HISTOIRES DE RÉCUSATION
Moustapha Touré avait lui aussi fait l’objet de vives critiques dès sa nomination à la tête de la Cena en 2005. Et Général Amadou Abdoulaye Dieng à la tête de l’ancêtre de la Cena, l’Onel
Ce jour-là... Président de l’Onel contre président de la Cena
LE GENERAL ABDOULAYE DIENG AVAIT ETE RECUSE
La nomination de Abdoulaye Sylla à la présidence de la Commission électorale nationale autonome (Cena) fait grand bruit. Tout comme celle de Cheikh Awa Balla Fall. Le premier pour n’avoir pas terminé son mandat au Conseil constitutionnel. Le second pour avoir dirigé un mouvement de soutien au Président Macky Sall. Moustapha Touré avait lui aussi fait l’objet de vives critiques dès sa nomination à la tête de la Cena en 2005. Et Général Amadou Abdoulaye Dieng à la tête de l’ancêtre de la Cena, l’Onel (Observatoire national des élections). Bés bi revisite l’histoire.
Les nominations dans les instances de supervision des élections ont souvent été escortées par des contestations sur les hommes. Dans la nouvelle équipe de la Commission électorale nationale autonome (Cena) qui remplace celle de Doudou Ndir, Cheikh Awa Balla Fall, un de ses souteneurs pour sa réélection en 2019, est épinglé. Ce doute sur la neutralité rappelle celui qui avait touché le général de Brigade Amadou Abdoulaye Dieng en 1998, à la naissance de l’Observatoire national des élections (Onel), ancêtre de la Cena. Devant la pression de l’opposition d’alors, il n’avait pas pu exercer sa fonction de président de l’Onel parce qu’il lui était reproché d’avoir été un soutien du Président Abdou Diouf. A deux ans d’une Présidentielle à fortes tensions, et alors que le vent du changement soufflait, le sortant qui perdait du terrain et des hommes a sorti de sa chemise un homme jugé consensuel : Louis Pereira de Carvalho. Plus tard, le Général Mamadou Niang, gère l’organe de supervision et de contrôle des élections, de main de maitre. Mais le processus électoral avait besoin de s’adapter davantage et, faute d’avoir une commission électorale indépendante, l’opposition se contentera de la Cena. Le décret n° 2004 673 du 02 juin 2004 instaure une Commission chargée de faire des propositions pour l’institution d’une Cena et le décret n° 2004 1379 du 29 octobre 2004 par lequel le professeur Babacar Gueye a été nommé président de ladite Commission avec des experts pour faciliter les travaux et systématiser les propositions faites par les partis dans un rapport soumis au président de la République. C’est ainsi que la Cena a été instituée avec l’adoption d’une loi adoptée à l’unanimité par les députés et sera formellement installée en 2005 après le vote unanime au parlement de la loi 2005-07 du 11 mai.
Moustapha Touré contesté avant d’être réhabilité
Comme avec le Général Dieng à la tête de l’Onel, la nomination du Président Mamadou Moustapha Touré à la tête de la Cena a suscité quelques critiques. L’opposition avait estimé que son épouse se serait manifestée dans un mouvement de soutien au régime de Wade. Mais l’histoire a prouvé l’intégrité de ce magistrat à la retraite, décédé en 2022. En témoigne l’épisode malheureux de sa démission sur demande du Président de la République. Feu le président Moustapha Touré revient sur le clash entre lui et le Président Abdoulaye Wade.
Moustapha Touré : «Wade m’a demandé de démissionner»
Dans l’édition n°37 de l’hebdomadaire La Gazette de Abdou Latif Coulibaly, il racontait les circonstances de son départ de cet organe de gestion des élections. «Le président de la République m’a demandé de venir le voir en audience et celle-ci a eu lieu le 5 novembre 2009 au palais de la République. Quand je suis arrivé à son bureau, il m’a parlé clairement, en expliquant que je n’avais plus sa confiance. Il a répété plusieurs fois cette phrase : ‘’Vous êtes contre moi, vous combattez mon parti. Etant donné que vous n’avez plus ma confiance, je vous demande de me remettre le mandat que je vous avais confié, quand cette confiance perdue était là. J’ai demandé au président de la République de m’accorder un délai de réflexion pour lui donner ma réponse. Il a répondu non, il fallait que je sorte de l’audience avec la démission posée sur la table. Je n’ai pas obéi, je savais que les caméras de la télévision étaient disposées pour recueillir ma déclaration. Pour moi, il n’était pas question de céder, car il fallait que je consulte, après réflexion, ma famille, mes amis et certains de mes proches. Je comprenais les intensions du chef de l’Etat. Je devais cependant tenir compte de quelque chose qui nous dépasse tous les deux : l’avenir du pays et la conduite de son destin. Or, prendre une décision comme celle que le chef de l’Etat exigeait de ma part, méritait bien un délai de réflexion, car l’avenir politique était effectivement en jeu», avait confié le président de la Cena d’alors.
DECISIONS GENANTES DE LA CENA : L’affaire Ndindy et Ndoulo comme l’affaire des fiches de Sonko
Ce différend entre Moustapha Touré et le Président Wade était né de la forclusion prononcée par la Cena lors des élections municipales, rurales et régionales de 2009 des listes de la coalition Sopi, dans les arrondissements de Ndoulo et de Ndindy. Le Président Wade avait ensuite donné injonction au gouverneur d’alors de remettre ces listes nonobstant la saisine des tribunaux par la Cena. C’est presque un remake de ce qui se passe actuellement avec la Cena qui a donné raison aux avocats de Ousmane Sonko et demandé à la Dge de lui remettre des fiches de parrainage.