JOUR DE VÉRITÉ POUR KHALIFA SALL ET KARIM WADE
Les textes qui vont être votés aujourd’hui permettront à l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, et à Karim Wade, véritable leader du PDS, d’être éligibles à la prochaine élection présidentielle
Après le retrait du projet de loi visant la modification de l’article 87 de la Constitution, l’Assemblée nationale va se pencher, ce jeudi 20 juillet, sur l’examen d’autres projets de lois. Il s’agit notamment de celui n°10/2023 portant révision de la Constitution et de celui n°11/2023 modifiant la loi n°65-61 du 21 juillet 1965 portant code de procédure pénale. Visant à inscrire dans la loi les accords trouvés lors du dialogue national du mois dernier, les textes qui vont être votés aujourd’hui permettront à l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, et à Karim Wade, véritable leader du Pds, d’être éligibles à la prochaine élection présidentielle.
Les lignes bougent dans le champ politique depuis l’annonce de la non candidature à la présidentielle 2024 du président Macky Sall, le 03 juillet dernier. Déjà, une trentaine de candidatures à l’élection présidentielle 2024 ont été annoncées en attendant de passer l’étape du filtrage par le parrainage. Si en 2019, Khalifa Sall et Karim Wade n’avaient pas pu se présenter pour cause de condamnations judiciaires les rendant inéligibles, cette fois-ci ils sont en passe de retrouver leur éligibilité. Dans le même temps, le principal opposant au régime en place, le président de Pastef-les patriotes, Ousmane Sonko, sauf miracle ou très forte pression populaire, ne pourra pas prendre part au scrutin du 24 février prochain. Condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de jeunesse », son éligibilité est pour le moins incertaine. Il s’y ajoute une autre condamnation pour « diffamation »
Écartés de la dernière présidentielle suite à leur condamnation pour escroquerie sur les deniers publics, pour le premier, et pour enrichissement illicite, pour le second, Khalifa Sall et Karim Wade, grâce aux accords trouvés lors du dialogue national, vont revenir dans le jeu politique. La commission politique de ce dialogue a réglé le problème de leur inéligibilité permanente par la modification de l’article L29 du Code électoral. L’astuce trouvée c’est de dire que, désormais, tous les condamnés qui ont purgé leurs peines, sauf pour les cas de crimes, de détournements de deniers publics ou de trafics de stupéfiants, peuvent retrouver leurs droits civiques et politiques après une période probatoire de cinq ans. La modification de l’article L28 du code électoral permet de régler la question des amendes liées aux condamnations. Khalifa Sall et Karim Wade pourront se présenter à la présidentielle de 2024 si le projet de la révision du code électoral passe ce jeudi à l’Assemblée nationale. La majorité présidentielle, Wallu et Taxawu devraient voter en faveur des textes présentés. Ce même si le Parti démocratique sénégalaise criait urbi et orbi qu’il ne voulait pas d’une amnistie, exigeant la révision du procès de Karim Wade condamné à six ans de prison ferme et 138 milliards de francs CFA d’amende pour enrichissement illicite, avant d’être gracié par le président de la République Macky Sall. Faute d’avoir ce qu’ils exigeaient, les libéraux se contenteront donc de la réhabilitation politique de leur leader.
Khalifa Sall face aux défis de la remontada politique !
En participant au dialogue national, la coalition Taxawu Sénégaal est restée cohérente avec elle-même puisque ayant toujours refusé la politique de la chaise vide. A preuve, lors du dialogue national 2019, bien que son leader était en prison, elle avait participé. La décision de Taxawu de participer au dialogue national avait créé une crise au sein de la coalition Yewwi Askan wi, Pastef, la principale composante de cette coalition, ayant fait savoir son intention de ne pas répondre à l’invitation du président de la République. Dans tous les cas, Khalifa Sall ne sort pas perdant de ce dialogue. Il peut espérer recouvrer pleinement ses droits civiques et politiques et être éligible avec la modification de l’article L29 grâce au consensus trouvé lors du dialogue. Socialiste d’idéologie, l’ancien maire Dakar a été victime de ses ambitions politiques à travers ses projets de réalisation de la ville de Dakar. Son premier contentieux avec le régime a été le projet de réhabilitation de la Place de l’indépendance alors que le ministre de l’Urbanisme d’alors, Diène Farba Sarr, comme par hasard, avait, lui aussi, un projet pour la même place. À l’époque, on prêtait à Khalifa Sall des ambitions présidentielles bien qu’il n’ait déclaré sa candidature. Contre la position du Parti socialiste, il avait appelé à voter non au référendum constitutionnel du 20 mars 2016. L’État active alors l’affaire de la caisse d’avance. Condamné, l’ancien maire de Dakar perd son mandat de député et est limogé de son poste de maire de la capitale. Avec la non participation de Macky Sall à la présidentielle de 2024 et l’incertitude autour de l’éligibilité du leader de Pastef, Ousmane Sonko, l’heure de la remontada a peut-être sonné pour le leader de Taxawu Sénégaal, Khalifa Ababacar Sall. Car, qui sait ? 2024 pourrait bien être son année !