LA SOCIÉTÉ CIVILE AUDITIONNE LES CANDIDATS
Les représentants des candidats à l’élection présidentielle ont défilé devant l’Association des Juristes africains (Aja) pour décliner leur programme sur la modernisation de la justice
Les représentants des candidats à l’élection présidentielle ont défilé devant l’Association des Juristes africains (Aja) pour décliner leur programme sur la modernisation de la justice. Face au jury de l’Aja, le représentant du candidat Macky sall en l’occurrence le ministre de la Justice Ismaëla Madior Fall a soutenu que sa principale préoccupation est de faire passer moins de temps en prison le sénégalais que de traquer des politiciens.
L’accessibilité, les moyens financiers, l’indépendance et la modernisation de la Justice sont les principaux points sur lesquels l’Association des Juristes Africains (Aja) a interpellé les représentants des candidats en lice pour la présidentielle. Mais sur les cinq candidats, trois se sont soumis à l’audition. Il s’agit notamment de la coalition «Madické2019», de «Sonko Président» et de Benno bokk yakar. Cette initiative dénommée «Sunu élection» a été conçue par l’Aja, l’Ong-3D, l’Usaid et la Plateforme des Acteurs Non Etatiques.
Premier à être auditionné : Habib Sy qui représente la coalition Madické 2019. Selon l’ancien maire de Linguère, la justice est un pouvoir fragile, elle est l’institution la plus fragile de toutes les institutions. C’est pourquoi, s’ils sont élus à la tête du pays, le président de la République ne va plus siéger au Conseil Supérieur de la Magistrature (Csm). «Les sages du Conseil Constitutionnel seront élus, le ministre de la Justice ne fera plus partie d’aucun parti politique», dit-il.
A la suite de l’ancien ministre de l’Agriculture, la parole a été donnée au représentant du candidat de Bby et par ailleurs actuel ministre de la Justice Ismaila Madior Fall. Rappelant que l’indépendance de la justice est réclamée depuis plus d’un demi-siècle, il souligne que le régime de Macky Sall a initié une réflexion inclusive sur la modernisation de la Justice. Et à cet effet, une commission a été mise en place. Cette commission, renseigne-t-il, va s’intéresser à trois questions notamment le statut des magistrats, le CSM. «La commission a fait des recommandations comme un recul modéré de la présence du président de la République au CSM», indique le garde des Sceaux avant de relever que «les influences de la Justice ne viennent pas de la politique. L’influence politique est marginale. On parle toujours d’indépendance de la justice alors que l’on oublie la qualité de la Justice. Nos ressources humaines sont trop dispersées». De l’avis d’Ismaila Madior Fall, après la réélection de Macky Sall, le budget du secteur de la Justice connaîtra une augmentation.
«Notre chantier pour le secteur de la justice est la simplification de la carte judiciaire et la dématérialisation des procédures judiciaires. «Dire que notre justice est parfaite est de la démagogie, mais aussi dire que notre justice est en crise est de la démagogie. Lorsque je me réveille, j’essaie de voir comment le Sénégalais peut passer moins de temps en prison et non de traquer des politiciens. Un Sénégalais ne pourra plus faire un an en prison sans être jugé, même si c’est criminel», déclare Ismaëla Madior Fall.
De son côté, le représentant du candidat de la coalition «Sonko Président» annonce la dissolution de la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (Crei) dès que le leader de Pastef sera élu. «La corruption a été épidémique durant le régime des libé raux. L’Inspection Générale d’Etat (Ige) va être sortie du domaine du Président de la République. Il faut assainir la gendarmerie. Un juge peut être indépendant, mais c’est le système qui ne l’est pas», soutient Dr Diallo Diop.
Revenant sur les points sur lesquels les représentants des candidats ont été interpellés, le président exécutif de l’Aja, Pr Pape Ogo Seck cite l’accessibilité de la Justice. «Nous avons constaté que des tribunaux étaient parfois éloignés pour les justiciables. Il y a l’indépendance de la justice parce que c’est une question qui préoccupe l’ensemble des politiques. Nous l’avons jugé l’accessibilité primordiale par rapport à la modernisation de la Justice. Nous avons revu le rôle du procureur, l’indépendance financière et d’autres questions. Le troisième point est l’efficacité de la Justice, c’est à dire comment faire pour organiser la police et la gendarmerie. Le dernier point concerne la modernisation de la Justice dans son ensemble. Parce qu’il y a les questions de formation puisqu’il faut mettre à jour les connaissances par rapport aux défis du monde moderne comme l’informatisation mais aussi le terrorisme», dit-il.