BOUGANE GUEYE, LA CRAINTE D'UNE TROISIÈME VOIE
Ce sont les oiseaux de même plumage qui volent ensemble, dit un proverbe Ivoirien - Un regard sur la tribune d’honneur de la conférence organisée par le président du mouvement Gueum Sa Bopp, Bougane Gueye Dany tendrait effectivement à le prouver
Après une longue série d’obstructions qui confinent à de la persécution de la part de l’état, le Président de D médias (qui comprend la Sen tv, la radio Zik Fm, le journal La Tribune et le site Actunet) a pu enfin planter sa tente sur le terrain de Khar Yalla, ce samedi 11 aout 2018. Un pis aller puisque le Grand Théâtre qui devait abriter la cérémonie lui a été refusé.
Une manifestation, point d’orgue d’une tournée de plusieurs mois à l’intérieur du pays ( 67 000 km parcourus selon Bougane Gueye Dany ) et qui n’aura pas été un long fleuve tranquille, car placée sous le sceau d’une obstination des autorités déconcentrées et parfois décentralisées à lui interdire l’accès aux salles et parfois même le plein air pour communier avec ses partisans.
Des interdictions en violation flagrante de la liberté d’expression et de manifestation, mais surtout symptomatiques d’un état de frilosité et de panique face à un homme en pleine ascension médiatique et dont on se demande si c’est un ami ou un ennemi. A l’issue de ladite conférence, le président Macky Sall ne doit pas être plus édifié, car Bougane Gueye Dany se la joue en clair obscur. Si vous voulez que je me présente à la prochaine élection, je vous exhorte à me trouver d’ici le 31 octobre prochain, au minimum 500 000 signatures a t-il lancé à ses partisans qui scandaient « Bougane président »
Tous les ingrédients d’une déclaration officielle de candidature étaient pourtant réunis :
La cérémonie constituait le clou de ses huit mois de tournée, la qualité des invités ( Cheikh Bamba Dieye, Malick Ndiaye, Ousmane Sonko…), l’importance de la logistique déployée, les pics à l’endroit du président Sall, et surtout son manifeste en 19 points, synthèse des préoccupations de Sénégalais recueillies et reflet de sa propre vision du Sénégal, dont pêle-mêle, la suppression du haut commissariat aux collectivités territoriales, réduction de la taille du gouvernement, élections des maires au suffrage universel direct, lutte contre la corruption. ..
Bref si ce n’était pas une déclaration de candidature, cela lui ressemblait
Une candidature qui presenterait l’arène politique sous un nouveau jour et qui sous certaines conditions, bouleverserait complètement les cartes de la présidentielle. Une perspective et une hypothèse qui n’ont pas échappé aux stratèges du palais de la république et de l’APR et qui expliquent leur l’acharnement à empêcher Bougane Gueye Dany d’organiser des meeting et de dérouler son programme.
Sur la forme, la jonction Bougane Gueye Dany, Ousmane Sonko, le juge Ibrahima Deme, le capitaine Mamadou Dieye, Cheikh Bamba Dieye…acheverait de créer une ligne Maginot entre d’un côté les politiciens professionnels qui ont fait de la politique leur gagne pain, et en qui les populations ne se retrouvent plus et cette nouvelle race d’hommes politiques issus de la société civile et champions dans leur domaine.
Sur le fond, elle ouvrirait une troisième voie pour des électeurs jusque-là condamnés à choisir entre un pouvoir et une opposition qui à force de jouer aux chaises musicales à coups de transhumance, ralliement, recyclage politique, brouillent les repères à s’ en retrouver schizophrène.
Un regard sur le profil des uns et des autres permet d’y voir plus clair sur ladite ligne de fracture
Nous avons d’un côté des hommes politiques que le pouvoir et ses délices aimantent, au point qu’ils n’hésitent pas à se dédire et pour qui les biens matériels priment sur toutes autres considérations. De l’autre de grands serviteurs de l’état, qui de par leurs études et leur formation, occupaient des fonctions dans la haute administration qui les mettaient à l’abris du besoin et qui prennent pourtant le risque de tout quitter pour être au diapason de valeurs et de principes dont ils se disent dépositaires.
- Ousmane Sonko : Inspecteur du trésor
- Ibrahima Deme :Magistrat
- Mamadou Dieye : Capitaine dans l’armée
- Thierno Alassane Sall : Ministre de l’énergie et des mines.
Un aréopage de citoyens qui se veulent des modèles et dans lequel Bougane Gueye a toute sa place. Je ne suis pas un politicien, mais un acteur de développement. Mon ambition est de travailler avec ceux qui croient en nous, dit-il à ses proches.
Bougane Dany est en effet un self made man, ancien journaliste et aujourd’hui à la tête d’un groupe de médias et qui reconnait volontiers être milliardaire. Il est surtout la dernière pièce d’un puzzle qui pourrait faire la différence lors des prochaines élections présidentielles. Il est en effet le ferment de tous ces hauts fonctionnaires qui rêvent de transformer le quotidien des Sénégalais. Il est détenteur de tout ce qui leur fait défaut, et sans quoi leur lutte, si noble soit elle, aura peu de chance de porter des fruits. :
Un cadre d’expression à la mesure des enjeux
Monsieur Dany est à la tête d’un empire médiatique (télévision, radio, journal, site d’informations), donc de quoi porter leurs messages aux coins les plus reculés du Sénégal et même à l’extérieur pour s’adresser à la diaspora. Sonko a certes une grande visibilité dans les réseaux sociaux, mais compte tenu du taux de pénétration de l’internet et de l’analphabétisme, cela ne lui confère pas un auditoire très important.
Les moyens financiers et logistiques
Une campagne électorale nécessite des moyens financiers et logistiques colossaux, aux antipodes de salaires fussent-ils de hauts fonctionnaires. Le soutien de Bougane pourrait donc s’avérer crucial.
L’adhésion des populations de la banlieue
La présidentielle risque de se gagner ou de se perdre dans la banlieue , notamment Parcelles Assainies, Pikine et Guediawaye. Bougane Gueye Dany qui est depuis longtemps dans le social, au point que l’immeuble qui abrite son entreprise est le point de convergence de beaucoup de nécessiteux a une capacité de mobilisation sans commune mesure avec celle de Sonko, Deme ou Alassane Sall.
D’autant qu’il y a des relais comme le journaliste Ahmet Aidara issu des mouvements associatifs et surtout connu pour l’aide qu’ il apporte à ceux qui sont dans un besoin urgent. Bougane est ainsi l’antidote au mal qui pourrait être fatal à l’opposition et qui ferait donc l’affaire de Macky Sall dans la banlieue : l’abstention. Toute la question est maintenant de savoir s’ils pourront éviter le syndrome de l’opposition (guerre de leadership et d’ego) qui a fait perdre tant de batailles dont la victoire était pourtant à portée de main.
Les dernières législatives à Dakar en est une parfaite illustration.