DATE DE PEREMPTION OBJECTIVE
Entre le président de Taxawu Senegaal, Khalifa Sall et le président du parti Pastef, Ousmane Sonko, il ne reste que visiblement les convenances. Leurs sorties récentes montrent clairement qu'ils n'ont plus les mêmes rêves

Entre le président de Taxawu Senegaal, Khalifa Sall et le président du parti Pastef, Ousmane Sonko, il ne reste que visiblement les convenances. Leur alliance est arrivée sans aucune limite objective. L'ex maire de la capitale a annoncé presque sans surprise sa présence au dialogue tandis que les propos d'Ousmane Sonko laissent entrevoir une déclinaison véhémente.
Ils étaient jusque-là les deux figures de proue de la coalition Yewwi Askan Wi qui a fait trembler le régime lors des deux dernières élections locales et législatives. Et peu ou prou, ils ont essayé de donner tous les gages de la solidité de cette coalition de l'opposition. Mais l'appel au dialogue du président de la République Macky Sall est en passe d'ébranler les certitudes de YAW, surtout pour les deux plus grands challengers du chef de l'Etat ces dernières années, Khalifa Sall et Ousmane Sonko. Leurs sorties récentes montrent clairement qu'ils n'ont plus les mêmes rêves.
Évidemment les chartes de Yewwi Askan Wi étaient claires d'avance par rapport à l'élection présidentielle. Les leaders de l'opposition qui composent cette alliance devaient aller ensemble pour faire vaciller le régime pour les élections locales et législatives. Et pour 2024, chaque prétendant à la magistrature suprême pouvait déclarer sa candidature et aller à la poursuite des voix des Sénégalais. L'amnistie de l'ex-premier magistrat de la capitale sénégalaise était aussi une exigence de la coalition YAW. Mais le président de la République Macky Sall, lors de sa récente sortie à l'occasion de la fête de Korité, a fait savoir en filigrane qu'une réponse positive des concernés à son appel au dialogue est une condition préalable. Le président de Taxawu Senegaal, manifestement mal à l'aise, a essayé de manière diplomatique de consulter sa base politique qui a répondu favorablement. N'ayant pas le choix puisque l'étau se resserre sur lui à quelques mois des élections, il se dit prêt à répondre au dialogue en brandissant d'autres raisons beaucoup plus ''digestes'' naturellement. Tout en sachant que ce dialogue sera l'antichambre peut-être de sa participation à l'élection présidentielle de 2024.
Le président du Pastef, quant à lui aussi, n'a plus le choix. Il est obligé d'être en cohérence avec une certaine logique politique qui a fait son ascension jusque-là. Malgré ses déboires judiciaires qui n'ont pas encore connu leur épilogue, et la tentative présumée de l'État de le pousser à la table des négociations, le leader du Pastef compte suivre la ''voix du peuple''.
En effet, le maire de Ziguinchor est persuadé qu'à quelques mois des élections, sa seule voie de salut reste la jeunesse et son discours de changement. La rançon de sa participation au dialogue pourrait signifier la fin de ses déboires judiciaires éventuellement. Mais le maire de Ziguinchor pourrait perdre la substance de sa notoriété que constituent cette partie de la jeunesse et la diaspora avides de changement.
L'ENIGME BARTHELEMY DIAS ?
Certains pragmatiques diront qu'Ousmane Sonko doit répondre au dialogue. La situation politico-sociale délétère commanderait même sa participation. Toutefois l'ex inspecteur des impôts ne veut manifestement pas prendre le risque de froisser ses jeunes souteneurs à l'engagement parfois fragile et exigeant. C'est un dilemme cornélien pour lui, il en est conscient bien évidemment mais Ousmane Sonko, à la lumière de sa dernière sortie, veut garder sa connexion avec les jeunes intacte. Il refuse toute compromission par le truchement du dialogue, pour l'instant. Ainsi, entre lui et Khalifa Sall, le divorce politique ne peut être acté malgré la sollicitude que chacun montre à l'égard de l'autre. Et dans cette nouvelle conjoncture, l'autre grande équation reste le maire de la capitale, Barthélemy Dias. Soutien assumé de Khalifa Sall, Diaz-fils a eu à prendre des positions très radicales à l'encontre de Macky Sall. Est-ce qu'il va accepter de suivre le leader de Taxawou Senegaal au dialogue ? Va-t-il continuer à rester dans l'aile dure ? Autant de questions qui ne sont pas encore tranchées. D'autant plus que l'édile de la capitale est très silencieux politiquement ces temps-ci.
UNE ALLIANCE RADICALE SONKO-MIMI TOURE ?
Au cas échéant où il suit Khalifa Sall, quelle devrait être la nature de ses rapports politiques avec Ousmane Sonko ? Par ailleurs, avec les nouveaux bouleversements politiques, force est de dire qu’on va vers une reconfiguration politique où une alliance Sonko-Mimi Touré pour constituer la nouvelle aile dure de l'opposition n'est pas à exclure. L'ancienne Première ministre se positionne de jour en jour comme un pourfendeur du régime qu'elle a servi jusqu'à récemment. Elle a tiré à boulets rouges sur le dialogue qui est pour elle un ''deal'' entre Macky Sall et le PDS. Les deux camps restent circonspects mais s'écartent d'un rapprochement entre Sonko et Mimi Touré.