«IL N’Y A PAS BESOIN DE SE DISPUTER, MAIS L’HÉRITAGE DE SENGHOR PERSONNE NE POURRA L’ÉCRIRE SANS NOUS»
Espoir est permis pour les retrouvailles de la famille socialiste, en attestent les propos de Barthélemy Dias, un des lieutenants de Khalifa Sall, après qu’il a inscrit un message sur le Livre de condoléances ouvert en hommage à Ousmane Tanor Dieng
Le rappel à Dieu d’Ousmane Tanor Dieng ouvre des perspectives pleines d’espoir pour les retrouvailles de la famille socialiste comme le souhaitait l’enfant de Nguéniène avant qu’il ne tire sa révérence. En attestent les propos tenus, hier, par Barthélemy Dias, un des lieutenants de Khalifa Sall, après qu’il a inscrit un message sur le Livre de condoléances ouvert en hommage au défunt leader du Parti socialiste (PS).
Vous venez d’inscrire un message sur le Livre de condoléances dédié au défunt Secrétaire général du Parti socialiste. Etes-vous prêt à répondre à l’appel que le défunt avait lancé à l’endroit de tous les socialistes ?
Nous avons le devoir et la responsabilité d’apporter notre témoignage. Nous l’avons toujours dit, nous sommes des socialistes. Nous n’avons jamais quitté ce parti. J’ai parlé de vicissitudes de la vie politique. Aujourd’hui, nous connaissons ce parti pour avoir contribué à la rédaction de ses textes, de ses statuts et de son Règlement intérieur. Monsieur Ousmane Tanor Dieng n’a pas encore 40 jours sous terre, donc il n’est pas question pour nous de nous prononcer sur les questions d’actualité. Mais j’irai voir madame Aminata Mbengue Ndiaye, Secrétaire général adjoint du Parti socialiste (PS), pour discuter avec elle de façon responsable. J’irai aussi rencontrer le président du Conseil national des sages du parti, le doyen Nguirane Ndoye.
De même qu’un des nôtres qui est une personne emblématique de ce parti, le doyen El Hadji Mansour Mbaye, et d’autres, pour échanger, sur ce qu’ils pensent devoir être l’avenir de ce parti. Il n’y a pas besoin de se disputer, de se battre ou de se chamailler, parce que pour se disputer, il faut être deux, et nous, nous avons, ni la volonté, ni le cœur à nous battre. Ce qui nous importe, c’est que l’héritage du Président Léopold Sédar Senghor puisse continuer à servir les générations futures. Et je pense que si les uns et les autres sont conscients de leurs responsabilités, nous devons pouvoir y arriver. Il n’est pas question de nous chamailler autour de quoi que ce soit. Mais, cet héritage personne ne pourra l’écrire sans nous, parce que nous y avons grandement contribué et je reste convaincu qu’au-delà des vicissitudes de la vie politique, monsieur Ousmane Tanor Dieng, nous avons respecté son choix, même si on n’était pas d’accord avec le soutien au Président Macky Sall pour un second mandat. Ce second mandat, aujourd’hui, le bon Dieu a décidé que le Président Macky Sall l’a obtenu. Le président Ousmane Tanor Dieng, en partant, a fait part de son vœu de réunification de la famille socialiste. Nous espérons que nous pourrons apporter notre modeste contribution à cette réunification.
Est-ce que vous revendiquez l’héritage de feu Ousmane Tanor Dieng que vous considériez comme votre père ?
