OUI, NON, OUI MAIS...
Majorité et Opposition face au projet de révision constitutionnelle
Le débat atour du projet de révision de la Constitution commence. Si les uns se sentent rassurés que Macky Sall ait respecté sa promesse de réduire son mandat à 5 ans et de se l'appliquer, les autres semblent se méfier. Ou tout simplement ils attendaient plus qu'un projet, mais une date du référendum. Bref, entre l'opposition et la majorité, ce sont des "oui" et des "non", mais aussi des "oui, mais".
ABDOULAYE WILANE, PORTE-PAROLE PS
"Le véritable enjeu se trouvera dans l'avis du Conseil constitutionnel"
"Après lecture et partage collectif du projet de révision de la Constitution, nous apprécierons et le compareront à la constitution actuellement, aux idées que nous avions partagées dans le cadres des Assises nationales, mais aussi nous allons le comparer au projet de réforme constitutionnelle proposé par la Cnri.
C'est dire que le projet publié par le président de la République intègre les 15 axes de réforme, de rupture ou de modernisation d'une charte fondamentale. Il est vrai que les Sénégalais attendent beaucoup de Macky Sall en raison du contexte et des circonstances dans lesquels il a été élu.
On aurait souhaité avoir une constitution ad vitam aeternam mais dans l'histoire d'un pays chaque génération, chaque régime apporte des éléments de consolidation et d'innovation au fur et à mesure que se succèdent les alternances aux responsabilités.
Il y en a, dans notre pays, qui font tout le boulot des réformes aux effets durables mais à mon avis, il a choisi de faire, selon lui, ce qui est possible maintenant. Maintenant, j'ai l'impression que le document publié participe de l'organisation et de l'encadrement de la réflexion et du débat.
Si les politiques sont attendus sur un consensus opérationnel qui nous engage tous, chez les universitaires, par contre, il peut y avoir des débats d'école, des affrontements d'ordre doctrinal.
La Nation a besoin d'un texte stable. A partir de ce moment, le véritable enjeu se trouvera dans l'avis du Conseil constitutionnel et ce qui se fera après.
D‘ores et déjà, le Ps recommande à ses militants de lire le projet en convoquant tous les éléments d'appréciation pour faire avancer notre pays."
YOUSSOU TOURÉ, RESPONSABLE DE L'APR
"Le Président est en train de positionner le Sénégal parmi les plus grandes démocraties du monde"
"Ce sont des réformes révolutionnaires qui prennent en charge les préoccupations des populations et même de toute la classe politique. Il ne s'agit pas de se focaliser uniquement sur le mandat. Notre pays a besoin aujourd'hui d'ouvrir une nouvelle ère pour notre démocratie. Ce sont des avancées démocratiques à saluer.
Nous avons un président de la République qui a fait preuve d'un courage politique par rapport aux attentes des Sénégalais. Les réformes, c'est à tous les niveaux. La démocratie a besoin non seulement d'être renforcée mais aussi d'être protégée. Le Président est en train de positionner le Sénégal parmi les plus grandes démocraties du monde."
THIERNO BOCOUM, CHARGÉ DE COMMUNICATION DE REWMI
"Le Président continue d'entretenir le flou"
"Il n'y a rien de nouveau depuis son adresse à la Nation le 31 décembre dernier. L'élément nouveau aurait été d'annoncer la date du référendum et de divulguer son contenu. Est-ce qu'il considère que l'avis du Conseil le lie ? Ce dernier a-t-il été saisi ? C'est quoi le texte définitif de ce projet ? Est-ce que ce qu'il a publié est validé par le Conseil constitutionnel ?
Il y a donc beaucoup de questions qui tournent autour de cette réforme. De ce point de vue, nous ne pouvons pas nous prononcer sur le fond d'une réforme dont le contenu et la date du référendum ne sont même pas précisés.
Donc, j'estime que le Président continue d'entretenir le flou. Et, rien ne l'empêche de réduire son mandat parce qu'il peut le faire."
MALICK DIOP, PORTE-PAROLE DE L'AFP
"Il n'y a plus aucune polémique possible"
"La proposition de faire un mandat de 5 ans avec effet rétroactif sur soi-même, c'est déjà un gage de parole tenue. Donc, le Président Macky Sall a tenu parole face à Peuple sénégalais et à l'opinion internationale. Ici, il s'agit de réformes "consolidantes".
Donc, c'est normal que le Peuple soit garant de tout cela par le biais du référendum. Dans ce cadre, il faut l'avis du président de l'Assemblée nationale et celui du Conseil constitutionnel. Les promesses sont tenues et les "grands penseurs", qui avaient fait des projections pour dire que telle chose n'allait pas avoir lieu, se sont rendu compte que le Président a tenu parole."
ROBERT SAGNA SUR LES RÉFORMES CONSTITUTIONNELLES
"Un mandat de 5 ans me paraît court"
Le Secrétaire général du Rassemblement pour le socialisme et la démocratie/Takku defarat Sénégal (Rsd/Tds), Robert Sagna, aurait conseillé au Président Macky Sall de maintenir son mandat à 7 ans s'il avait un avis à lui donner.
Cette opinion, a-t-il précisé, est de lui et n'engage pas son parti. Pour lui, un mandat de 5 ans "paraît court" si l'on tient compte de la faisabilité du programme du chef de l'Etat, en l'occurrence le Pse.
Pour lui, il y a le temps d'aller négocier, de trouver les moyens financiers auprès des banques, et d'exécuter les projets. Tout ce temps-là, estime-t-il, "exige un minimum de temps". C'est pourquoi, dit-il, personnellement je suis pour une durée plus longue.
Quant aux autres points, notamment : l'arrestation de Oumar Sarr, affaire Lamine Diack et les Réformes institutionnelles, Robert Sagna veut qu'on laisse le soin aux spécialistes de statuer sur les cas. Car, dit-il, ce sont des questions "sérieuses qui nécessitent de sérieuses réflexions".