BIEN PUBLIC ET DEUXIÈME MANDAT
Il devient gênant que le chef de l’Etat et ses émissaires passent leur temps à mettre la pression sur les chefs religieux pour leur arracher ce que, au sommet de l’Etat, on appelle un «Ordre exécutif»
Il faut croire que la recherche d’un second (et dernier ?) mandat est la seule perspective dans le viseur du pouvoir. Après le refus poli de Touba de donner suite à la requête franche du président de la république, c’est le ministre de l’Intérieur qui est revenu formuler la même demande en l’enrobant à d’autres considérations d’intérêt public. C’était lors de la cérémonie officielle du grand Magal de Touba.
Le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba étant un événement de portée locale et internationale, il devient gênant que le chef de l’Etat et ses émissaires passent leur temps à mettre la pression sur les chefs religieux pour leur arracher ce que, au sommet de l’Etat, on appelle un «Ordre exécutif». Si cela devait continuer, il ne serait pas surprenant que des réponses plus furieuses fussent servies aux prochains « envoyés spéciaux » du Palais.
Ce volontarisme décomplexé du chef de l’Etat serait-il un moyen pour le gouvernement de réclamer à la hiérarchie dirigeante de Touba (et aux autres confréries bénéficiaires de la politique de modernisation des foyers religieux) un retour d’ascenseur après la mise en œuvre de projets au profit de la capitale du mouridisme ?
La méthode est agaçante car, par ailleurs, elle présuppose que les moyens ayant permis de sortir de terre les infrastructures invoquées appartiendraient aux gouvernants. Et on en revient à l’instinct de patrimonialisation des biens publics qui anime si naturellement nos autorités en charge de nos destinées !