LA MISSION PÉRILLEUSE DE MALICK SALL À THIÈS
Une délégation nationale de Benno Bokk Yaakaar, conduite par Me Malick Sall, séjourne depuis hier à Thiès, pour rencontrer les différentes composantes de la famille politique présidentielle à Thiès
Une délégation nationale de Benno Bokk Yaakaar, conduite par Me Malick Sall, séjourne depuis hier à Thiès, pour rencontrer les différentes composantes de la famille politique présidentielle à Thiès. La mission du ministre de la Justice consiste à recoller les morceaux de la coalition, avant de sonner la remobilisation en direction des prochaines élections législatives. Mais force est de constater que la mission est périlleuse, parce que menée dans un contexte marqué par de fortes dissensions internes et des plaies encore béantes laissées par les investitures des dernières locales.
Conformément à la lettre circulaire du Président Macky Sall, leader de la grande coalition Benno Bokk Yaakaar, des délégations sillonnent les différents départements pour remercier les responsables et militants après les dernières élections locales et sonner la remobilisation en direction des élections législatives du 31 juillet prochain. Il s’agit en clair de recoller tous les morceaux de la coalition, pour attaquer à l’unisson ce prochain défi électoral. Et c’est Me Malick Sall, par ailleurs ministre de la Justice, qui dirige la délégation chargée de mener cette périlleuse mission à Thiès, en compagnie de l’ancien maire de Guédiawaye Aliou Sall de l’Alliance Pour laRépublique (Apr) et de Mamadou Faye du Parti Socialiste (Ps).
La mission est périlleuse à Thiès, pour la simple raison que la grande majorité présidentielle ne l’est actuellement que de nom, car profondément atteinte par des divisions internes, qui ont laissé des plaies encore béantes, suite aux dernières investitures en direction des élections locales du 23 janvier 2022. Des pans entiers de cette majorité n’ont jamais accepté que le Rewmi soit leur locomotive. Et certains responsables ont pris leur courage à deux mains pour s’opposer ouvertement et aller rejoindre des listes parallèles, là où d’autres ont caché leur jeu, en faisant semblant de rester dans la coalition, mais pour ramer à contrecourant et même promouvoir des votes sanctions. Ce qui s’est traduit par la déroute électorale au soir du 23 janvier. La division interne consécutive aux investitures a fait que la famille politique présidentielle, agrandie par le retour du Rewmi, s’est finalement retrouvée dans 4 listes concurrentes, qui ne se sont pas fait de cadeaux durant la campagne.
Il s’agit de la coalition Benno Bokk Yaakaar, Waa Thiès, And Siggil Thiès, Union Citoyenne Bount-bi. C’est dans ce contexte que la mission de la coalition conduite par Me Malick Sall est dépêchée pour tenter de recoller les morceaux. La complexité de la tâche fait que la mission a mis en mouvement une autre approche, pour communiquer avec ses cibles.
Contrairement à Tivaouane où il y a eu une grande plénière d’échanges sur les questions politiques, à Thiès la mission a installé ses quartiers dans un hôtel de la place, pour rencontrer séparément toutes les composantes de la famille politique présidentielle. Selon nos sources, il y a eu de grands moments, marqués par un procès contre le « Mburook Soow ». C’est ainsi que tous les facteurs externes et internes qui ont causé le naufrage électoral ont été exposés devant la délégation. Certains ont même clairement expliqué que dans le passé, ils ont passé le temps à dénoncer la gestion de Rewmi, ce qui a été confirmé par des responsables du même parti et de ce point de vue, ils ne sont pas prêts à ravaler leurs vomissures, pour adopter une posture qui laisse entendre qu’ils sont les meilleurs.
NAISSANCE D’UN NOUVEAU CADRE POLITIQUE PARALLELE
D’autres partis de la coalition ne digèrent pas le fait que le « Mburook Soow » fonctionne comme si les deux seuls partis, en l’occurrence le Rewmi et l’APR, étaient concernés et comme si donc les autres n’existaient pas. « C’est une inélégance inacceptable, qui a pesé sur la déroute électorale » nous souffle un responsable de BBY. D’un tel point de vue, tout laisse croire que la coalition BBY risque d’aller encore vers de grandes difficultés, avec les prochaines investitures en direction des élections législatives.
En tout cas, les trois listes parallèles qui ont défié la coalition BBY lors des élections locales et dont le cumul des voix obtenues dépasse de loin les scores de Yewwi Askan Wi et de BBY, ont décidé de se retrouver autour d’une plateforme politique partagée. Il s’agit de la grande coalition citoyenne And Siggil Thiès, de l’Union Citoyenne Bunt Bi et de Waa Thiès. Elles se sont retrouvées chez Souleymane Ndiaye « Brin », pour accorder leurs violons autour de la position à adopter devant la mission dépêchée par la coalition. Selon nos sources, elles ont décidé ainsi de fédérer leurs efforts, pour faire face à tous les cas de figure, même si le Président Macky Sall a laissé entendre que les listes parallèles ne seront acceptées par la mouvance, lors des élections législatives.
D’ailleurs, il est prévu une rencontre publique, pour acter officiellement la naissance de ce nouveau cadre politique, qui portera désormais la voix de ces listes parallèles. Selon une source ayant participé à la rencontre, le maître mot est que ces responsables ne se laisseront pas faire, en prenant leurs responsabilités afin que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets, en ce qui concerne les prochaines législatives.
En tout cas Me Malick Sall et Cie poursuivent leur mission, qui devrait s’achever normalement le jeudi. D’ici là prie un responsable, ils parviendront peut-être à dissiper tous les nuages de la discorde et remettre la grande coalition BBY sur ses pieds car jusqu’ici, elle n’existe que de façon conjoncturelle, pour gérer des élections dans la douleur.