«IL Y A BEL ET BIEN UN PROBLEME DE LEGITIMITE PAR RAPPORT AUX STANDARDS DEMOCRATIQUES AUXQUELS LE SENEGAL SE COMPARE»
Selon Djibril Gningue, expert électoral, secrétaire exécutif du Pacte, la question est posée parce que le mode de scrutin qui prévaut jusqu’à présent, hormis la présidentielle
«La question est posée parce que le mode de scrutin qui prévaut jusqu’à présent, hormis la présidentielle, c’est le «Raw gadu». Or, avec ce système, tu peux avec 15% du suffrage, remporter les élections alors que la somme des deux de tes challengers peut dépasser les 15%. Donc, la question de la légitimité se pose à ce niveau-là. Il était bon que les gens s’entendent sur la nécessité de sortir progressivement du «Raw gadu».
Par exemple, l’opposition l’avait proposé. Elle avait suggéré qu’on institue 25%. C’està-dire, si le premier n’atteint pas 25%, on organise un deuxième tour. La majorité estime que c’est prématuré, que ça va créer trop d’élections et qu’il y a un problème de moyens au Sénégal. Mais, du point de vu principe, tout le monde sait que ce qui est plus démocratique c’est le second tour, si personne ne franchit la barre fixée. Par exemple, en France où le scrutin est uninominal et non par listes, parce que par circonscriptions, si quelqu’un n’a pas 51%, il ne passe pas. En dessous de 50%, un deuxième tour est forcément organisé. Je peux vous dire déjà qu’il n’y a pas d’accord sur ça, pour l’instant puisque les débats ne sont pas encore finis.
Dans notre intervention, nous avons montré qu’il était intéressant d’examiner la proposition de l’opposition. Mais, la majorité ne trouve pas d’intérêt à cela, tout comme les non-alignés. Comme c’est la règle du consensus qui prévaut comme méthode de travail, la question est laissée en l’état pour l’instant et on est passé sur les autres questions. Maintenant, je pense qu’il y a une possibilité de revenir sur ces aspects qui sont laissés en l’état comme l’élection des adjoints, le bulletin unique, etc. Les discussions continuent dans les couloirs, de façon informelle, en attendant qu’à un moment donné du débat qu’on puisse revenir sur ça. Mais, il y a bel et bien un problème de légitimité par rapport aux standards démocratiques auxquels le Sénégal se compare.
Dans un contexte actuel, national comme mondial, marqué de plus en plus par une défiance des populations vis-à-vis des institutions et un manque de confiance des populations, il convient d’élire à la fois les maires, les présidents de conseils départementaux, ainsi que les adjoints au suffrage universel direct. L’une des raisons évoquées pour le vote des maires au suffrage universel direct, c’était que les votes des populations étaient souvent détournés. Mais, l’autre raison, c’est que le contexte est marqué par la défiance des populations vis-à-vis des élus locaux. Si cela aussi prévaut, il faut mettre cet élément dans la marmite et ne pas mettre un seul aspect, c’est-à-dire le détournement du vote».