«'TOÑE NA ÑUMA'»
Aïda Ndiongue brise le silence
Aïda Ndiongue a brisé le silence, hier, 24 heures après le verdict de la Cour suprême dans l'affaire des produits phytosanitaires du Plan "Jaxaay" la condamnant à 1 an ferme et à payer 2 millions d’amende, avec à la clé la confiscation de tous ses biens. La responsable libérale a juré sur tous saints n'avoir pas commis les faits qui lui sont reprochés.
L'ancienne sénatrice du Parti démocratique sénégalais (Pds) est sortie de sa réserve, hier, à l'occasion d'une conférence de presse qu'elle a animée, en compagnie de ses avocats.
À l'en croire, ce qu'elle a vécu est de "l'injustice". "J'ai travaillé pendant 30 ans. J'ai d'abord commencé par enseigner jusqu’en 1983 avant de demander une disponibilité en 1985, et de l'obtenir en 1986. Et c'est en cette année que j'ai créé ma première entreprise sous le nom de ma sœur Adji Oulimata Ndiongue. L'année suivante, j'ai créé une autre entreprise du nom de 'Le Dialo Saly'", a déclaré Aïda Ndiongue, qui dit avoir signé son premier marché avec Cheikh Béthio Thioune, Secrétaire général de la commune de Dakar et Oumar Cissé, administrateur civil, sur des bons de commande.
La responsable libérale d'ajouter :
"Cela fait 30 ans que je suis dans le poudrage. J'avais le marché de désinfection de tous les bureaux de poste du pays, désherbage, désinfection, à la Sotrac. J'ai travaillé avec la Senelec de 1985 à 1995. Je n'ai jamais eu maille à partir avec la justice. On ne m'a jamais convoquée à la police, ni à la gendarmerie, encore moins mise en prison. Parce que je fais tout dans les normes".
Selon Aïda Ndiongue, ce qu'on lui a fait, on l'a jamais fait à une personne dans ce pays.
"Ce qu'on m'a fait, c'est inédit dans l'histoire politique pays, surtout pour une femme qui a perdu très tôt ses parents et qui gère sa famille. 'Lima dal, bu daloon goor, mu caalit', mais 'dama happy', parce que je savais, en âme et conscience, que je n'ai rien fait", a-t-elle indiqué.
"J'ai passé des nuits dans des aéroports et porté des marchandises sur mon dos" Avant de marteler : "Bilaahi, walaahi, talaahi', je n'ai rien fait pour qu'on m'emprisonne. J'ai livré tous les produits à temps. Peut-être que c'était mon destin. Mais, j'ai accompli tout le travail que je devais faire. Tous les travaux ont été exécutés. 'Luubaluma dara'".
Aïda Ndiongue n'a pas manqué de faire une précision de taille en disant qu'elle n'a pas été poursuivie pour l'affaire du marché de phytosanitaire mais pour blanchiment d'argent.
"À la gendarmerie, on me poursuivait pour blanchiment d'argent. Ils ont brandi des copies de chèques sur le projet de 'Jaxaay'", a révélé la responsable libérale des Hlm.
Avant de s'interroger : "Qu'est-ce que j'ai à voir avec la Crei ?".
"Je n'ai jamais été ministre dans un gouvernement ni administratrice de crédit. Je n'ai jamais été directrice de société nationale. J'ai été sénatrice en 1998, maire d'arrondissement et secrétaire élu au Sénat. Je n'ai pas géré de budget. S'ils ont la force de prendre mon argent, je laisse tout entre les mains de Dieu. Maintenant, ils veulent confisquer mon argent, mais qu'ils sachent que j'ai passé des nuits dans des aéroports, porté des marchandises sur mon dos. Tout ce que j'ai eu, je l'ai gagné à la sueur de mon front. Cet argent est le fruit d'un travail de 30 ans", a-t-elle souligné.
"Si Macky Sall, qui est un frère à moi, accepte qu'on m'humilie…"
À ceux qui pensent que son argent sert à financer des partis politiques, elle dira :
"Cet argent, ce n'est pas l'argent d'Aïda Ndiongue, c'est l'argent des entreprises. Si vous croyez que cet argent, c'est pour financer des partis politiques, détrompez-vous. Quand Wade créait son parti, j'étais dans le Parti socialiste. Cet argent que j'ai gagné à la sueur de mon front, s'ils le confisquent, 'du leen jik'".
"Je suis dans le Pds et Abdoulaye Wade est mon leader. Macky Sall est un frère, mais si Macky Sall, qui est un frère à moi, accepte qu'on m'humilie, je ne lui dirai pas de mal. Je ne défis pas un État, mais l'État doit savoir raison garder. 'Toñe na ñuma'. On m'a traînée dans la boue pour des raisons politiques. On a fermé mes comptes personnels, je n'ai même pas de quoi nourrir ma famille. On m'a taxée de tous les noms, mais je ne renierai jamais mes convictions politiques", a également martelé Aïda Ndiongue, qui recommande au régime de faire attention, soulignant : "La vie est une boule, et un jour, les choses vont tourner".
"Je veux qu'on me rétablisse dans mes droits"
Lançant un cri de détresse, l'ancienne sénatrice libérale d'asséner :
"Tous mes comptes sont bloqués. Ce qu'on m'a fait, on ne l'a jamais fait à une personne au Sénégal, surtout à une femme qui a perdu ses parents et qui se bat pour nourrir sa famille. Je veux qu'on me rétablisse dans mes droits. Cette injustice peut mettre le feu dans un pays. Ce que j'ai enduré en prison était dur, mais avec l'aide de Dieu, j'ai tout supporté. Si je n'avais pas le soutien de Cheikhou Tidiane, j'allais périr. Ce n'est pas parce que j'ai besoin de l'argent que je parle, mais c'est parce que j'ai vécu une injustice".
Revenant sur le marché des produits phytosanitaires, Aïda Ndiongue s'est voulue très clair :
"J'ai commencé à travailler avec ce ministère sous Salif Ba, bien avant l'arrivée d'Oumar Sarr. Le dossier pour lequel je suis emprisonnée n'est pas un dossier sur les produits phytosanitaires. Le doyen des juges m'a inculpée et placée sous contrôle judiciaire, la chambre d'accusation a plaidé en ma faveur. Et jusque-là, ce dossier n'a pas connu de fin".