"JE L'AI PRÉCÉDÉ DANS CE STATUT DE VICTIME DE COMPLOT D'ÉTAT, MAIS JE LUI AI DONNÉ DES CONSEILS"
Idrissa Seck après sa visite au maire de Dakar à Rebeuss
L'ère de l'injustice est révolue au Sénégal et en Afrique. C'est l'avis du président du Rewmi, Idrissa Seck au sortir de sa visite au maire de Dakar Khalifa Sall à la prison de Rebeuss. Aussi, a-t-il engagé son parti à mettre un terme aux dérives du pouvoir. Ce qui passe par une victoire aux prochaines élections législatives. A cet effet, des mesures seront prises par le pm et le gouvernement qui seront de l'opposition pour arrêter la dégradation du pays.
Pensionnaire de la prison de Rebeuss depuis le 7 mars dernier dans l'affaire supposée de détournement d'un milliard 830 millions à la Caisse d'avance de la Ville de Dakar, Khalifa Sall a reçu hier, dans l'après-midi, la visite du président du Rewmi, Idrissa Seck en compagnie du député Thierno Bocoum. A sa sortie, l'ancien Premier ministre sous Wade s'est inscrit dans la même logique que ses prédécesseurs en qualifiant "d'injuste" la détention du maire de Dakar. Un emprisonnement dont l'objectif, dit-il, est "d'assombrir" son avenir politique.
"Je suis également étonné que le président de la République et son clan n'aient pas compris que le Sénégal a changé, l'Afrique a changé. Les peuples n'acceptent plus l'injustice, les peuples n'acceptent plus qu'un dirigeant manipule la justice, utilise la corruption, l'achat de conscience, l'embrigadement de certains organes de presse pour s'attaquer à des adversaires politiques. Ce sont des méthodes dépassées, ce sont des méthodes révolues et les populations dans toutes leurs composantes politiques, société civile, intellectuels, resteront mobilisées", fait remarquer le patron de Rewmi, avant d'engager la bataille pour sonner le glas des dérives du pouvoir.
"Pour notre part, nous nous y engageons pour mettre un terme à toutes ces dérives et à cette injustice flagrante qui maintient, aujourd'hui, Khalifa Sall, Bamba Fall et les autres comme des détenus politiques ici à Rebeuss", lance le résident de Rewmi qui n'a pas manqué de donner des recommandations au maire de Dakar. "Je l'ai taquiné parce que je l'ai précédé dans ce statut de victime de complot d'Etat, mais je lui ai donné des conseils aussi en lui disant de faire beaucoup de sport et de s'adonner à la lecture. Ce qu'il faisait déjà. Je suis très content de l'avoir trouvé en excellente santé dans une très belle forme", s'est-il réjoui.
Un Pm et un gouvernement de l'opposition
Devant les journalistes, le président du Rewmi est également revenu sur les enjeux des prochaines élections législatives et notamment la dynamique unitaire qui caractérise l'opposition. "Au niveau de l'opposition, nous travaillons ardemment à offrir une alternative au peuple sénégalais dès juillet prochain. Nous travaillons pour la liste unique. Nous sommes un certain nombre de leaders de l'opposition, nous nous concertons et nous avançons dans la construction de cette liste parce que nous savons que c'est une demande du peuple sénégalais", a indiqué Idrissa Seck, non sans tirer les conséquences d'une cohabitation au sortir de ces législatives.
"Si le peuple sénégalais nous donne une majorité à l'Assemblé nationale, cela entraînera automatiquement que le Premier ministre et le gouvernement soient sous le contrôle de l'opposition. Mais, cela permettra aussi d'arrêter les dérives, de prendre un certain nombre de mesures urgentes pour arrêter la dégradation de notre pays", relève le président Seck qui n'a pas voulu s'attarder sur le leader de l'opposition qui va diriger cette liste.
"C'est une question secondaire. Le plus important pour nous, c'est qu'il y ait une vaste coalition de l'opposition pour aller vers les élections, parce que si c'est le cas, quelle que soit la tête de liste, je pense que le peuple sénégalais choisira cette alternative", tranche le président du Conseil départemental de Thiès. Par ailleurs, il s'est félicité de l'évolution des inscriptions, notamment la frange jeune, sur les listes électorales.
A l'en croire, la jeunesse est engagée dans ce processus. Le rassemblement du mouvement Y en a marre, vendredi à la place de la Nation, s'est aussi invité au débat. L'occasion pour le patron de Rewmi de justifier la présence de son parti à cet appel de Fadel Barro et compagnie.
"Le Rewmi a été présent parce que nous soutenons tous les lanceurs d'alerte, que ces lanceurs d'alerte soient au sein de l'administration sénégalaise pour nous indiquer les mauvaises actions et les mauvaises pratiques de l'intérieur comme ce fut le cas avec Ousmane Sonko pour l'administration des finances, comme ce fut le cas avec le juge Ibrahima Dème pour la justice et d'autres cadres qui viennent nous voir, dans l'aviation civile, dans la santé pour dénoncer les pratiques de cette administration et de ce régime. Le mouvement Y en a marre est un mouvement de la société civile qui lance des alertes, qui rassemble les mécontentements populaires que ce soit le mécontentement des enseignants, des marchands ambulants, des expulsés des Etats-Unis, de la diaspora etc. Nous soutenons toute cette expression populaire", indique M. Seck.
Un garde pénitentiaire s'insurge contre Idrissa Seck et la presse : "Allez faire votre foutaise ailleurs"
Au terme de sa visite au maire de Dakar à la prison de Rebeuss, le leader du parti Rewmi, Idrissa Seck a éprouvé toutes les peines du monde avant de faire face à la presse. En effet, la presse et l'ancien Pm étaient tout simplement indésirables devant la grande porte de Rebeuss. Pourtant, auparavant, des personnalités publiques se sont adressées à la presse après une visite dans ce lieu de privation de liberté, sans aucun heurt. Ce qui n'a pas été le cas pour Idrissa Seck qui, à peine a-t-il sorti ses premiers mots devant les caméras que quatre gardes pénitentiaires ont fait irruption sur les lieux pour interrompre, d'une manière musclée l'interview.
"Allez faire votre foutaise ailleurs", s'est écrié un des agents de l'administration pénitentiaire. Joignant l'acte à la parole, il a commencé à bousculer les cameramen et à arracher les câbles des micros. En dépit de ce caractère discourtois des gardes pénitentiaires, aussi bien les journalistes que le patron de Rewmi ont obtempéré pour quitter les lieux. Ce qui n'avait nullement rassuré ces agents furieux qui continuaient d'user des coudes pour repousser les journalistes.
Dans ce tohu-bohu, certains cameramen ont failli perdre leurs équipements. Le calme revenu, Idrissa Seck n'a pas manqué de condamner cette attitude, qui dit-il, est contraire à la liberté d'expression et à la liberté de presse. "Voilà la nature du régime, mais je pense que le moment n'est plus très loin où nous pourrons faire ce qu'il faut pour nous débarrasser de ce régime", martèle l'ancien Pm.