« LA JUSTICE DOIT FAIRE SON TRAVAIL »
Le directeur des Services fiscaux de la Direction des impôts et domaines invite Benno Bokk Yaakaar à l’unité en perspective de l’élection du prochain maire de Dakar - Il ne ménage pas ses camarades de parti qui s’activent dans l’achat de conscience

Mame Boye Diao ne ménage pas ses camarades de parti qui s’activent dans l’achat de conscience. Arona Coumba Ndoffène Diouf et Abdou Lahad Kâ sont accusés d’avoir recouru à de telles pratiques. Le responsable apériste de Kolda appelle même la justice à faire son travail pour élucider ces affaires. Dans cet entretien, le directeur des Services fiscaux de la Direction des impôts et domaines invite Benno Bokk Yaakaar à l’unité en perspective de l’élection du prochain maire de Dakar.
Où en êtes-vous avec la campagne de collecte de parrains pour votre candidat Macky Sall ?
Nous avons un objectif ambitieux de dépasser les 2,5 millions de signatures pour régler certaines questions puériles soulevées par l’opposition pour montrer la représentativité et la popularité de notre candidat Macky Sall. Donc, nous avons fixé des objectifs pour chaque commune et nous espérons les dépasser. L’idée est de montrer, au mois de décembre, que le Président Macky Sall est majoritaire dans le cœur des Sénégalais. Cela va nous permettre de mieux enclencher le processus pour sa réélection.
Quel est votre objectif en termes de nombre de parrains à Kolda où vous militez ?
Nous avons un objectif fixé par le pôle parrainage de 32 000 parrains en rapport avec le fichier électoral du département de Kolda. Notre démarche a été de convoquer tous les responsables départementaux de la coalition Benno bokk yaakaar ainsi que les mouvements de soutien au président de la République. Cette réunion s’est tenue à la mairie de Kolda à l’issue de laquelle nous sommes en train de dérouler un plan d’actions. Le processus se fait dans la sérénité et l’enthousiasme parce que Kolda est l’une des régions qui ont le plus bénéficié des politiques publiques qui ont été mises en place par le chef de l’Etat. Nous engageons le processus de façon unitaire, sans anicroche. Nous pensons que nous allons dépasser les 32 000 signatures que nous nous sommes fixé comme objectif.
Avec un objectif national de 2,5 millions de signatures, le pouvoir n’est-il pas dans une logique d’invalider les autres candidatures ?
Cela répond déjà à une question de popularité ou pas du Président Macky Sall. L’opposition fait croire à l’opinion que le Président est minoritaire. Nous pensons que la première réponse à donner à cela, c’est de montrer que Macky Sall est largement majoritaire dans ce pays. Deuxièmement, le parrainage est une question sensible, une nouveauté dans notre pays et il faut aussi gérer les questions subjectives. Si un de nos militants n’est pas sollicité pour le parrainage, il peut penser qu’il n’a pas l’importance qu’il faut. Donc, cela peut le frustrer et l’amener à parrainer un autre candidat. Chaque candidat déclaré doit pouvoir compter sur ses propres forces pour dire à terme à peu près ce qu’il pèse.
Mais avec 2,5 millions de parrains, il y a des risques de doublons…
Le pouvoir ne s’est pas fixé comme objectif d’invalider les candidats de l’opposition. D’ailleurs, il n’a pas ce pouvoir, cette tâche de valider ou pas une candidature revient au Conseil constitutionnel. Pourtant Bougane Guèye Dany et Malick Gakou se sont fixé chacun un objectif de 500 mille parrains. Le Pds table sur 1 million de parrains… Donc, chaque candidat s’est fixé des objectifs. Si c’est l’opposition qui parle d’un million ou 500 mille signatures, on ne dit rien, mais si c’est le pouvoir, on crie au scandale et on nous accuse de vouloir invalider des candidatures. Nous voulons 2,5 millions de parrains pour juste montrer notre force.
Finalement la question de l’achat de conscience n’est-elle pas en train de plomber la pertinence du parrainage ?
Dans le déroulement des processus politiques, le Président appuyait financièrement les différents comités électoraux, que ce soit les Législatives ou les Locales. Mais pour un processus de parrainage, aucun franc n’a été ni dégagé ni mis à la disposition des différents comités.
Pourtant Thierno Alassane Sall parle de 2 milliards mobilisés par le pouvoir pour acheter des parrains…
C’est faux ! Cet homme n’a jamais gagné une élection à Thiès, y compris dans sa propre commune. C’est pourquoi il avance des propos fallacieux. Ces accusations sont faites par des personnes qui ne peuvent même pas avoir 50 000 signatures. Tout le monde sait que lorsqu’on va vers des élections, le Président sort une cagnotte pour aider les différents comités électoraux. Mais pour cette campagne de collecte de parrains, aucun budget n’a été établi. Au niveau de la région de la Kolda, nous n’avons reçu aucun franc et c’est le cas pour les autres responsables de la coalition. Il s’agit d’un choix que nous avons fait pour rendre au Président la monnaie de sa pièce parce qu’il a placé le Sénégal sur la voie du développement. Nous autres, ses responsables, pensons qu’il ne devait pas s’investir dans ce processus. Thierno Alassane Sall était avec nous, donc, il sait que dans toutes les élections qui se sont déroulées, le Président n’a jamais donné plus de 5 millions à un comité électoral. Avec 5 millions, comment peut-on faire une campagne ? Donc, c’est rien du tout. Le Président n’a jamais voulu faire des élections une question d’argent entre lui et les populations.
