LA CHUTE D'UN VOISIN À PROBLÈMES
Les relations entre la Guinée et le Sénégal sous le régime d'Alpha Condé n’étaient pas au beau fixe. Abdoulaye Wade et Macky Sall ont chacun a eu droit aux accès de colère de l'ancien exilé de Dakar depuis son arrivée au pouvoir en 2010
Les relations entre la Guinée et le Sénégal sous le régime de Alpha Condé n’étaient pas au beau fixe. Aussi bien sous Wade que Macky Sall, chacun a eu droit aux accès de colère de Alpha Condé depuis son arrivée au pouvoir en 2010. Alors que Dakar lui a ouvert ses portes à l’époque de la dictature de Lansana Konté.
C’est un secret de polichinelle de dire que sous le régime de Alpha Condé les relations entre la Guinée et le Sénégal n’étaient pas au beau fixe. Cette crispation des relations s’est manifestée à plusieurs reprises à travers les sorties du Président Condé qui accuse le Sénégal de soutenir ses opposants. Le dernier exemple de la crispation c’est la fermeture de la frontière sénégalo-guinéenne en 2020 sur décision de Alpha Condé.
Dans un article de Jeune Afrique, l’entourage de Condé expliquait cette mesure comme relevant de «Sécurité nationale». En effet dans l’article en question, JA relève que la véritable cause de cette brouille, «c’est la présence au Sénégal d’activistes du Front national pour la défense de la Constitution (Fndc), que les autorités considèrent comme un «mouvement insurrectionnel», et en particulier de deux de ses dirigeants faisant l’objet de mandats d’arrêt émis par la justice guinéenne depuis les troubles qui ont précédé l’élection présidentielle du 18 octobre 2020 : Ibrahima Diallo (chargé des opérations) et Sékou Koundouno (responsable des stratégies)». Dans le même article, le magazine faisait savoir que selon un document des renseignements généraux guinéens qu’il a pu consulter, les militants du Fndc «se livrent à des déclarations et des actions dangereuses depuis le territoire sénégalais et des tentatives d’introduction d’armes de guerre auraient été déjouées aux postes frontaliers». Des accusations qui ont toujours été démenties par les autorités sénégalaises qui «se sont toujours défendues de soutenir ou d’encourager des actions de déstabilisation de la Guinée». Il faut rappeler que les relations entre les président Alpha Condé et Macky Sall se sont progressivement dégradées en mi-2020 parce que Condé soupçonnait le président Sall d’être proche de son adversaire Cellou Dalein Diallo. En mars dernier lors des violentes manifestations à Dakar, le président de la Guinée en avait rajouté une couche. Une déclaration qui avait fini de convaincre les plus sceptiques sur sa colère contre les autorités sénégalaises. Dans un article de Financial Afrik, il avait commenté ce qui se passait au Sénégal : «Ceux qui voulaient que la Guinée brûle, nous tous voyons ce qui se passe chez eux. Ce qui veut dire que Dieu ne dort pas. Moi, je ne me querelle avec personne, pas un seul jour depuis que j’ai été élu Président, aucun opposant n’est venu à Conakry pour diffamer le gouvernement. Ça, je ne l’accepte pas. Mais tout le monde sait, tous ceux qui nous insultent, tous ces cris de la Guinée «va brûler», tout se fait à Dakar. Tout le monde le sait, mais Dieu est là.»
Autre fait marquant des relations tumultueuses entre le Sénégal et la Guinée sous Alpha Condé, c’est la fermeture des frontières avec la Guinée en 2014 à l’initiative du Sénégal à cause de l’épidémie d’Ebola qui sévissait dans ce pays. Là aussi, le président Condé a eu du mal à contenir sa colère. Il avait alors accusé le Sénégal de stigmatiser son pays et d’entraver la liberté de circulation des personnes et des biens. Il a fallu l’organisation du sommet de la Francophonie en novembre 2015 à Dakar pour assister à la décrispation des relations entre les deux pays.
Avant Macky Sall, les relations entre Wade et Condé étaient aussi tendues alors que les deux hommes ont été longtemps proches. En septembre 2011, Alpha Condé avait accusé le Sénégal et la Gambie de n’avoir rien fait pour empêcher la tentative d’assassinat dont il a été victime quelques mois plutôt. Dans un article de Jeune Afrique, Condé accusait les autorités sénégalaises et gambiennes de l’époque en ces termes : «J’estime que l’attentat a été préparé à l’hôtel Méridien Président, à Dakar, et qu’il y a eu des va-et-vient entre Dakar et la Gambie. J’estime que cela ne pouvait pas se faire à leur insu.» Le règne de Alpha Condé en Guinée aura ainsi été marqué par différentes brouilles, des déclarations amères à l’endroit des autorités sénégalaises aussi bien sous Wade que sous Macky Sall.