UN MOUVEMENT POUR ALERTER LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE SUR LA VERITABLE SITUATION DANS SON «TITRE FONCIER»
S’étendant de Ndierba à Dembancané, c’est-à-dire du département de Dagana à celui de Bakel, le Fouta est un terroir très vaste habité par des Halpulaar, des Mandingues et des Wolofs
Manque d’infrastructures sanitaires et d’eau potable, routes dégradées, villages non électrifiés, réseaux téléphoniques défaillants, cherté des denrées alimentaires obligeant les habitants à s’approvisionner au Mali et en Mauritanie… Autant de maux décriés par les populations du Fouta qui se disent oubliées par les autorités politiques locales. Lesquelles ne s’intéresseraient à eux qu’à l’approche des élections. Face à cette situation peu reluisante, les Foutankés alertent le président de la République sur les urgences auxquelles ils sont confrontés.
S’étendant de Ndierba à Dembancané, c’est-à-dire du département de Dagana à celui de Bakel, le Fouta est un terroir très vaste habité par des Halpulaar, des Mandingues et des Wolofs. Un terroir dont les populations crient leur ras-le-bol et alertent le président de la République Macky Sall face aux maux dont elles souffrent. Des associations de jeunes du Fouta comme « Fouta Tampi », « Macky yejjo Fouta, « Mouvement Daandé Maayo Emergent », « Podor va mal », sont récemment sorties dans les rues pour manifester contre la descente sur le terrain de politiciens pour y tenir des rassemblements notamment dans les départements de Podor à Matam. Une jeunesse qui a manifesté son ras-le-bol et son désespoir en scandant que le « Fouta va mal » et que ce terroir est sacrifié tout en alertant le président Macky Sall sur l’urgence de s’atteler au développement d’une zone qui a d’énormes potentialités. « Le Fouta a de grandes potentialités dans tous les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Le problème majeur des jeunes est la formation. Il y a beaucoup d’étudiants originaires de ce « pays », mais le problème est qu’ils n’ont pas bénéficié d’une formation qualifiante qui réponde aux besoins du marché du travail. Malgré les nombreux diplômés, il n’y a pas de débouchés ni d’entreprise au Fouta » ont soutenu des jeunes du terroir des départements de Podor, Matam et Bakel, fuse le même cri de désespoir : le Fouta est abandonné, laissé à lui-même. Les politiciens ne font absolument rien pour le développement de la localité. Les habitants disent ne voir les politiciens qu’à l’approche des élections avec des promesses qu’ils ne respectent jamais pour berner et arnaquer la population désœuvrée.
La jeunesse, désemparée, émigre massivement en Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire surtout) mais aussi en Afrique centrale (Gabon, Congo) si elle ne prend pas les pirogues de la mort pour tenter de rejoindre l’Europe. Ceux qui ne peuvent pas émigrer s’entassent à Dakar où ils végètent ou s’adonnent à de petits métiers. A Bakel, département frontalier du Mali et la Mauritanie, la population s’approvisionne dans ces pays. « La population est désemparée et préfère acheter des produits qui viennent de la Mauritanie et du Mali et qui sont plus accessibles. Quand les produits locaux arrivent à Bakel, ils sont cédés au double ou au triple du prix pratiqué à Dakar. Par exemple le prix de la tonne de ciment peut atteindre 90.000 francs alors qu’il tourne autour de 70.000 francs dans la capitale. Les commerçants se basent sur l’état des routes pour augmenter les prix. Les réseaux téléphoniques ne fonctionnent pas correctement ce qui fait que, pour joindre des correspondants dans certains villages, c’est la croix et la bannière. Et pourtant, nos localités bénéficient d’une excellente couverture des opérateurs de téléphonie mobile établis au Mali ou en Mauritanie », se lamente un jeune habitant de Bakel.
« On est sacrifiés mais on n’a pas le choix, Bakel est un département qui ne bouge pas mais qui essaie de faire de son mieux grâce à ses émigrés »
Les routes ne sont pas fonctionnelles, la plupart des structures de santé sont à l’agonie et manquent de tout. Des villages comme Alahina Bambara, dans le département de Bakel, ne sont toujours pas électrifiés. Il n y a pas de forage et l’eau potable est une denrée rare. Les femmes se battent pour survivre alors que les récoltes sont parfois détruites par les eaux de la pluie. Très dynamiques, beaucoup parmi ces femmes s’adonnent au maraichage. Hélas, il n’y a pas de châteaux d’eau dans la plupart des villages alors que les pompes tombent souvent en panne. Pis, les puits manquent d’eau. Malgré ces difficultés, ces braves dames réussissent dans leurs activités de maraîchage pour venir en aide à leurs familles. « Les jeunes veulent travailler, mais ils n’ont pas les moyens qu’il faut pour cela et l’Etat n’appuie pas la population. Nous n’avons pas d’électricité et on recharge nos téléphones portables grâce à des panneaux solaires. Le réseau téléphonique est aléatoire et il peut arriver souvent des jours sans avoir de nouvelles de nos familles. On est obligé d’aller jusqu’à Bakel pour se connecter. Nous mangeons des poissons « yaboye » pêchés depuis 2 à 3 semaines car la population se ravitaille en denrées alimentaires à partir de la Mauritanie et du Mali. Nous ne demandons pas grand-chose, mais juste ce qui est vital. C’est-à-dire, disposer de bons établissements sanitaires, de routes, d’électricité et de forages pour avoir de l’eau potable. Nous souhaitons aussi la diminution des prix des denrées alimentaires. De même, on voudrait des bassins de rétention pour donner aux jeunes et aux femmes la possibilité de travailler la terre pour diminuer l’exode rural », liste un cadre installé dans la capitale.
