LA JOURNALISTE BRITANNIQUE QUI "MOUILLE" SONKO EST INTROUVABLE
Plusieurs sites d’information ont repris jeudi, l’article publié par le quotidien Les Echos affirmant qu’Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle est « cité dans des liaisons dangereuses avec Tullow Oil », une compagnie pétrolière
(Note : il ne s’agit pas ici de confirmer ou d’infirmer l’implication d’Ousmane Sonko dans cette affaire mais plutôt d’interroger la fiabilité de l’article qui le « mouille » ).
Le journal, citant une « journaliste britannique » Michelle Damsen, présentée comme une spécialiste des questions pétrolières, ajoute que la compagnie pétrolière Tullow Oil, « a ciblé Ousmane Sonko pour l’aider dans sa communication en échange d’une forte somme d’argent ».
Mais plusieurs faits troublants suscitent des interrogations.
Une contribution dans un site ghanéen
L’article de la « journaliste » Michelle Damsen a été publié sur le site ghanéen Modern Ghana. Alors que son auteure est présentée, par les médias sénégalais qui en parlent, comme une « journaliste d’investigation », le texte, lui, n’est pas le résultat d’une enquête mais plutôt une contribution qui a été publiée dans la rubrique opinion du site.
Par ailleurs, l’article se contente d’affirmer qu’Ousmane Sonko a bénéficié de l’appui financier d’une grande compagnie européenne, sans citer le nom de ladite compagnie ni spécifier la valeur dudit soutien financier.
Qui est Michelle Damsen ?
Michelle Damsen est présentée comme une « journaliste londonienne spécialiste des questions de pétrole et de gaz ».
Aucune recherche sur Google n’a permis de trouver le moindre article d’enquête publié par elle. Le seul texte écrit par Michelle Damsen auquel renvoie le moteur de recherche, c’est celui portant sur Ousmane Sonko.
En outre, toutes nos recherches sur les différents réseaux sociaux ont été infructueuses. Aucune trace de Michelle Damsen sur Twitter, Facebook, encore moins Linkedin. Ce n’est certes pas une preuve suffisante, mais c’est tout de même une curiosité.
Africa Check a également envoyé un courriel à la rédaction de Modern Ghana pour entrer en contact avec Michelle Damsen. Le site ghanéen nous a fait savoir qu’il ne pouvait pas nous donner l’adresse email de la concernée, mais qu’il pouvait transférer notre message à Mme Damsen. Notre sollicitation est restée sans réponse.
Par ailleurs quelques minutes après notre email, Modern Ghana a retiré l’article de Michelle Damsen en expliquant l’avoir fait « dans l’attente des preuves de son auteure », tout en précisant, en anglais, que le texte est « une opinion d’un individu et non de l’information ».
Recontacté par Africa Check pour avoir des détails sur les raisons du retrait de l’article, Modern Ghana a expliqué que c’est « parce que l’auteure n’a pas été en mesure de soutenir ses accusations avec des preuves concrètes » et qu’elle « promet de le faire à la fin du mois ».
Michelle Damsen ou Michelle Madsen
Plus tard dans la journée du jeudi 10 janvier 2019, le site internet Pressafrik a publié un article indiquant que la journaliste Michelle Damsen est « introuvable ». Mais des internautes ont publié sur Facebook une capture d’écran du compte Twitter d’une certaine Michelle Madsen, journaliste d’investigation, suggérant qu’il s’agit d’une erreur dans l’écriture du nom Madsen.
Michelle Madsen dispose de trois sites internet, dont celui affiché sur son compte Twitter qui n’était pas fonctionnel quand nous avons essayé de le visiter.