DAKAR À LA MERCI DES BLEUS
Les prétendants classiques à la conquête de la capitale sénégalaise, Khalifa Ababacar Sall et autre Amadou Bâ, plombés par leur «disgrâce» politique, le terrain se révèle propice pour des candidats de substitution
Alors qu’un mystère total entoure toujours la date de tenue des locales, les prochaines élections municipales et départementales s’annoncent comme celles de toutes les incertitudes à Dakar. Les prétendants classiques à la conquête de la capitale sénégalaise, Khalifa Ababacar Sall et autre Amadou Bâ, plombés par leur «disgrâce» politique, le terrain se révèle propice pour des candidats de substitution, tous des bleus, à l’instar de Abdoulaye Diouf Sarr et autre Barthélémy Dias, qui montrent de plus en plus le bout du nez.
Les prochaines élections municipales et départementales semblent parties pour battre le record de toutes les singularités. En effet, alors qu’elles détiennent un triste record en termes de report et de prolongation du mandat des élus, ces élections dont la date d’organisation continue d’être entourée par le flou général, après quatre reports successifs déjà actés par le gouvernement, s’annoncent également comme celles de toutes les incertitudes aussi bien pour le camp du pouvoir que celui de l’opposition dans certaines localités, notamment la capitale dakaroise.
Conduits respectivement par Mme Aminata Touré, alors Premier ministre, et Khalifa Ababacar Sall, alors candidat de la coalition Taxawu Dakar à sa propre succession à l’hôtel de ville de Dakar lors des dernières élections locales de 2014, les deux camps ne pourront plus compter sur ces deux personnalités lors des prochaines élections dans la bataille de la capitale. Et pour cause, l’ancienne cheffe de gouvernement, Mimi Touré, étant contrainte suite à sa défaite face à Khalifa Sall, à l’exil vers la capitale du Bassin arachidier (ville de Kaolack) n’est plus tête de file de la majorité dans la capitale. DE plus, elle est aujourd’hui en disgrâce par rapport à son chef de parti, en l’occurrence le Président Macky Sall, qui l’a défenestrée du Conseil économique, social et environnemental au profit d’idrissa Seck de Rewmi.
De l’autre côté, l’opposition notamment la coalition Taxawu Dakar qui avait remporté les 16 communes sur les 19 que compte la capitale lors de ces locales de 2014 grâce à son leader historique, Khalifa Ababacar Sall, devra également apprendre à aborder ces élections sans son leader frappé par une éligibilité suite à sa condamnation dans l’affaire dite de la caisse d’avance de la ville de Dakar. A moins de bénéficier d’une amnistie avant les locales. Ce qui serait une véritable bombe dans le sérail politique, compte tenu de l’importance électorale stratégique de Dakar. Il faut donc dire que ces deux camps, pouvoir et opposition label Khalifa Sall, devront se contenter de candidats de substitution lors des prochaines élections. Et si dans le camp de l’ancien maire de Dakar, c’est le nom de son compagnon dans le Parti socialiste et maire de la commune de Mermoz Sacré-Cœur, Barthélémy Dias, qui est très souvent agité comme potentiel candidat de substitution de Khalifa Sall, la confirmation de ce choix pourrait fragiliser davantage Taxawu Dakar qui a enregistré plusieurs départs parmi ses élus locaux.
Quoique Barthélémy Dias soit la personne la plus placée pour briguer ce challenge, sous la coupole de Khalifa Sall. Du côté du pouvoir, un danger presque similaire guette également la cohésion de la majorité présidentielle à cause de la rivalité qu’entretiennent pour Dakar l’actuel ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, par ailleurs maire de la commune de Yoff, et l’ancien tout-puissant ministre de l’Economie et des finances, Amadou Ba par ailleurs coordonnateur de la coalition Benno Bokk Yaakaar et tête de liste de la majorité à Dakar, lors des dernières législatives. D’ailleurs, lors de la dernière Assemblée générale des responsables de la majorité présidentielle à Dakar le weekend dernier, Amadou Ba a brillé par son absence à cette rencontre qui a réuni plusieurs responsables du parti au pouvoir aux côtés des alliés.
Cependant, quoique Amadou Bâ ait aussi perdu un peu de sa superbe auprès du maitre du jeu, en l’occurrence Macly Sall, qui l’a limogé au dernier remaniement de son poste de grand argentier de l’Etat, la realpolitik n’écarte le retour en grâce de ce mastodonte qui a su faire perdre à l’opposition une bataille électorale à Dakar, et cela depuis 2009. Entretemps, les paris restent ouverts pour le futur maître de Dakar dont le nom n’est pas encore gravé en lettres d’or dans la tête des Dakarois.