«ENTRE LE FOOT ET LA GÉOPOLITIQUE, MACKY SALL MONTRE UN VRAI LEADERSHIP…»
Les premiers actes posés par le président Macky Sall à la tête de l’Union africaine rassurent. Ils rassurent Moussa Sow, enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger de St-Louis

Les premiers actes posés par le président Macky Sall à la tête de l’Union africaine rassurent. Ils rassurent le Dr Moussa Sow, enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger de St-Louis. Ce cadre membre de la Convergence des cadres républicains se félicite aussi de la victoire du Sénégal à la Can qui est « l’aboutissement d’une volonté politique soutenue par un investissement important dans les infrastructures sportives pour répondre aux besoins d’une jeunesse en attente de victoire depuis des années ». Le nom du nouveau stade donné au président Abdoulaye Wade participe « d’une longue liste de reconnaissance des illustres fils du Sénégal depuis son avènement à la tête de la magistrature suprême du pays » déroulée par le président Macky Sall. L’universitaire est d’avis qu’avec le leadership du Président Macky Sall, l’Union africaine sera à même de trouver des solutions aux nombreux problèmes du continent. Entretien.
M. le Professeur, quelle lecture faites-vous des premiers actes posés par le président Macky Sall en tant que président de l’Union Afrique ?
Moussa SOW - Macky Sall prend la tête de l’Union Africaine à une période charnière marquée par des évènements géopolitiques forts du Sénégal et du continent qui méritent une analyse lucide et des décisions politiques intelligentes pour rendre notre pays et l’Afrique plus forts et plus écoutés sur le plan international. La présidence de l’UA vient avec plusieurs points chauds sur le continent, en commençant par une instabilité politique dans les pays voisins. C’est le cas de la Guinée Conakry et du Mali, des voisins immédiats du Sénégal qui, quand ils s’enrhument, le Sénégal prend froid. Au niveau national, le Sénégal se distingue par un sacre continental avec la victoire des « Lions » de la téranga lors de la dernière coupe d’Afrique des nations de football générant un nouvel élan de patriotisme, de fierté et de concorde. Cet exploit inédit de l’équipe nationale de football est l’aboutissement d’une volonté politique soutenue par un investissement important dans les infrastructures sportives pour répondre aux besoins d’une jeunesse en attente de victoire depuis des années. Pour asseoir durablement les conditions des succès futurs, il inaugure le 22 février un stade multifonctionnel de dernière génération.
Justement, comment analysez-vous sa décision de donner le nom du président Abdoulaye Wade au nouveau stade ?
En donnant le nom de Me Abdoulaye Wade à ce stade ultra moderne, le président Macky Sall vient, d’une part, compléter une longue liste de reconnaissance des illustres fils du Sénégal depuis son avènement à la tête de la magistrature suprême du pays, par devoir de mémoire pour les générations futures. Ce de Mamadou Dia à Doudou Ndiaye Coumba Rose. D’autres part, par ce même geste symbolique, le président Macky Sall montre la voie du dialogue avec toute la classe politique qui doit se retrouver autour des succès dans les temps de la marche de notre pays. Le leadership que les évènements sportifs de ce mois de février ont mis en lumière explique également sa volonté de bâtir des ponts avec des pays forts de l’Afrique. D’où la présence à l’inauguration du Stade Me Abdoulaye Wade, de Paul Kagamé, président du Rwanda, l’autre pays avec le Sénégal qui doit produire des vaccins pour le continent. Des liens qui insufflent une nouvelle dynamique de collaboration entre chefs d’Etat africains pour changer les paradigmes géopolitiques, apporter des projets majeurs et répondre aux besoins d’emplois du continent extrêmement jeune. Le sport étant un levier diplomatique et culturel par excellence, le Président Sall l’a compris en invitant des pays voisins pour assister à un spectacle grandiose mais également discuter certainement des questions du Sahel, de paix et de sécurité qui occupent une bonne place dans son agenda à la tête de l’Union africaine. En construisant les ponts de Farafegné et celui de Rosso, pour une libre circulation des personnes et des biens, Macky Sall a compris très tôt la nécessité d’œuvrer pour une Union africaine des peuples, dont la facilitation de leur circulation est un préalable. Ces belles performances nationales et continentales, que nous magnifions à juste titre, cachent beaucoup de défis qui doivent attirer l’attention de tous les dirigeants africains.
Quels sont ces défis dont vous parlez ?
La crise sécuritaire malienne, qui dure plusieurs années, prend une nouvelle dimension avec une instabilité politique marquée par des coups d’Etat qui se succèdent et des sanctions économiques de la CEDEAO qui ont des conséquences multiples sur les populations aussi bien maliennes que des pays riverains. De tous les pays de la CEDEAO, c’est le Sénégal, premier client du Mali, qui en souffre le plus. En particulier en termes de pertes d’escales pour le Port de Dakar qui détient plus de 65 % des parts du transit malien. En conséquence de quoi, le Port de Nouakchott profite de ce blocus économique pour faire une opération de charme aux autorités maliennes afin de grignoter des parts de marché au Sénégal. Le plus tôt ce blocus sera levé, le mieux sera pour les Maliens comme pour les Sénégalais. Le dialogue avec la junte est une nécessité et impliquer l’Algérie est une option à étudier pour mutualiser les efforts de sécurisation de ce vaste Sahel. Les chefs d’Etat qui ont mis en place le G5 en voulant écartant le Sénégal ne sont plus au pouvoir, laissant un organe militaire en panne de leadership. Cette institution a aussi besoin du leadership de Macky Sall pour recalibrer ses orientations et objectifs. La crise du Liptako Gourma est une réelle menace pour l’Afrique, et une solution durable doit être trouvée pour le retour des populations déplacées et un retour à l’agriculture pour assurer la sécurité alimentaire et rétablir la paix dans la région. Avec le Président Macky Sall à la tête de l’Union africaine, nous avons confiance qu’il parviendra à trouver des solutions, car il comprend les dynamiques socio politiques de la région et du reste du continent, et pourra mettre à contribution ses pairs comme Kagamé pour faire entendre la raison aux régimes militaires et crédibiliser la voix de l’Afrique sur la scène internationale.