LA BANDE DES QUATRE, UN PROJET MORT-NÉ ?
L’alliance annoncée en grande pompe entre le PUR, Pastef, le PDS et Taxawu Sénégal peine à être une réalité. En cause, une suspicion mutuelle entre les différents acteurs couplée à des divergences sur la stratégie à adopter en perspective des locales
L’alliance politique formée par le PUR, Pastef, le PDS et Taxawu Sénégal annoncée en grande pompe par Serigne Moustapha Sy le jour de la Tamxarit peine à être une réalité. Depuis l’annonce tonitruante du marabout, rien de concret et aucun acte majeur n’ont été posés malgré la levée de boucliers qu’elle a provoquée. Une alliance qui d’ailleurs pourrait finir en eau de boudin car décriée par de larges franges de l’opposition qui ont dénoncé une discrimination dont elles feraient l’objet de la part de ce qu’elles appellent « la bande des quatre » en référence aux protagonistes de la révolution culturelle prolétarienne chinoise… On parle de saupoudrage.
La première grande rencontre, si ce n’est la réunion de lancement de cette grande coalition de l’opposition, était annoncée pour ce mercredi. Le Témoin est en mesure de vous dire qu’elle n’aura pas lieu puisque rien de concret n’a été posé par les différentes formations politiques présentées comme devant la constituer notamment le PUR, Pastef, le PDS et Taxawu Sénégal.
Les négociations entre elles buteraient sur la stratégie à adopter en direction des élections locales du fait que deux camps se dégagent. Le premier prône une alliance préalable entre les quatre avant une éventuelle ouverture aux autres forces de l’opposition. Une manière de truster les positions éligibles sur les listes avant d’ouvrir la porte aux autres. L’autre estime qu’il faut ouvrir la coalition à tout le monde « sans aucun esprit ségrégationniste » selon un de nos interlocuteurs responsable dans un des quatre partis.
Sans être catégorique, il estime qu’on retrouvait dans le premier camp, le PUR, PASTEF et Taxawu Sénégal. Les tenants les plus déterminés de ce camp restent Ousmane Sonko et Khalifa Sall. « Ousmane Sonko joue à un jeu perfide. Au niveau du PDS, les gens sont très remontés contre lui surtout qu’il a été à la base de la cassure des coalitions Jotna et M2D. Tout le monde sait que Serigne Moustapha Sy a été démarché par Ousmane Sonko qui est à la base toute cette manœuvre » souligne notre source. Une source libérale ajoute que « la coalition n’est pas encore créée même si on en parle partout. Les gens ne sont que dans la suspicion. Serigne Moustapha Sy reste un électron libre, il a lancé l’idée, mais la coalition n’existe pas encore. Cela dit, il y en a qui surfent sur cette affaire pour se faire un nom et jouer rapidement aux leaders de l’opposition notamment un Khalifa Sall qui est en train de faire beaucoup de démarches à l’endroit de beaucoup de gens. Pour que demain, quand la coalition sera mise en place, il puisse avoir des alliés, des gens qui lui sont redevables en disant que c’est lui qui les a amenés. Mais en réalité, il ne peut y avoir que deux approches. Soit que les quatre seuls lancent l’affaire et appellent ensuite les autres. Ou alors qu’on appelle tous les acteurs de l’opposition pour qu’ensemble on mette cette affaire sur pied. Sans pour autant qu’il y ait discrimination. Au départ c’est qu’on avait convenu, mais, en cours de route, chacun essaie de tirer de son côté ».
Le PDS pour une coalition ouverte à toute l’opposition
Dans l’autre camp, celui de l’ouverture à tout le monde, on retrouve le Parti démocratique sénégalais. Les Libéraux veulent tout simplement que la coalition s’ouvre à toute l’opposition sénégalaise. « Au niveau du PDS, lorsqu’il y a eu blocage, nous avions proposé qu’on ouvre l’affaire à tout le monde. Mais les autres ont refusé. Maintenant s’ils pensent que cette coalition leur appartient et qu’ils peuvent la faire sans le PDS, c’est autre chose et je ne pense pas qu’il y ait cette prétention. D’autres cadres politiques sont là, notamment le Congrès de Renaissance démocratique (CRD) qui regroupe entre autres Taxaw Tem (Bouba Diop), ACT (Abdoul Mbaye), Tekki (Mamadou Lamine Diallo), République des Valeurs (Thierno Alassane Sall), LD Debout (Pape Sarr), le Front de résistance nationale de Pape Diop, Malick Gakou, Diop Decroix, la coalition Jotna composé d’une vingtaine de partis politiques. Comment peut-on les exclure ou leur demander d’être à la remorque d’une alliance, c’est insensé ! » s’étonne notre source libérale.
Et de se demander « quelle est l’urgence par rapport aux locales ? L’urgence devrait être les inscriptions sur les listes électorales. Ce qui est derrière nous présentement. Après quoi, les partis politiques devraient avoir le temps nécessaire de repenser cette coalition de l’opposition et de l’installer dans les règles de l’art et d’une manière où chaque leader de l’opposition se retrouverait dans la démarche et dans la définition des modalités. Sinon ce serait ségrégationniste de vouloir choisir certains et d’en laisser d’autres ».
Un critique de l’espace politique conclut en raillant la coalition supposée des 4. « Cette coalition, c’est saupoudrage. Vous pensez que des hommes politiques aussi aguerris que Malick Gakou, Pape Diop, Mamadou Diop Decroix, Mamadou Lamine Diallo, Thierno Assane Sall, Abdoul Mbaye vont se laisser remorquer comme des moutons de Panurge par la coalition des 4 ? Soyons sérieux ! Khalifa Sall est en train de tout faire pour que cette coalition à quatre réussisse. Il est tout simplement manipulé par Barthélémy Dias. C’est du n’importe quoi !» s’exclame cette figure de l’opposition.