DIONNE POURFEND L’OPPOSITION
Mahammad Boun Abdallah Dionne est-il un Premier ministre officieux ? La question mérite d’être posée au vu de la posture adoptée par le secrétaire général de la présidence ce week-end lors du Forum organisé par le Cercle de Réflexion Républicaine
Mahammad Boun Abdallah Dionne est-il un Premier ministre officieux ? La question mérite d’être posée au vu de la posture adoptée par le secrétaire général de la présidence de la République ce week-end lors du Forum organisé par le Cercle de Réflexion Républicaine sur le thème « Macky Sall : Parcours, Vision et Réalisations »…
Pour imprimer un mieux d’Etat et rapprocher l’administration des administrés mais également « accélérer les réformes pour qu’elles aient plus d’impact, uniquement pour le bonheur du peuple sénégalais », le chef de l’Etat avait décidé en avril dernier de supprimer le poste de Premier ministre et de nommer le dernier titulaire en date du poste à ses côtés comme Secrétaire général de la présidence de la République. Mahammad Boun Abdallah Dionne, après avoir vu ses pouvoirs diminués, devait ainsi travailler au côté de celui qui a rogné ses ailes, le président de la République Macky Sall. Malheureusement, le désormais troisième Premier ministre de Macky Sall était tombé quelques jours après avoir été limogé de sa « station » de chef du gouvernement. Une maladie qui l’a cloué dans les lits d’hôpitaux français pendant plus de deux mois poussant même certains à annoncer sa mort. Une information aussitôt véhiculée, aussitôt démentie.
Dionne, le « Premier ministre »
Revenu de France le mois dernier, après son long séjour médical de plus de deux mois dans l’Hexagone, l’ancien Premier ministre du président Macky Sal avait fait sa première apparition publique lors de la levée du corps de l’ancien directeur général de la Fao, Jacques Diouf, qui s’était tenue le vendredi 23 août 2019 à l’hôpital Principal de Dakar. Ce jour-là, l’ex-Pm, vêtu d’un boubou traditionnel blanc, n’avait pas ouvert la bouche pour témoigner sur le défunt Jacques Diouf durant toute la cérémonie, encore moins se prononcer sur l’actualité nationale. Les semaines qui ont suivi, l’ex-Pm s’était plongé sur les nombreux dossiers qui l’attendaient d’autant qu’en son absence une guerre avait éclaté entre son prédécesseur au poste de secrétaire général de la présidence de la République, Maxime Jean-Simon Ndiaye, et son propre adjoint, le ministre-conseiller Oumar Samba Ba…
Après cette mise en retrait volontaire, Mahammad Dionne a de nouveau fait une apparition samedi dernier, c’est-à-dire le 05 octobre… dans la peau d’un Premier ministre ! C’était lors du forum organisé par le Cercle de Réflexion Républicaine sur le thème « Macky Sall : Parcours, Vision et Réalisations ». Comme s’il avait senti un vide durant son absence ou depuis la suppression de « son » poste de Premier ministre, Dionne s’est de nouveau mis dans les habits de chef du gouvernement — ou de directeur de campagne ! — pour parler des grands projets du chef de l’Etat notamment du Ter. Ce, en montrant les crocs, et en invitant les uns et les autres à « bannir cette culture du misérabilisme ». « Il y a beaucoup de polémiques sur le train. Mais pourtant le Ter, son coût a été optimisé. On a fait un appel d’offres international. 22 sociétés ont soumissionné et on a pris la meilleure offre. Je pense qu’il est arrivé un moment où les gens doivent être fiers de ce qui est fait dans ce pays, ce train appartient au peuple pas au chef de l’Etat, pas au Gouvernement. Soyons patients, en fin d’année, le Ter va être opérationnel, et ceux qui vont le prendre seront fiers du président de la République. Hélas, dans ce pays, quand les pluies sont en retard on dit que c’est le Président, quand on a un excès d’eau même chose. Mais comme disait Macky Sall, une fois lors d’un conseil des ministres, « So takhawé niouné nga toog, nga toog gnouné nga dionkone ». Il faut que l’on arrête cette culture du misérabilisme, cette culture du nihilisme. Ce bilan existe ! », s’est exclamé l’officieux Premier ministre. Mahammad Boun Abdallah Dionne ne s’en est pas arrêté là. Celui qui a sans doute la nostalgie du poste de Premier ministre a aussi conseillé à son auditoire de prendre exemple sur les citoyens des pays asiatiques, c’est-à-dire d’être fiers de notre nation. Parce qu’il y a lieu d’être fier du Sénégal de Macky Sall ? « Le pays va se transformer grâce à l’industrialisation », a ajouté Dionne avant de dire qu’il faut faire confiance au Président et de réaffirmer que les projets sont toujours en cours. Et de citer le « Pse Jeunes » en place pour accompagner les jeunes, les former et leur donner des jeunes. Rappelant que 45% des jeunes n’avaient reçu aucune formation, le Pm rétrogradé en secrétaire général de l a présidence de la République informe que le Président à un projet de construction d’un centre équipé dans chaque département, pour développer les capacités. M. Dionne incite aussi les jeunes à se former en informatique et en technologies, car ce sont des métiers d’avenir.
« Personne dans l’opposition n’a un projet alternatif au Pse »
Le secrétaire général de la présidence de la République, encore une fois dans la peau d’un Premier ministre qu’il n’est plus, est aussi revenu sur la polémique qui avait entouré sa sortie relative au score du Président sortant pour la présidentielle du 24 février dernier. « Je n’ai jamais eu de doute que le président Macky Sall serait réélu au 1er tour. Je pensais même que le score qu’il aurait serait supérieur à celui qu’il a finalement eu. On m’a attaqué dur ici parce que j’avais dit qu’il devrait avoir un minimum de 57 %. Certes, c’était à la veille des élections. Dieu nous a donné raison, il a eu plus que ça. Mais moi je pensais qu’il allait faire davantage » a encore soutenu Mahammad Boun Abdallah Dionne. L’officieux Pm a profité de l’occasion du forum de samedi dernier pour se livrer de nouveau à un de ses exercices favoris, à savoir lancer des pierres dans le jardin de l’opposition. « Une nation a besoin de stabilité. Et qui incarne mieux que le président Macky Sall, dans la classe politique actuelle, une stabilité de notre nation? Je n’en vois pas. Qui incarne un projet politique horizon 2035 en une génération dans la classe politique, qui porte une alternative au Pse à long terme ? Si vous connaissez un nom dites le moi ? La critique est aisée mais l’art est difficile », a martelé Mahammad Dionne en conclusion. On aimerait bien l’entendre répéter tout cela en 2024, juste après la présidentielle de cette année-là…