La route de Tamba-Bakel est dégradée, elle n’est plus fonctionnelle. Ce qui fait que les usagers sont obligés de la contourner pour prendre l’axe Ourossogui-Linguère. Les populations éprouvent ainsi du mal à voyager de Bakel à Dakar, trajet pour lequel il faut souffrir 14 heures durant. « Les autorités disent que l’argent pour refaire cette route est disponible, mais rien ne bouge. Certes, l’axe Tambacounda-Goudiri est presque terminé et nous en sommes reconnaissants au président de la République mais le tronçon Goudiri-Bakel, c’est l’enfer » se désole Zakaria Coulibaly, un habitant de Alahina dans le département de Bakel. L’hôpital de cette ville manque de tout et les femmes rencontrent énormément de difficultés pour y accoucher. Il n’est pas rare que les parturientes soient évacuées à Ourossogui, dans le département de Matam, pour y être délivrées. Une chose que les Bakelois jugent anormale dès lors que leur ville est un chef-lieu de département. Comme partout ailleurs à travers le territoire national, la conduite de motos-taxis Jakarta est la seule activité accessible à la jeunesse. Un scandale dans une zone qui regorge d’opportunités notamment avec la terre qui est fertile et aussi le fleuve Sénégal. « Il suffit juste d’être appuyés. On se sent délaissés. Ce sont les émigrés qui se sont substitués à l’Etat tout ici. Eux qui construisent des écoles, des dispensaires, des maisons de jeunes, des mosquées et participent au développement. Nos dirigeants ne font rien de concret pour les populations », dénonce encore Zakaria Coulibaly.
« Les habitants du Fouta réclament une université à vocation agricole et l’installation d’une centrale solaire pour le développement des potentialités de la zone
De Ndierba à Dembankhané, le Fouta a toujours bénéficié de l’apport de ses fils émigrés à travers des associations de développement. Et si, aujourd’hui, le Fouta s’est tant soit peu développé, c’est parce qu’il a bénéficié des écoles, des collèges et des lycées, des postes de santé, des cases de santé, des forages et de châteaux d’eau grâce aux immigrés et aux partenaires de développement réalisés par des associations de ressortissants établis à Dakar et à l’étranger. « L’Etat n’a donc absolument rien fait dans le Fouta depuis Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade et c’est devenu aujourd’hui pire avec Macky Sall. Au-delà de l’émigration clandestine, qui est un phénomène très ancien puisque les Hal Pulaar sont de grands voyageurs, le Fouta est victime d’une saignée provoquée par un exode rurale », se désole un étudiant.
Pour fuir la pauvreté, les jeunes quittent leur terroir pour venir à Dakar effectuer de petits métiers. « Ce qui est important, c’est que l’Etat fait tout pour désenclaver le Daande Maayo, de Cas-Cas jusqu’à Nguidjilone en passant par Odobéré qui étaient avant des villages enclavés pendant la saison des pluies. Il faut qu’on soit honnêtes et sincères et qu’on dise la vérité. Le président Macky Sall a fait beaucoup de bonnes choses dans le Fouta. Ce que Macky Sall y a réalisé, aucun de ses prédécesseurs ne l’a fait dans le Fouta. Cela dit, il manque encore beaucoup de choses comme des infrastructures de base, des hôpitaux, des écoles et des lycées techniques, une université ainsi que l’aménagement des terres pour que les gens puissent s’adonner à l’agriculture afin de faire du Fouta comme le grenier du Sénégal. Nous avons l’eau, la terre et le soleil.
