EL HADJI DIOUF SOLDE SES COMPTES
"Je dérange tous les comploteurs de la République"
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Pour la première fois depuis son exclusion du procès de Khalifa Sall, Me El Hadj Diouf a profité de la conférence de presse des amis de Khalifa Sall à la ville de Dakar pour confirmer la décision du conseil de l’Ordre des avocats. Selon l’avocat, il préfère ne plus plaider ce dossier, persuadé que sa constitution dérange. Néanmoins, il a pris sa revanche contre le président Lamotte en expliquant qu’il n’a nullement le pouvoir de chasser un avocat dans un procès.
«Je ne suis plus avocat de la ville de Dakar et je n’ai pas pu me constituer pour défendre Khalifa Sall, le premier magistrat de la ville de Dakar, parce que je dérange, je dérange tous les comploteurs de la République», a d’emblée indiqué le bouillant avocat devant les partisans du député-maire, foulards rouges autour du cou. Il en veut pour preuve les «crocs-en-jambe» dont il a fait l’objet depuis le début de cette procédure.
A l’interpellation de Khalifa Sall, se rappelle-t-il, il a été indésirable dans les locaux de la brigade des Affaires générales de la Dic. Par la suite, au moment de l’instruction, alors qu’il ne s’était pas encore constitué étant député, l’Agent judiciaire de l’Etat lui avait envoyé une correspondance pour lui rappeler ce qu’il savait déjà. Pour autant, dit-il, l’Aje est revenu à la charge pour l’inviter à quitter le dossier. «L’Etat a peur de me voir dans ce dossier», révèle l’avocat. Revenant sur son expulsion par le président Lamotte, Me Diouf estime que c’est une faute grave. Pire, sous d’autres cieux, fait-il remarquer, le juge aurait été récusé. «Un avocat qui plaide son dossier et le juge qui se permet de s’autoproclamer tuteur de cet avocat pour juger le contenu de sa plaidoirie. Aucun texte de loi ne confère au juge cette prérogative de m’empêcher de plaider et il l’a fait», relève le tonitruant avocat. Toutefois, suite à la décision de ses pairs, le désormais ex-avocat de la ville de Dakar a décidé de se conformer. «Aujourd’hui, l’Ordre des avocats a pris une décision par son bâtonnier qui pense que je ne peux pas plaider. J’aurai pu faire des recours, mais je n’ai pas ce temps là. J’ai du respect pour mon Ordre et pour ne pas affaiblir mon Ordre, je préfère ne plus plaider dans ce dossier parce que c’est moi qui dérange», explique Me Diouf qui révèle que le président Lamotte a dit ce qu’il ne pouvait pas faire. «Seul l’Ordre des avocats peut m’empêcher de plaider. C’est notre cuisine interne. Le juge a fait hors sujet», se glorifie-t-il.
ME DIOUF, HOMME POLITIQUE
Cependant, même si l’avocat quitte définitivement le procès, il compte poursuivre le débat sur le champ politique pour, dit-il, apporter la «contradiction» à ceux qu’il considère comme des «apprentis dictateurs». «Si je n’interviens pas, je suis en train de commettre un délit de non assistance à personne en danger et Khalifa Sall est en danger du fait d’un pouvoir dictatorial, d’un pouvoir malhonnête … Le pouvoir tremble et c’est le maire qui le fait trembler. Le Sénégal debout va montrer sa fierté, ça suffit, trop c’est trop », fulmine l’avocat dépité.
BARTH TACLE LE PRESIDENT SALL
De son côté le maire de Mermoz Sacré-Cœur n’a pas manqué de peindre une régression démocratique de notre pays depuis l’avè- nement du président Macky Sall. Ce dernier, accuse-t-il, use de procédés déloyaux pour éliminer ses adversaires les plus sérieux à l’élection présidentielle de 2019. «L’exemple le plus éloquent est le cas du député-maire de Dakar, Khalifa Sall en détention arbitraire depuis dix mois. En effet, l’arrestation de Khalifa Sall procède d’une ignoble entreprise de liquidation d’un adversaire politique que d’une question de justice. Le président Macky Sall se substitue au peuple sénégalais et lui dénie le droit de s’affranchir de son régime de prévarication de ressources nationales», charge Barthélémy Dias. «Nous voulons lui dire qu’on ne pense pas que le Sénégal puisse être considéré comme une démocratie exemplaire et à ce titre, nous invitons le président Macron, à comprendre que ces accords économiques ne pourront pas prospérer - sans un environnement stable - et cela passe par une démocratie qui ne doit pas être chahutée, une démocratie qui ne doit pas être taclée», renseigne Dias-fils.