AMADOU BA ENTRE LES FLEURS DE LA MAJORITÉ ET LE FEU DE L’OPPOSITION
Lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre, les députés de la majorité ont multiplié les félicitations et les remerciements, quant aux élus de l’opposition, ils ont craché du feu et critiqué sans ménagement la politique du régime
Lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre Amadou Bâ, les députés de la majorité ont multiplié les félicitations et les remerciements à l’endroit du chef du Gouvernement tout en sublimant la « vision » du président de la République. Quant aux élus de l’opposition, ils ont craché du feu sur Amadou Ba et critiqué sans ménagement la politique du régime en place.
Pour les députés de la majorité, les déclarations du Premier ministre sont en phase avec celles de ses ministres lors des plénières de la session budgétaire qui vient de s’achever. « Monsieur le PM merci de votre cohérence. Vous ne faites plus pour les populations mais vous faites avec les populations. Vous avez parlé des jeunes, des innovations, toutes mes félicitations pour ce brillant exposé de votre DPG. A travers votre discours et votre équipe composée essentiellement de jeunes, nous osons croire au Sénégal », a dit Moussa Diakhaté, le remplaçant de Pape Diop, l’ancien président de l’institution qui a rejoint Macky Sall à la veille de l’installation des députés de la 14ème législature. De son côté, le député Demba Diop a réclamé des budgets pour les inondations en faveur des communes urbaines mais aussi rurales qui sont elles aussi aussi confrontées à ce phénomène. « Il faut aussi penser aux daaras et au tourisme religieux. Les retombées du pétrole doivent être investis dans l’agriculture, la pêche et l’élevage », a préconisé le maire de Tivaouane. Les collègues députés de la mouvance présidentielle ont presque tous adressé des félicitations au nouveau Premier ministre Amadou Bâ, tout en rappelant les réalisations du président de la République mais aussi les points essentiels pris en compte dans la Déclaration de politique générale lue hier a l’assemblée nationale.
De leur côté, leurs collègues de l’opposition se sont évertués à remettre en cause les projets et critiquer le fonctionnement du gouvernement, à travers des aspects clé : la Justice, l’Education, la Sécurité, l’Economie et autres. « Monsieur le PM, vous êtes chargé d’exécuter les politiques publiques de l’Etat. Vous dites que vous avez un gouvernement de combat. Dans votre DPG, j’ai remarqué trop de littérature. Aucun communiqué venant du Gouvernement par rapport à ce qui s’est passé hier à Mbour. La question de la sécurité demeure primordiale. La santé, la jeunesse entre autres’’, a soutenu la député de YAW, Sokhna Bâ N°2. Quant à Barthélémy Dias, maire de Dakar et député de Yewwi Askan Wi, il est revenu sur la réaction du président de la République à propos de la création d’une association regroupant des maires et présidents de départements membres ou proches de l’opposition et dénommée REELS. Barth a demandé au PM de bien transmettre à son patron que les opposants ont créé une association des élus qui s’appelle le Reels dirigée par Ousmane Sonko. Il a chargé Amadou Ba de dire ce que l’Etat compte faire pour lutter contre l’impunité dans ce pays. Son collègue Abass Fall a déclaré que le chef du gouvernement a présenté aux députés un Sénégal de rêve, alors que les populations vivent dans un cauchemar.
Libertés d’expression, inondations, CFA, agonie, souffrance…
« Un Sénégal où la justice ne donne plus d’espoir. Un Sénégal où l’insécurité est galopante. Un Sénégal où nos maigres ressources sont volées et pillées. Monsieur le Premier ministre, notre Sénégal a une image balafrée. Les Sénégalais ne veulent plus de ce Sénégal », a lancé le responsable de Pastef à Dakar, Abass Fall. Samba Sang de la même coalition que lui, c’est-à-dire Yewwi Askan Wi, a estimé que le régime est champion en matière de dette publique. « Pire, avec cette dette publique, vous investissez dans les réalisations de TER, Stade en laissant de côté les priorités. Vous devez régulariser les dettes publiques. La question de la monnaie est une question centrale pour notre développement », a dit Dang. En tant que journaliste, Ahmed Aidara a évoqué la liberté d’expression qu’il considère comme bafouée au Sénégal. Concernant la question des inondations, il a noté que les 750 milliards engloutis dans les inondations n’ont rien changé jusqu’à présent, car les inondations persistent. « L’insécurité et la question des stades, notamment à Guédiawaye, vous devez en parler. Nous réclamons une équité territoriale. La baisse des prix est une illusion tout est cher », a déclaré le maire de la ville de Guédiawaye.
