PARRAINAGES, LES LEÇONS DE 2019
Le dépôt des parrainages pour la présidentielle de 2024 démarre le 12 décembre. Un exercice délicat lors duquel de nombreux candidats avaient mordu la poussière en 2019. Retour sur ces cas qui illustrent les pièges à éviter
Le dépôt des parrainages des candidats déclarés va démarrer le 12 décembre prochain. Ce sera donc le premier tamis avant le dépôt des dossiers de candidatures. Que de subtilités, de détails et d’écueils pour franchir cette avant-dernière haie. En 2019, sur la centaine qui avait retiré leurs fiches à la Dge, moins de 30 avaient déposé leurs parrainages. Au moins 22 avaient été rejetés pour divers motifs. Pour cette élection de février 2024 aussi, il n’en restera que quelques-uns. Bés bi revisite les «cas pratiques» de la Présidentielle de 2019.
Le cas Gakou
Comme en 2019, il y a une phrase qui reviendra dans la décision du Conseil constitutionnel après la vérification par la commission de contrôle des parrainages : «(…) N’ayant obtenu ni le nombre minimal de parrainages d’électeurs du fichier électoral général, ni le nombre minimal de 2000 parrains par région dans sept au moins, il y a lieu de déclarer sa candidature irrecevable». Nombre du pléthore de candidats ayant retiré leurs fiches à la Direction générale des élections (Dge), plus de 260, seront éliminés par ce manquement. Une vingtaine avaient été mis à la touche pour ce motif et d’autres. El Hadj Malick Gakou, lui, avec sa «Grande coalition de l’Espoir (Gce/Suxxali Senegaal), avait déposé «un nombre de parrainages supérieur au maximum autorisé par la loi», même si le juge constitutionnel ne lui avait pas tenu rigueur. Mais après régularisation, il n’avait pu valider que 52 911 électeurs domiciliés sur le minimum de 53 457. Le leader du Grand parti a ainsi été recalé alors qu’il avait fait mieux que nombre de ses adversaires sur les régions. Comme quoi rien ne sert à courir toutes les régions, il faut faire le plein sur quelques-unes !
Guirassy et la discordance entre sa fiche électronique et le papier
Il y aura sans doute plusieurs cas comme celui qui avait frappé la candidature de Moustapha Guirassy. Ce dernier s’était retrouvé avec «des informations portées sur le format papier de la liste de parrainages» et qui «ne figuraient pas sur le fichier électronique». Cette «discordance entre les deux fichiers, ajoutée à la non-conformité du fichier électronique au modèle réglementaire, a(vait) rendu impossible le traitement du fichier électronique», selon le Conseil constitutionnel.
La mention «Personne non-inscrite sur le fichier électoral»
Il y a quelques subtilités, des détails à la limite, qui éliminent facilement un candidat. Le candidat Moustapha Mbacké Diop avait vécu cette amère expérience en 2019 en se retrouvant avec la carte dont la photocopie produite comporte la mention «Personne non-inscrite sur le fichier électoral». Les 7 «Sages» avaient alors décidé que cette mention ne pouvait «de ce fait tenir lieu de carte d’identité biométrique faisant office de carte d’électeur». Mais, ce n’était pas le seul souci pour ce candidat puisque que ses «trois classeurs» ne contenaient que 1182 parrainages sur plus de 53 000 requis.
Amsatou Sow Sidibé, la caution et le nom de sa mère
C’était l’un des faits insolites de cette liste de rejet de candidatures en 2019. Après vérification par le dispositif de parrainages, le Conseil constitutionnel s’est rendu compte que «les prénom et nom de la mère (Fatou Hane) figurant sur le certificat de nationalité ainsi que sur l’extrait n°3 du casier judiciaire d’Amsatou Sow Sidibé ne correspondent pas à ceux figurant sur l’acte d’état civil et sur la déclaration de candidature». Mais en plus, la candidate de Car Leneen a déposé un «fichier électronique comportant des anomalies rendant impossible son exploitation».
Mansour Sy Djamil et sa quittance sans attestation comme Sonko
Le cas Mansour Sy Djamil peut bien coller à l’actualité du dépôt de la caution de Ousmane Sonko, la semaine dernière, et le chèque que la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) a retourné à son mandataire. Le Dg de la Cdc a bien précisé la différence entre la quittance et l’attestation. En 2019, le Conseil constitutionnel avait fait remarquer que le candidat de Bés dou niakk n’avait pas «l’attestation du directeur général de la Caisse des dépôts et consignations confirmant le versement de la caution, la photocopie du chèque de banque jointe à la déclaration de candidature ne pouvant remplacer l’attestation qui fait défaut»
Mamadou Diop et l’expiration des délais
Cette fois-ci, il n’y aura pas de bousculade devant le Conseil constitutionnel puisque ce sera un tirage au sort pour le passage à la vérification du parrainage. C’est parce que justement, en 2019, Aminata Touré et Malick Gakou avaient failli en venir aux mains. Parmi les motifs de rejet, il y a aussi un cas pratique qui s’est posé en 2019. Il s’agit du candidat Mamadou Diop qui avait déposé son dossier «le 27 décembre 2018, à une heure dix minutes, donc, après l’expiration des délais légaux de dépôt». Voilà donc autant de «cas pratiques» pour les candidats à la Présidentielle de février 2024 qui vont commencer à déposer leurs parrainages à partir du 12 décembre.