JE VOTERAIS OUI
EXCLUSIF - L'éditorialiste de SenePlus NDIORO NDIAYE approuve les réformes institutionnelles proposées par le chef de l'État
Même si elle aurait préféré que Macky Sall se prononce aussi sur les questions migratoires, le suivi des conseils des ministres délocalisés et le rôle des familles dans la gestion des questions sécuritaires qui interpellent le pays, Ndioro Ndiaye se montre conquise par le message de Nouvel An du chef de l'État.
"J'ai trouvé le discours direct, volontairement ciblé sur certains sujets pour lesquels il était nécessaire de fournir un certain nombre de précisions", opine l'éditorialiste de SenePlus dans cet entretien exclusif avec votre site préféré.
En outre, la présidente de l'Alliance pour la migration, le leadership et le développement (AMLD) approuve le projet de réformes constitutionnelles du Président Macky Sall. Confiant qu'elle voterait oui si les changements en question étaient aujourd'hui soumis aux Sénégalais au cours d'un référendum.
Le discours de Nouvel An du chef de l'État a-t-il répondu à vos attentes ?
J'ai eu à dire déjà, dans certains media, que le discours du chef de l'État cette année était hautement stratégique et particulièrement différent de ceux que nous avons l'habitude d'écouter à la fin de chaque année. Les objectifs étaient clairement énoncés et leur choix a été délibéré selon ma lecture du texte.
Le président de la République a non seulement sélectionné, à dessein certes, les sujets sur lesquels il fait le point de l'état d'exécution par son gouvernement (c'est ce que la population attend, en général, de ce type d'adresse), mais il a anticipé les questions critiques que chacun d'entre nous se pose : les investissements bouclés, les actes posés, les actions menées, les profits et impacts attendus, comment tirer un maximum de profits des nouvelles facilités créées par les programmes en cours…
Que cela soit pour moi ou pour le commun des Sénégalais, ce qui est attendu d'un discours-bilan est la clarté des programmes et les perspectives qu'il dessine pour chacun d'entre nous…
Justement le fait de mettre en relief certains aspects de son bilan et la durée relativement longue du discours, une trentaine de minutes, font penser davantage à un propos de campagne électorale avant l'heure qu'à une simple adresse à la Nation. Partagez-vous ce point de vue ?
Un message à la Nation n'est jamais si simple pour n'importe quel citoyen, à plus forte raison pour un chef d'État. Qu'il ait duré 30 minutes, plus ou moins, je pense que celui-ci a été éminemment politique dans le sens K du terme et non partisan parce qu'il s'agit de la construction du pays et non d'une propagande de parti, fut-il le sien. Ce qui importe en ces moments, c'est la justesse de ses orientations et directives en tant que chef d'État en vue d'améliorer la vie des populations.
J'ai trouvé le discours direct, volontairement ciblé sur certains sujets pour lesquels il était nécessaire de fournir un certain nombre de précisions (et pas sur tous) ; c'est certainement pour ces raisons que nous n'avons pas eu de bilan et de projections sur certains secteurs-clés du développement socio-économique tels que les femmes et les jeunes… Ces secteurs doivent faire l'objet de bilans constants étant les germes de changements essentiels de l'ensemble du système actuel.
Quels sont les sujets que vous auriez aimé que le chef de l'État aborde dans son discours et qui n'y figurent pas ?
L'évaluation des conseils des ministres délocalisés : les promesses de financements publics, l'état d'exécution des décisions prises dans chaque région, les obstacles, les solutions amorcées, le chronogramme et les échéanciers… Qui, chez le Premier ministre, est responsable du monitoring et des redressements nécessaires ?
Il y a ensuite les questions migratoires et le leadership attendu du Sénégal dans la région ouest-africaine, africaine et, globalement, dans le monde.
Et enfin, l'importance de la famille dans la gestion des questions sécuritaires dans notre pays : quels messages dire aux familles sénégalaises face aux nouveaux défis sécuritaires avec lesquels il faut qu'elles apprennent à vivre et à anticiper ?
Le projet de changements institutionnels a occupé une place importante du discours de Macky Sall. Dans le paquet de 15 réformes qu'il compte soumettre au peuple, lesquelles vous semblent plus urgentes ?
Les réformes 5 ("Le renforcement de la citoyenneté par la consécration de devoirs du citoyen") et 15 ("L'intangibilité des dispositions relatives à la forme républicaine, la laïcité, le caractère indivisible, démocratique et décentralisé de l'Etat, le mode d'élection, la durée et le nombre de mandats consécutifs du Président de la République") sont centrales et consubstantielles avec toutes les autres réformes car leur mise en œuvre correcte les influence favorablement.
Si ce projet de réformes était soumis à référendum aujourd'hui, quelle serait votre réponse ?
Oui, bien sûr, il nous faut avancer et on ne peut le faire sans reformes volontaristes.
Dans ce contexte où le financement des partis politiques est sujet à débat, avec l'affaire Lamine Diack, le Président Macky Sall n'aurait-il pas été bien inspiré d'annoncer des mesures pour davantage de transparence dans le fonctionnement et le financement des formations politiques ?
La question du financement des partis politiques date de l'époque du Président Abdou Diouf sans qu'il n'y ait jamais eu de mesures claires et précises pour en faciliter la mise en œuvre. Cependant, à l'évidence, nous sommes tous concernés par le fonctionnement et le financement des partis politiques ; nos partis doivent se moderniser, la majorité est sclérosée et dépassée par les exigences de la vie politique actuelle autant au plan structurel que programmatique.
Je ne pense pas que le Président ait besoin d'annoncer ces types de projets sur lesquels son ministre de l'Intérieur et toutes les parties prenantes doivent plancher pour faire avancer notre démocratie, cela doit faire partie du calendrier républicain.