Monsieur Ousmane Tanor Dieng, quand je parle de lui, c’est avec fierté. Quand on parle d’héritage au Parti socialiste, on parle de l’héritage du Président Léopold Sédar Senghor. Le Président Abdou Diouf et le président Ousmane Tanor Dieng ont eu le mérite d’avoir préservé ce legs. Et à ce titre, aucune œuvre humaine n’est parfaite. Je ne suis pas là pour juger Ousmane Tanor Dieng. L’histoire jugera Ousmane Tanor Dieng. Ce que je peux dire d’Ousmane Tanor Dieng, je l’ai dit avec force et conviction. Il fut un homme d’Etat, un homme politique et un père de famille. Et dans cette famille, j’y ai joué un rôle important. Monsieur Ousmane Tanor Dieng a grandement contribué à ma carrière politique. Nous n’avons pas eu malheureusement des accords sur certains points de vue. Mon propre père, père biologique, est un acteur politique du Sénégal, et nous n’avons pas eu les mêmes points de vue. Donc, il faut seulement qu’on comprenne notre rôle, aujourd’hui. Chacun de son côté doit faire en sorte que son programme politique puisse convaincre sans contrainte les Sénégalais. C’est de ça qu’il s’agit. Il ne s’agit pas de questions crypto personnelles.
Pouvez-vous parler d’héritage, aujourd’hui, après que le défunt leader du PS vous a exclus et «déshérités» du parti?
Dire que monsieur Ousmane Tanor Dieng nous a exclus du Parti socialiste, c’est faux. Dire que nous avons été déshérités par monsieur Ousmane Tanor Dieng, c’est faux. Parce que ce serait faire un mauvais procès à Ousmane Tanor Dieng. Le Parti socialiste a des instances, des textes, des statuts. Il n’y a aucun journaliste, il n’y a personne dans ce pays, qui peut sortir un quelconque document qui prouve que nous avons été exclus du Parti socialiste. Il y a eu des divergences de point de vue, il y a eu une situation que vous connaissez tous qui est regrettable, parce qu’il y a eu des événements qui se sont passés dans la Maison du Parti socialiste. Et malheureusement, ces événements ont conduit à des réactions. Et à ce titre, c’est à mettre dans les vicissitudes de la vie politique. Aujourd’hui, ceux qui m’écoutent savent très bien que nous n’avons pas les moyens de les mettre à la porte du parti. Eux également, n’ont pas les moyens de nous mettre à la porte du parti. Il s’agit pour les socialistes de régler à l’interne et en famille le problème du socialisme sénégalais. Il ne faut pas que, qui ce soit, fut-il le chef de l’Etat, pense qu’il peut venir, aujourd’hui, pour une raison ou une autre, tirer la couverture de son côté. J’irai à la rencontre de madame Aminata Mbengue Ndiaye, échanger avec elle, et recueillir son point de vue. Et si on peut lui être d’une quelconque utilité, nous le ferons avec un engagement, un militantisme et un immense plaisir. Ousmane Tanor Dieng est parti. Je répète que lors de sa dernière sortie en publique, il avait émis un vœu : les retrouvailles du Parti socialiste et de la famille de gauche. Il s’agit de discuter et non de se disputer. Il s’agit d’échanger. Nous ne sommes pas obnubilés par les postes. Nous sommes à cheval sur des principes et des convictions. Et nos principes et nos convictions en synthèse, c’est que le Parti socialiste du Sénégal a été créé pour conquérir et exercer le pouvoir. Le Parti socialiste n’est pas créé pour se métamorphoser en mouvement de soutien. C’est tout ce qu’on a à dire. Et je crois qu’on n’a pas fait un quelconque mal.
Il se susurre que le président de la République aurait décidé d’accorder une grâce à Khalifa Sall. Quel commentaire en faites-vous ?
Je ne commenterai pas sur des suppositions. Je pense que le Président Macky Sall vous avez dit que monsieur Khalifa Sall avait été définitivement condamné. Et c’est sur cette base qu’on lui a retiré son poste de député et son poste de maire. C’est également sur cette base qu’il a été éliminé de l’élection présidentielle. Puis, ce même Président Macky Sall est revenu vous dire qu’une fois que la procédure sera terminée, il verra ce qu’il peut éventuellement faire. Donc, vous me posez une question, je vous la rends pour savoir à quel Président Macky Sall se fier ? Khalifa Sall est un otage politique. C’est ça qui est dommageable. La place de Khalifa Sall n’est pas en prison. Monsieur Khalifa Sall a été mis en prison pour des raisons pas politiques, mais politiciennes. Si ceux qui l’ont mis en prison considèrent qu’ils doivent le gracier, je pense qu’il y va de leur responsabilité.