« LA PROCHAINE ETAPE SERA POUR LUI RETIRER LE MANDAT DE DÉPUTÉ »
HELENE TINE SUR LE CAS KHALIFA SALL
L’annonce de la nouvelle de la révocation de Khalifa Sall de ses fonctions de maire de Dakar a fait l’effet d’une bombe. Mais selon Hèlène Tine, cela ne fait que confirmer l’acharnement contre le député maire de Dakar. Elle ajoute que «la prochaine étape sera certainement d ’ i n s t r u m e n t a l i s e r l’Assemblée Nationale pour lui retirer le mandat de député».
La classe politique et les Sénégalais ont diversement apprécié la décision de révocation de Khalifa Sall de ses fonctions de maire de Dakar, suite à la confirmation de sa condamnation par la Cour d’Appel de Dakar. Pour l’ex député Hélène Tine, cette décision ne fait que confirmer tout ce qui a été dit sur ce dossier depuis le début, c’est-à-dire l’acharnement contre Khalifa Sall. «La prochaine étape sera certainement d’instrumentaliser l’Assemblée Nationale pour lui retirer le mandat de député», dit-elle.
D’après Hélène Tine, si aujourd’hui le pouvoir brandit le Code des collectivités locales qui est une loi organique pour dire qu’il l’a amené à prendre ce décret de révocation, c’est sûr que le dossier est en train de migrer vers l’Assemblée Nationale et tout le monde sait ce qui va arriver là-bas. Elle affirme qu’il est clair qu’ils vont également brandir le règlement intérieur de l’Assemblée qui est aussi une loi organique pour dire qu’un député condamné à un certain niveau doit être déchu de son mandat. Sur les raisons de cette attitude du pouvoir, Hélène Tine relève qu’il n’a jamais pu digérer la victoire de Khalifa Sall à Dakar en 2014 et à l’élection des membres du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT). Pour elle, il s’est agi d’un procès purement politique et la précipitation avec laquelle la décision de révocation a été prise, constitue un aveu de taille par rapport à tout ce qui a été dit. «Le Sénégal a été épinglé par la Haut Cour de Justice de la CEDEAO parce que tout simplement la procédure qui a mené Khalifa Sall en prison était entachée pour violation de sa présomption d’innocence et le Sénégal a même accepté de payer une amende. Cela veut dire qu’il est coupable, qu’il a eu tort et la décision de la CEDEAO n’a pas été appliquée dans sa globalité. Maintenant la procédure s’achemine vers la Cour Suprême et les mêmes pratiques ont recommencé».
Et de l’avis d’Hélène Tine, le Président de la République qui appelait il y a quelques jours au respect de la magistrature, devait attendre que la Cour Suprême se prononce, avant de poser quelque acte que ce soit. Mais aujourd’hui dit-elle, il faut se demander à juste raison quelle serait l’attitude du Président de la République si demain la Cour Suprême cassait le verdict. «Estil assuré que la cour Suprême va aller dans le sens de ce qu’il veut ? Manifestement, il avait hâte que les choses en arrivent là, pour prendre ce Décret-là » . Pour elle, «la décision est tombée moins de 24 heures après, ce qui veut dire qu’ils ont peut-être passé la nuit à rédiger le rapport, préparer le décret pour pouvoir le balancer dès le lendemain. Les démocrates sont interpellés parce que nous n’avons que la justice comme dernier rempart. Est-ce qu’on a besoin maintenant d’une décision de la Cour Suprême quand l’Exécutif anticipe sur le jugement attendu.
Avec cet événement, le Sénégal risque encore d’être la risée du monde. Ce sont ceux qui se disent juristes et qui ont certainement contribué à la prise de cette décision et qui étaient également autour de Me Abdoulaye Wade et qui l’ont poussé à prendre des décisions qui ont fait sortir le peuple dans la rue. Il faut qu’il se rappelle de cela que quand le peuple s’est levé, ils ont tourné le dos à Abdoulaye Wade pour le livrer à son propre sort. Je ne vois pas l’opportunité politique de cette décision et il faut que le Président de la République se rappelle que Khalifa Sall a été son allié et qu’il a contribué à son élection», conclut-elle.