LA CINGLANTE REPLIQUE D’ABDOU KARIM FOFANA A L’ELITE INTELLECTUELLE
La pétition des principes oubliés», c’est le titre de la lettre signée par le porte-parole du gouvernement et adressée aux signataires d’une pétition sur l’arrestation d’Ousmane et la dissolution de son parti
Très remonté par la pétition signée par plus de 200 intellectuels et publiée ce weekend par la coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains (COSEDDH) pour dénoncer l’arrestation d’Ousmane Sonko et exiger sa liberté, la réplique du porte-parole du gouvernement ne s’est fait pas attendre. Dans une note intitulée « AKF répond aux 142 : la pétition des principes oubliés », Abdou Karim Fofana donne un cours magistral aux signataires, professionnels du droit pour la majorité, sur la constitution et le principe de la séparation des pouvoirs.
AKF répond aux 142 : la pétition des principes oubliés», c’est le titre de la lettre signée par le porte-parole du gouvernement et adressée aux signataires d’une pétition sur l’arrestation d’Ousmane et la dissolution de son parti. Dans cette missive très salée, Abdou Karim Fofana donne un cours de droit à plus d’une centaine d’hommes et de femmes qui ont signé la pétition relative à la démocratie et à l’Etat de droit. Selon lui, ces sujets leur ont servi de prétexte pour appeler à la libération d’Ousmane Sonko «au mépris des principes de ce même Etat de droit». Pour le ministre du Commerce, ces signataires, par leur démarche, s’inscrivent dans la longue tradition du débat d’idées consubstantiel à notre démocratie, «s’éloignant ainsi, au moins momentanément, de l’apologie de la violence et de l’introduction de termes inappropriés tels que le vulgaire «Gatsa Gatsa» dans le débat public». Pis encore, «voir des intellectuels et professionnels du droit, pour la majorité des signataires, fouler aux pieds le principe de la séparation des pouvoirs», interpelle au plus haut niveau, selon le porte-parole du gouvernement.
Pour AKF, appeler le président de la République, par l’intermédiaire du garde des Sceaux, à demander au parquet de libérer un détenu inculpé par un juge d’instruction relève soit d’une méconnaissance du fonctionnement de la justice, soit d’une tentative d’entretenir un amalgame à dessein. Une offense que, dit-il, aucune des autorités suscitées ne fera à la justice. Par ailleurs, il dit avoir l’habitude «des amalgames et manipulations d’un groupe de politiciens signataires et de leurs alliés attitrés membres de la société civile qui cette fois, ont pu compter sur le renfort d’autres personnalités ainsi entraînées dans une démarche politicienne dont cette pétition n’est qu’un énième reflet». Faisant l’historique des faits, il déclare : «lorsqu’on lit la pétition, on a envie de demander aux signataires où ils étaient quand le prisonnier dont ils appellent à la libération, au mépris du droit, disaient à des jeunes «d’en finir avec Macky Sall et de le traiter comme Samuel Doe ancien Président libérien traîné par des putschistes dans la rue jusque sur une place publique, torturé et découpé en morceaux, en précisant que les jeunes sont bien entraînés et, dotés d’armes, chacun d’entre eux pourra mener à bien ce projet ?». Ou encore quand «il demandait à ses partisans de donner leur vie face aux forces de l’ordre dans ce qu’il appelle un Jihad ? Quand il appelait l’armée à prendre ses responsabilités, appel que son ex-parti réitérera dans un communiqué daté du 1er juin 2023 exhortant au coup d’Etat ?».
Poursuivant toujours ses questionnements, il demande : «que doit-on comprendre lorsque ces signataires qui se présentent comme des humanistes passent sous silence l’attentat sur un bus ayant causé la mort d’une jeune femme de vingt et un ans et d’une jeune fille de sept ans, à la suite des appels à l’insurrection du justiciable qui bénéficie de leurs signatures ? Lorsqu’ils restent muets sur les appels répétés au coup d’Etat et aux mouvements insurrectionnels rendus publics par le parti dont ils contestent la dissolution alors que ces actes ont constitué un manquement aux obligations des partis politiques figurant à l’article 4 de notre Constitution et à l’article 4 de la loi n°81-17 du 06 mai 1981 modifiée par la loi n° 89-36 du 12 octobre 1989 ?». Il s’indigne que des professeurs d’université détournent leurs regards face aux incendies de facultés et de bibliothèques universitaires ; quand des journalistes ne versent pas la moindre petite larme à propos du saccage du CESTI qui forme les femmes et hommes de médias de ce pays ; quand les chevaliers autoproclamés de la démocratie bénissent des pillages de commerces et de banques, des attaques sur des infrastructures névralgiques telles que des transports, des centrales électriques, des installations de distribution d’eau dans le but de paralyser l’activité économique du pays et installer le chaos».
Face à tous ces agissements contre l’Etat de droit, le ministre porte-parole du gouvernement estime que ces signataires devraient se féliciter que les refus de répondre aux magistrats, les tentatives d’installer un climat de terreur pour ne pas répondre à la justice ainsi que tous les actes de défiance, d’insurrection et de sédition n’aient pas prospéré. «Si, comme vous l’écrivez, vous êtes soucieux de l’Etat de droit, attachés à la paix, à la stabilité, à l’unité, à la concorde nationale, à la préservation des acquis démocratiques et au respect de la Constitution, reprenez les esprits», invite le ministre du Commerce avant d’inviter «les pétitionnaires qui sont de bonne foi» de se réjouir que la séparation des pouvoirs que leur pétition appelle à violer reste un principe intangible de notre république.