DISSIPEZ LES DOUTES, MESSIEURS LES JUGES
EXCLUSIF SENEPLUS - La Justice est-elle manipulée ? Ce jour, 20 décembre 2018, elle pourra recouvrer sa noblesse ou, à jamais, inspirer de la répugnance à toutes les âmes justes - A y voir de plus près, ce sont les juges qu’on appelle à la barre
Il est devenu clair que le régime actuel, soutenu par des juges sur lesquels pèsent de graves soupçons de connivence, s’acharne contre Khalifa Ababcar Sall ; une persévérance dans l’infamie qui n’a qu’une obscure finalité que les moins avisés d’entre nous connaissent. Macky Sall ne veut pas que le député-maire soit candidat à l’élection présidentielle de 2019. C’est manifeste.
Nous le disions, ici, l’absence de ce dernier à ce rendez-vous électoral ne serait pas l’échec d’un homme et de son entourage. Ce serait une faillite collective. Pis, la confirmation que notre justice est manipulée. Ce jour, 20 décembre 2018, elle pourra recouvrer sa noblesse ou, à jamais, inspirer de la répugnance à toutes les âmes justes. A y voir de plus près, ce sont les juges qu’on appelle à la barre. On attend d’eux qu’ils se rebiffent non pas pour contenter untel ou un autre mais pour nous donner à apprécier une image moins hideuse, plus conforme à leur mission.
En effet, une formidable occasion s’offre à la Cour suprême de mettre fin à ces facéties qui écornent l’image du Sénégal. Elle examinera le jugement rendu en appel du point de vue du droit et du respect des règles de procédures, de la loi. Il s’agira surtout, comme l’a indiqué, hier, Barthélémy Dias, patriote sincère, « de rendre justice et non de rendre service ».
Dans ces mêmes colonnes, nous disions nous-mêmes au juge Demba Kandji, premier président de la Cour d’appel, à la veille de la délibération sur la demande de libération immédiate alors déposée par les conseils de Khalifa Sall, que : « les doutes sur la justice sont légitimes. Encore plus les interrogations des Sénégalais. Pour les gratifications éphémères de sa majesté et sa fringale de pouvoir, ne vous couvrez pas d’ignominie Messieurs les gens de la justice. Accédez à la lucidité. Ne vous privez pas de votre humanité ». L’empressement observé dans ce dossier est douteux mais nous osons espérer que les juges mesureront le poids de leur responsabilité historique. Le Sénégal, dont la trajectoire politique lui a valu les meilleurs éloges, ne devrait pas être la risée de ceux qui enviaient sa mémoire démocratique.
Il serait dramatique pour notre pays que la justice soit un symbole d’abus et de profanation de notre énoncé social par la seule volonté de Macky Sall, de son aveuglement et de sa boulimie de puissance. Ne soyez pas complices de telles turpitudes.
Messieurs les juges, embrassez l’éternité en refusant de vous soumettre à l’arbitraire. Soyez au dessus de la mêlée si vous voulez être justes. Pensez à vos devanciers et aux éloges et griefs qui les ont escortés au crépuscule de leurs existences terrestres. Mesurez les implications de votre décision. Il ne s’agira pas de combler Khalifa Ababacar Sall de faveur. Faites juste preuve de probité.
N’avez-vous pas remarqué que durant tout le temps qu’a duré le procès de Khalifa Sall, il a plus été question de remarques sur la justice que d’accusations portées contre le « maire » de Dakar ? La confiance du peuple est ébranlée. Il faut la rétablir. Profitez de cette aubaine pour lancer le processus de réconciliation avec les Sénégalais. Car, de toute évidence, même si la décision de la Cour suprême n’est pas favorable au candidat Khalifa Sall, elle ne l’écarterait pas de la présidentielle. Il explorerait alors, dans ce cas de figure, une autre possibilité de recours, le rabat.
Le professeur de droit, Ndiack Fall, nous en a donné une explication scientifique assez simple et pertinente dans une interview parue dans le quotidien « Les Echos ». Il en ressort ceci : Khalifa Sall, quelle qu’en soit la fortune, à l’issue de cette procédure, peut être candidat. « A supposer que la décision soit défavorable à monsieur Khalifa Sall, il faudra la lui notifier dans un délai d’un mois. Si donc la décision est rendue le même jour, c’est-à-dire le 20 décembre, il faudra attendre un mois pour la notification, donc le 20 janvier. A partir du 20 janvier, les parties intéressées peuvent introduire leur recours. Normalement, d’ici le 20 janvier, il m’étonnerait qu’il puisse y avoir une décision irréversible. En matière pénale, le pourvoi en cassation revêt un caractère suspensif. Cela veut dire que même si la personne est condamnée, la décision n’est pas opérationnelle.
Dans son extrait de casier judiciaire, ne figurera nullement la décision de condamnation tant qu’elle n’est pas définitive. Khalifa Sall est électeur et éligible. Il peut voter et il peut être élu ». Tout est dit…s’il ne s’agit bien sûr que de droit. Prions pour que la décision des juges soit empreinte de sagesse pour nous éviter de tomber dans un immense abîme. Dissipez nos doutes sur la justice de notre pays. Il est, en effet, plus question de vous que de Khalifa Sall. Il est là notre drame.
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