Le ministre-conseiller Arona Coumba Ndoffène Diouf promet dans la commune de Mbar 1,5 million de francs Cfa au village qui aura le plus de parrains et le maire de Touba, Abdou Lahad Kâ, dans une vidéo qui circule sur le net, donne 50 000 francs Cfa à chaque parrain. Ces affaires ne sont-elles pas des cas d’achat de conscience avérés ?
Pour le cas de Touba, si une personne donne 50 000 francs à chaque parrain, c’est parce qu’il doit être immensément riche. 50 000 francs par parrain, c’est énorme ! Je reconnais la ligne de mon parti qui dit que la collecte de parrainages doit être une action volontaire et libre. Les cas que vous me citez sont des cas isolés qui peuvent être mal vus par l’opinion mais qui ne concernent pas la direction du parti. Je suis formel : ni le président de la République ni le directoire de campagne n’ont dégagé un budget pour l’achat de conscience et des promesses électoralistes. Je condamne ces pratiques de ces responsables. Ce sont des éléments qui sont minimes par rapport au processus global. L’Apr se démarque de toutes ces pratiques. Nous ne sommes ni dans l’achat de conscience ni dans les promesses mirobolantes pour obtenir des parrains. Nous sommes assez forts pour atteindre nos objectifs en termes de parrains. Ceux qui le font, doivent assumer devant la justice de ce pays. Ces gens sont en train de faire croire à l’opinion que le Président n’est pas majoritaire alors que c’est tout à fait le contraire. Ils peuvent faire douter les votants. Au niveau de la majorité, ces personnes, qui font de l’achat de conscience, sont des responsables qui n’ont pas de base. C’est un moyen de prouver au président de la République qu’on est fort dans notre localité. Cependant, ils utilisent des moyens malheureux.
Etes-vous pour que l’Ofnac s’autosaisisse pour élucider ces cas Arona Coumba Ndoffène Diouf et Abdou Lahad Kâ ?
S’il y a des cas de corruption avérés, il faudrait que la loi s’applique à tout le monde, pouvoir comme opposition. Mais je dois souligner que ce ne sont que ceux qui savent qu’ils ne peuvent pas avoir le nombre de parrains requis qui crient à l’achat de conscience. Je n’ai pas entendu un parti comme Rewmi agiter ces questions parce qu’il sait que le nombre de parrains demandé n’est pas un problème. L’opposition pose un débat puéril. C’est le cas avec cette accusation grave du parti Pastef à l’égard du Président Macky Sall par rapport aux ethnies et aux confréries. Voilà des gens qui nous ont habitués à des accusations bizarres. Cependant, ils sont en train de franchir un cap très dangereux. Le président de la République n’a jamais communiqué en faisant référence à son appartenance confrérique, religieuse, ethnique ou régionale. Je mets au défi quiconque de me sortir un élément dans lequel le Président fait référence à cela. Pour la première institution du pays, l’accuser d’user de cela est une faute très grave. Beaucoup d’hommes politiques font dans la vindicte pour devenir des héros. Personnellement, je ne connais pas l’appartenance confrérique de Macky Sall alors que tout le monde connaissait la confrérie de son prédécesseur. J’appelle les gens de Pastef à la raison. Nous sommes dans un pays où chrétiens et musulmans ont des relations fraternelles, de même que les différentes confréries. Les Sénégalais ne vont pas les suivre dans cette voie.
Quelle lecture faites-vous de la décision du président de la République de nommer des délégués régionaux pour la Présidentielle de 2019 ?
Le président de la République s’est inscrit, depuis 2012, dans une dynamique de coalition. Au départ, il s’agissait de la coalition Macky2012 qui nous a amenés au second pour devenir ensuite Benno bokk yaakaar. Dans sa logique de «gagner ensemble et gouverner ensemble», le Président a fait des choses assez similaires par rapport à Bby. Il y a des responsables de l’Apr, du Ps de l’Afp, entre autres. C’est un message fort de Macky Sall qui tient à cette coalition. Deuxièmement, dans le dispositif mis en place dans le cadre du parrainage, les délégués régionaux interviennent dans le processus de collecte de parrains. Ils seront l’interface entre le candidat Macky Sall et les différents parrains par le canal des collecteurs. Je salue les choix portés sur Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Mahammed Boun Abdallah Dionne ou Robert Sagna parmi les délégués régionaux. Cela confirme le leadership du Président Macky Sall qui a choisi de faire avec une équipe constituée de différents alliés et compte se battre avec cette machine pour sa réélection.
Pour la succession de Khalifa Sall, il est agité le nom de Alioune Ndoye pour le Ps et celui de Zator Mbaye pour l’Afp. Ne s’achemine-t-on pas vers une guerre Ps-Afp au sein de Bby pour le contrôle de la Ville de Dakar ?
Que des noms soient agités, ce n’est pas un problème. Le groupe de Khalifa Sall a sa propre stratégie. Dès qu’il y aura une dispersion au niveau de la candidature de Benno, le bloc de Khalifa Sall va gagner aisément. Ce sera encore une fois la résultante de nos petites querelles qui pourront aboutir à cet échec dans la reconquête de la Ville de Dakar. Khalifa Sall a été élu avec une équipe qui est restée soudée. Ceux qui sont en face, s’ils y vont en ordre dispersé, ils créent eux-mêmes les conditions de leur échec.