LA PEUR BLEUE DES REGIMES
La quasi-totalité des acteurs politiques optent pour le bulletin unique
Le nombre de listes, jugé excessif par beaucoup d’acteurs lors des législatives dernières, les problèmes organisationnels qui en découlent le jour du scrutin et les coûts exorbitants qu’engendre cette situation font que la quasi-totalité des acteurs politiques optent pour le système du bulletin unique. Toutefois, force est de constater que tous les régimes qui se sont succédé ont systématiquement rejeté ce système, même si auparavant cette question faisait parti de leurs revendications en tant qu’opposants.
Appelé à procéder à l’arbitrage des questions qui ont été les points d’achoppement lors des concertations sur le processus électoral, le chef de l’Etat, Macky Sall, qui a adopté en Conseil des ministres des projets de loi portant modification du Code électoral et de la Constitution, remettra aux calendes grecques le système du bulletin unique. C’est d’autant plus plausible que le président semble avoir validé les propositions des plénipotentiaires du pôle de la majorité lors du dialogue politique. En effet, la question du parrainage élargie aux formations politiques et coalitions de partis politiques a été l’une des propositions de la mouvance présidentielle. Encore que, lors des discussions, la majorité avait soulevé un certain nombre de problèmes techniques qu’impliquerait le bulletin unique. Par conséquent, elle penchait plus pour la proposition de la Commission électorale nationale autonome (Cena) et de la Société civile qui avaient suggéré qu’une Comission scientifique soit mise en place pour étudier les problèmes évoqués. Ce qui fait dire que le bulletin unique ne sera pas appliqué lors des joutes à venir, car jusque là aucune initiative n’a été prise pour créer cette commission censée réfléchir sur la faisabilité dudit système.
D’ailleurs même, cette question du bulletin unique a toujours constitué la peur bleue des régimes qui se sont succédé au Sénégal. Aucun d’entre eux, que ce soit sous les socialistes avec Abdou Diouf, sous les libéraux avec Abdoulaye Wade et maintenant sous les Apéristes de Macky Sall, n’a daigné initier une réforme favorable à un tel système. La question de l’analphabétisme de la majorité des électeurs, a souvent été convoqué par les acteurs politiques en exercice, prétextant que ces derniers, ne sachant ni lire ni écrire, ne pourront pas effectuer un choix à partir du bulletin unique. Mais, en réalité, un tel dispositif militerait plus en faveur de la réduction du coût des élections, dans un pays relativement sans ressources, ou encore, il permettrait de réduire les «achats de conscience», les temps de vote et de dépouillement des voix, et tant d’autres avantages. Vu sous cet angle, l’on est tenté de se demander sur le but recherché par les acteurs en exercice dans cette abstinence à faire du statuquo.