LA SOCIETE CIVILE FUSTIGE L'INTERVENTION DE NERVIS AUX COTE DES FORCES DE L’ORDRE
Elle met en demeure l’Etat
SEYDI GASSAMA, DIRECTEUR AMNESTY INTERNATIONAL SENEGAL : «Nous exigeons du ministère de l’Intérieur, l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur ces éléments»
Nous avons été très préoccupés en voyant ces nervis qui nous rappellent les célèbres « Tonton Macoute » du dictateur Haïtien, François Duvalier, qui se faisait appeler « Papa Doc », armés de gourdins et qui faisaient des exactions sur des manifestants. Ils étaient dans des véhicules et tout était très bien organisé. Par qui ? Je crois que le ministre de l’Intérieur doit ouvrir une enquête pour faire la lumière sur ces éléments. Il ne pourra pas se contenir de démentir en disant qu’il n’y a pas de nervis et c’est seulement la police qui s’est occupée du maintien de l’ordre puisque nous avons tous vu dans différents médias en ligne des personnes dont certaines ont été même interviewées et qui prétendaient agir au nom d’un parti politique. Ce sont des agissements absolument illégaux qui, lorsqu’ils sont autorisés par une police républicaine, peuvent conduire à des dérives, des affrontements qui peuvent à la longue conduire à une situation telle que celle qu’on avait connue en 2011 à la mairie de Mermoz Sacré-Cœur. L’Etat ne doit pas tolérer que des milices privées, qu’elles appartiennent à des partis politiques ou non, soient autorisées à participer à la répression des manifestants. Seules la police et la force républicaine doivent jouer ce rôle dans un Etat de droit. Nous condamnons vigoureusement le recours à ces milices et nous exigeons du ministère de l’Intérieur l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur ces éléments et prendre toutes les dispositions pour qu’à l’avenir, on n’assiste plus à cette scène qui rappelle le temps des « Tonton Macoute » armés de gourdins qui participent aux côtés de la Police à la répression des manifestants. Nous disons également que la Police de l’Etat du Sénégal doit être en tenue pour maintenir de l’ordre puisque son objectif est avant tout de dissuader des manifestants, faire en sortant qu’ils ne puissent pas nuire et non se comporter comme une milice en portant des tenues de « Baye Fall » pour arrêter des gens, cela est totalement illégal »
SADIKH NIASS, SECRETAIRE GENERAL DE LA RADDHO : «L’Etat ne doit plus permettre une telle situation puisqu’en cas de problème, c’est sa responsabilité qui sera engagée »
Nous avons également constaté en le déplorant la présence des nervis armés de bâtons et prenant part au maintien de l’ordre aux côtés des forces de défense et de sécurité. Nous sommes étonnés que l’on puisse permettre à des gros bras armés de bâtons, des armes non conventionnelles, de frapper des manifestants. Cette situation est très regrettable et si on ne prend pas garde, elle pourrait engendrer des conséquences dramatiques comme ce fut le cas en 2011, lors de l’attaque de la mairie de Mermoz Sacré-Cœur qui s’était soldée par mort d’homme. Ceux qui nous gouvernent aujourd’hui doivent éviter des actes pareils qui sont d’ailleurs contraires au principe qui fonde le maintien de l’ordre qui est une mission exclusivement dévolue aux forces de défense et de sécurité. C’est donc avec un grand regret que nous avons vu ces nervis armés de bâtons et de gourdins, des armes qui peuvent occasionner de graves blessures. L’Etat ne doit plus permettre une telle situation puisqu’en cas de problème, c’est sa responsabilité qui sera engagée».
BIRAHIM SECK, COORDONNATEUR DU FORUM CIVIL : «Que le ministre de l’Intérieur apporte des éclairages sur la présence de ces personnes sur le théâtre des opérations de la police
«Le Forme civil, section sénégalaise de Transparency international ne s’est pas seulement contenté d’une réaction de protestation contre ce qu’il convient d’appeler l’affaire de « l’intervention de la milice privée de la coalition au pouvoir » aux côtés des forces de défense et de sécurité dans le maintien de l’ordre lors des manifestations qui ont suivi l’arrestation du leader de Pastef, Ousmane Sonko. En effet, dans une correspondance envoyée au ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique avec pour objet : « Demande d’éclairage sur l’identité des personnes armées de bâtons sur le théâtre des opérations de la police et de la gendarmerie, à Dakar, dans la journée du 3 mars 2021 », Birahim Seck, a interpellé le ministre Antoine Felix Abdoulaye Diome ; « Monsieur le Ministre, lors d’opérations de maintien de l’ordre dans la journée du 3 mars 2021 à Dakar, la presse, couvrant les événements, a informé de la présence de personnes, s’identifiant comme gardes du Président de la République, en train de prendre à partie des passants ». « Le Forum Civil souhaite avoir, de votre autorité, des éclairages sur la présence desdites personnes sur le théâtre des opérations de la police et de la gendarmerie », poursuit son coordonnateur dans cette correspondance avant d’ajouter. « À cet effet, je vous fais tenir des éléments visuels sur les immatriculations des véhicules utilisés : - Voiture de couleur grise DK 0877 A - Voiture de couleur bleue DK 8912 AN - Voiture de couleur blanche DK 6665 AS Tout en vous renouvelant mon profond respect et ma parfaite considération, je vous prie de recevoir Monsieur le Ministre, mes salutations les meilleures».