Au Fouta, les gens travaillent la terre, mais la Saed ne permet pas aux populations d’avoir des revenus décents. La Saed qui nous tue et le président Macky Sall doit s’intéresser de plus près à ce que fait réellement cette société d’aménagement. Elle ne fait qu’appauvrir les gens parce que quand tu produits de l’oignon, des pommes de terre, du maïs et du riz mais tu paies l’électricité, tu ne gagnes rien », confie Diakariya Niah, acteur de développement et membre du Collectif pour la défense des intérêts du Bossea. Selon lui, le président a à son actif de grandes réalisations dans les périmètres rizicoles de Podor, le désenclavement de l’île à Morphil et la réhabilitation de la RN 2 ou route de Ndioum. Cela dit, la réhabilitation de la route Ourossogui-Thilogne tarde à être effective depuis plus de trois ans. Quand un malade quitte Agnam ou Thilogne pour Ourossogui, avant d’arriver, il a de grandes chances de mourir parce qu’il n’y a pas de route.
Les ambulances, quand elles existent, sont en mauvais état du fait de l’état épouvantable des pistes ou des axes routiers. Les postes et les centres de santé sont au plus bas niveau. Il n’y a pas d’appareils d’échographie ni de radiographie. Les populations quittent leurs localités pour une échographie à Mbolo Birane dans le département de Podor. Il y a un problème d’équipements sanitaire à l’hôpital d’Ourossogui qui souffre de tous les maux. « L’hôpital central de la zone devait être du même niveau que celui de Touba. C’est déplorable aujourd’hui que les malades quittent Matam, Ourossogui et Bakel pour se faire soigner à Touba », se désole un cadre de la région. Nos interlocuteurs rappellent ainsi au président Sall leur vieille doléance relative à la construction d’une université à vocation agricole dans le Fouta. « Il est temps que le président érige ici une université pour répondre aux potentialités de la zone. Si des investissements de grande ampleur sont réalisés sur place, les Foutankobés ne vont plus quitter leur terroir pour aller chercher du travail à Dakar, dans les autres pays d’Afrique ou en Europe. Notre richesse se trouve dans nos terres du Walo et le Dieri.
Les gens qui veulent investir doivent venir discuter cartes sur table avec nous pour instaurer un partenariat gagnant-gagnant. Car, il n’et pas question de les laisser prendre nos terres et nous laisser pauvres. Encore une fois, nous disposons d’eau, de terre et de soleil pour notre développement. « Fouta Tampi », ce n’est pas pour s’opposer au président, mais c’est pour lui faire part de maux des Foutankobés qui sont bernés par les politiciens alors que les étudiants et les jeunes cadrent sont laissés rade » confie Moussa Sy, un étudiant. Cheikh Oumar Kane, étudiant originaire du département de Podor, estime qu’il faut financer les projets viables et porteurs d’espoir des jeunes. Des projets relatifs à l’agriculture pour répondre aux potentialités de la zone. « Il y a des démarches qui ont été menées au niveau du ministère de la Jeunesse et le conseil départemental à travers la DER, mais elles n’ont rien donné. Autrement dit, on n’a pas obtenu de financements. Il y a toujours des intermédiaires qui captent les financements. C’est ce qui retarde le département. Si la DER veut vraiment financer la jeunesse, il ne faudrait pas qu’elle passe par niveau du conseil départemental. Sinon, ça va être trop politisé et il y aura des détournements de fonds », a alerté un étudiant qui dispose d’un projet à faire financer.
Selon le responsable de de l’Alliance Pour la République (APR) à New York, habitant de Thilogne dans le département de Matam, Aliou Ngaido, c’est le droit absolu des associations de jeunesse de crier leur ras-lebol et de demander au président de la République de satisfaire leurs doléances. A en croire ce chargé de mission à la présidence de la République, le président Macky Sall a beaucoup fait pour le Fouta mais il reste énormément de choses à réaliser. « Bien que le président ait beaucoup réalisé dans le domaine de l’agriculture, l’aménagement des terres, l’électrification des villages, la construction des forages et le désenclavement de l’île à Morphil, la réhabilitation de la route de Ndioum, il faut qu’on sache qu’il est là pour tous les Sénégalais et aussi pour l’émergence de toutes les localités du pays. Le chômage des jeunes est universel, mais il faut reconnaître que la plupart de nos jeunes ne sont pas qualifiés. Nous sollicitons du président de la République qu’il mette des centres de métiers pour permettre aux jeunes du Fouta d’avoir des qualifications. Il faut que les ministres et directeurs généraux aident le président Macky Sall en écoutant les populations et en réglant leurs problèmes.
Le président a dit avoir compris les jeunes, il a dégagé 350 milliards pour conforter les jeunes désœuvrés et les faire sortir de la pauvreté. La seule solution pour le développement du Fouta c’est l’agriculture, cultiver les terre pour survivre, sortir de la pauvreté et aller vers l’autosuffisance alimentaire. Il faut que les autorités locales aident le président dans son élan d’émergence du Sénégal. Il faut qu’on finance les jeunes et les femmes qui s’activent dans l’agriculture, qu’on aménage les terres et qu’on installe une centrale solaire pour pallier à la cherté de l’électricité », préconise le chargé de mission à la présidence de la République.