CES SLOGANS VALENT-ILS LEUR PESANT D’OR ?
Il y a la «gouvernance sobre et vertueuse», «la patrie avant le parti», «accélérer la cadence» et maintenant «fast-Track» - Il est nécessaire de se demander si, jusqu’ici, ces expressions ont produit les résultats escomptés
Depuis la formation du gouvernement le 7 avril dernier, le mot «fast Track» est en vogue. Pour être à la page, les ministres, les députés, les directeurs généraux de société, bref tous les segments du régime l’emploient à hue et à dia dans chacune de leurs sorties. Mais au-delà de ce concept en apparence séduisant, il faut dire que les slogans mobilisateurs ont foisonné sous l’ère Macky Sall. Il y a la «gouvernance sobre et vertueuse», «La patrie avant le parti», «Accélérer la cadence» et maintenant «fast-Track». Il est nécessaire de se demander si, jusqu’ici, ces expressions ont produit les résultats escomptés.
Le slogan a pour fonction principale de rassembler. C'est un cri de ralliement pour les troupes. Et dans l’histoire politique des nations, certains sont restés célèbres. On se souvient de «Yes we can» de Barack Obama en 2008, de «Force tranquille» de François Mitterrand en 1981. Le slogan «La volonté du peuple fait germer la graine» a caractérisé la période du Grand Bond en Avant (1958- 1959). «Montagnes, nous voulons votre tête, n’osez pas résister !Rivières, laissez-nous passer et n’osez pas vous y opposer !», ce sont là les propos mobilisateurs trouvés par le Président Mao Tsé Dong. C’était sans doute une excellente manière pour le grand Timonier d’encourager son peuple et d’accroître sa confiance dans les réformes. Au Sénégal, c’est cette impulsion que le Président Macky Sall a voulu donner à sa mandature depuis 2012 en lançant des concepts chocs. Dès son arrivée au pouvoir, l’actuel chef de l’Etat a promis de grandes ruptures sur le plan de la gouvernance en privilégiant une «gestion sobre et vertueuse» et en mettant «la patrie avant le parti». Mais, à l’épreuve du pouvoir, force est de constater que ces slogans sont en déphasage avec la réalité des faits. Candidat en 2012, Macky Sall avait promis un Gouvernement de25ministres.Pourtant, une quarantaine de personnes siégeaient en Conseil des ministres. Alors qu’il s’était engagé à réduire son mandat de deux ans et faire un quinquennat, il a dirigé le pays pendant sept bonnes années.
La gestion de certains dignitaires du régime a été épinglée par les corps de contrôle de l’Etat (Ige, Cour des Comptes, Ofnac, Armp). Des responsables de l’Apr, jadis fauchés comme des rats d’église, se sont mués en distributeurs automatiques de billets de banque (Gab), des pratiques qui tranchent nettement d’avec les faits d’une gouvernance sobre et vertueuse. Pourtant, ils n’ont pas été inquiétés. Au contraire, certains d’entre eux ont été promus à de hautes fonctions étatiques.