Une autre forte tête de l’Assemblée, Guy Marius Sagna, a évoqué le chômage, la pauvreté, la corruption…qui sont selon lui voilà les maux quotidiens des Sénégalais. Le CFA aussi, selon lui, ne bénéficie qu’aux extravertis. « Le Sénégal est à l’agonie. Sa jeunesse souffre du manque d’emplois. Nous n’attendons rien de votre PSE. En 2024, nous allons libérer le Sénégal », a lancé avec force le député de Ziguinchor. Pour l’élue Aicha Touré, la diaspora a tourné le dos au Président car nos compatriotes vivent dans des pays d’accueil auxquels ils voudraient que le Sénégal ressemble. «Nous, les députés de la diaspora, sommes exigeants. Aujourd’hui, le Sénégal souffre dans tous les domaines. Nous avons des problèmes d’obtention ou de renouvellement de documents administratifs », a-t-elle soutenu.
L’un des députés de Dakar, Babacar Mbengue, maire de Hann Bel-Air, a confirmé en soutenant que la production de documents comme la CNI c’est un réel problème. Il demande la restructuration des quartiers anciens comme Grand Médine et Yoff.
Pour Biram Souley Diop, président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, présenter une déclaration de politique générale après l’adoption de la loi de Finance paraît étonnant. « Sur la démocratie, les questions ouvertes sont nombreuses. C’est avec indignation que nous notons des reculs démocratiques. Les droits les plus élémentaires sont devenus difficiles dans ce pays. L’Etat du Sénégal est absent. Nommez sans délai un ministre non partisan chargé de gérer les élections. Nous, députés de Yewwi Askan Wi, avons décidé de déposer une motion de censure », a déclaré le député de Thiès.
Macky Sall écarté de la course, selon Aminata Touré
Du côté de Wallu Sénégal, c’est Mame Diarra Fam qui a pris la parole en premier pour dire que le PM a fait un bon exposé mais les Sénégalais ont besoin que soit relevé leur panier de la ménagère. Selon elle, les questions de l’équité territoriale et de l’emploi des jeunes doivent être visibles. Son collègue Bara Dolly a soutenu que le Sénégal souffre avec l’inflation et le chômage des jeunes. Mamadou Lamine Diallo a quant à lui soutenu qu’Amadou Bâ a forcé les portes de l’Assemblée nationale pour venir imposer aux députés sa déclaration de politique générale. « J’espère que vous aurez le courage de demander la confiance. Est-ce que vous pouvez dire aux Sénégalais que vous n’allez pas augmenter les prix de l’énergie’’, a interpelé Diallo. Son président de groupe parlementaire, Mamadou Lamine Thiam, s’est étonné de n’avoir pas entendu parler de la situation des libertés en évoquant l’arrestation du journaliste Pape Alé Niang.
L’ancienne Première ministre, Aminata Touré, a quant à elle évoqué la question du 3ème mandat qui lui tient assurément à coeur. « Je vous interpelle sur la question de la 3ème candidature de Macky Sall. Votre Plan d’action ne durera que 12 mois étant donné que Macky Sall est écarté de la course pour 2024. Nous devons respecter nos institutions c’est la base de notre cohésion sociale », a-t-elle lancé a l’endroit de celui qui a fait partie de son gouvernement entre 2012 et 2014. Et qui trône à sin ancienne place aujourd’hui.