AVEC LES EVENEMENTS DE MARS DERNIER, ON EST REVENU À LA CASE DÉPART
Il n’a jamais caché ses convictions que seule l’application des conclusions des Assises nationales peut mettre le Sénégal sur les rails. Abdoulaye Bathily l’a réitéré lors d’un panel consacré au centenaire d'Amadou Makhtar Mbow
Il n’a jamais caché ses convictions que seule l’application des conclusions des Assises nationales peut mettre le Sénégal sur les rails. Abdoulaye Bathily l’a réitéré lors d’un panel consacré au centenaire de Amadou Makhtar Mbow. Pour lui, avec les violentes manifestations sociopolitiques de mars dernier, notre pays est revenu à la case départ. Il annonce le «chaos» si on ne prend pas en compte les propositions des Assises nationales.
La non-application des conclusions des Assises nationales par le régime de Macky Sall a laissé un goût amer à bon nombre de ceux qui avaient participé à ce grand rendez-vous. Samedi encore, lors du panel consacré à l’engagement politique et citoyen de Amadou Makhtar Mbow, dans le cadre de la célébration de son centenaire, il a été beaucoup question de ces Assises et de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri).
Dans le compte rendu de ce panel fait par emedia.sn, Abdoulaye Bathily évoque l’actualité des violences de début mars. «Il y avait un esprit Assises nationales qui était né, et qui a insufflé pratiquement toutes les dynamiques politiques et sociales jusque dans les coins les plus reculés, au-delà des partis politiques. J’ai fait près de 60 ans de vie politique dans ce pays, mais je n’ai jamais vu un processus comme ça. Aucun parti, aucune organisation, n’en a produit de semblable. On parle d’émergence, de ceci, de cela, de beaucoup de programmes», a dit l’ancien Secrétaire général de la Ligue démocratique.
Bathily, qui «reli(t) toujours le document des Assises dans (sa) bibliothèque», constate qu’il y a un «déni». Il dit : «On a même dit que les Assises, ce n’est ni la Bible ni le Coran. Mais avec les événements de mars dernier, on peut dire qu’on est revenu à la case départ, ou même avant la case départ.» Acteur majeur de ces Assises nationales, il alerte : «On va vers l’inconnu, vers le chaos, si on n’engage pas le processus qui a conduit aux Assises nationales. Aujourd’hui, toutes les décisions sont prises par l’Exécutif. Par exemple, nous allons à des élections qui vont encore être des élections de contentieux alors que toutes ces questions ont été déjà réglées par les Assises.»
D’autres icônes de ces concertations nationales sous Wade, comme Pr Abdoulaye Dièye, Mamadou Lamine Loum, modérateur des débats, ou encore Pr Penda Mbow ont participé à ce panel. Pr Dièye regrette qu’on n’ait pas donné non plus «une suite favorable aux travaux de la Cnri» alors que Pr Penda Mbow estime qu’«on ne pourra pas aller vers ce renouveau sans passer par les conclusions des Assises nationales et la charte démocratique». Mamadou Lamine Loum a assuré que le projet de création d’un institut des Assises nationales suit son cours.