abdou Khadre qui est une autorité religieuse à qui je porte un profond respect.» C’est la réponse du Pr Iba Der Thiam sur la sortie du porte-parole du khalife général des Mourides sur l’Histoire générale du Sénégal qui a demandé que les erreurs sur Serigne Touba soient rectifiées. Invité du «Jury du Dimanche», le Pr Thiam a tenu à préciser que les pages consacrées à «Mame Mor Anta Saly sont des pages de gloire, de succès, de sainteté et de responsabilité parce qu’il a été le père d’une des figures les plus marquantes de notre histoire».
Apportant des explications sur le malentendu à l’origine de la sortie du petit-fils de Serigne Touba, Iba Der Thiam renseigne que dans le livre, quand il parle de «la période pendant laquelle il (Mame Mor Anta Saly) était placé sous l’ordre d’un certain nombre d’autorités temporelles», c’est dit «avec suffisamment de précaution pour ne gêner personne». Revenant sur les propos objet des critiques, il précise : «Nous avons simplement dit le fait qu’il était cadi, s’occupant de tous les problèmes de la société quotidiennement et qu’il soit également obligé d’avoir son centre d’enseignement, le plaçait dans une situation où il ne pouvait pas consacrer tout son temps à l’enseignement». Une question qui, selon le Professeur agrégé, est simple à comprendre. D’après M.
Thiam, «ça ne veut pas dire que Mame Mor Anta Saly n’a pas le temps d’enseigner». Il ne s’agit aucunement, précise-t-il, d’un «jugement de valeur» ou de «caractérisation». Sur ce chapitre, le coordonnateur du comité de rédaction de l’Hgs informe qu’il s’est déplacé jusqu’à Touba pour aller les informer de leur «volonté de travailler sur la vie et l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba». A la question de savoir s’il a fait de même pour toutes les familles maraboutiques, M. Thiam déclare qu’il n’a pu le faire parce que n’ayant «pas le temps de le faire en même temps d’écrire l’Histoire générale du Sénégal».
Le comité est disposé, «là où il y a des contestations, à rechercher les bases d’un accord conciliant»
S’agissant des divergences, le Pr d’Histoire n’en doute pas. Pour Iba Der Thiam, leur «travail n’est pas parfait». Et le coordonnateur du comité de rédaction de l’Hgs d’expliquer : «Je ne suis pas moi-même quelqu’un qui est imbu de la science, Dieu seul sait tout. Il y a des choses que je sais et d’autres que je ne sais pas. Si nous avons été obligés de nous ouvrir aux traditionnalistes, c’est parce qu’eux aussi détiennent un savoir dans leurs terroirs respectifs…» Dans la même veine, il soutient que «l’histoire c’est par définition la discipline de la controverse». Avec des ouvrages à l’appui en Afrique et en France, M. Thiam montre que «ce n’est pas la première fois qu’il y a des polémiques sur une histoire quelle qu’elle soit». Toutefois, comme il l’avait déjà dit depuis le début des contestations, lui et son équipe sont disposés à recueillir les critiques.
Précisant par la même occasion qu’il y a des critiques justes et fondées et d’autres qui procèdent de malentendu dans l’interprétation des termes. Par conséquent, le comité de rédaction de l’Hgs est donc disposé, «là où il y a des contestations, à rechercher les bases d’un accord conciliant». Partant de cela, le Pr Iba Der Thiam estime qu’il n’y a pas de raison à renoncer à ce projet. Selon lui, «il doit se poursuivre parce qu’il intéresse le Sénégal» et «comble un vide».
Soulignant que «notre intelligentsia et notre jeunesse sont soumis à un matraquage, un formatage intellectuel, psychologique» qui les empêchent de retrouver leur propre conscience, de se décomplexer pour faire face à tous les défis, M. Thiam estime que ce projet doit se poursuivre. D’après lui, il faut donner à la jeunesse le moyen «de pouvoir, devant n’importe qui, se comporter avec dignité et d’avoir des références à opposer à ceux qui leur proposent leur propre vision».