LA SOCIETE CIVILE FAIT DANS LA MESURE
Les acteurs de la société civile s’investissent dans une nouvelle initiative dénommée « Mesure ». Objectif : préserver le Sénégal face à la montée exponentielle de la tension politique, en perspective de la présidentielle de 2024
Après les multiples appels lancés à la classe politique (majorité présidentielle comme opposition) pour des actions dynamiques à même de garantir la paix civile, les acteurs de la société civile s’investissent dans une nouvelle initiative dénommée « Mesure ». Objectif : préserver le Sénégal face à la montée exponentielle de la tension politique, en perspective de la présidentielle de 2024, et cela par l’entremise d’un débat public ouvert pour des consensus politiques, sociaux et économiques.
La montée de la tension politique, moins d’une année avant le scrutin présidentiel de 2024, ne cesse d’inquiéter la société civile. Après « Jamm à gen 3ème mandat » et les divers appels lancés à la classe politique pour un apaisement de la situation par le dialogue et la concertation, la société civile met en scène l’initiative dénommée « Mesure ». Lancée samedi dernier, par le Rapport alternatif sur l’Afrique (Rasa), en collaboration avec l’Ong 3D, Legs Africa, le Réseau sénégalais des Think Tanks (Senrtt), et plusieurs autres organisations de la société civile, la « Mobilisation nationale pour l’engagement citoyen, la souveraineté, l’unité et la refondation » dite Mesure, entend être une alternative contre la violence verbale et physique, les invectives, la manipulation de l’opinion publique, la politisation de certaines institutions ». « L’avenir du Sénégal va au-delà des enjeux du pouvoir, il s’agit de construire une nation, d’avoir une République debout en phase avec nos réalités sociétales. C’est cela qui est de la responsabilité de chaque citoyen. Ce que nous voulons, c’est rendre l’initiative du débat public aux citoyens en organisant ce processus, pour que chacun se sente libre de s’exprimer mais dans le sens du Sénégal que nous voulons tous avoir », a indiqué Elimane Kane, directeur de Legs Africa. Et d’ajouter : « Nous constatons que nous sommes face à une impasse politique, mais il faut trouver des voies de sortie, des solutions durables. C’est ça qui va nous ramener vers les fondamentaux. Un pays ne peut pas se construire avec des positions clivantes. Nous avons besoin de cette unité au-delà des échéances électorales qui rappellent toujours des problèmes, des oppositions très féroces parfois trop violentes».
La plateforme « Mesure », selon ses initiateurs, fait donc appel à un débat public ouvert pour des consensus politiques, sociaux et économiques. « Cette initiative se veut d’abord dissuasive par rapport á toutes les actions susceptibles de déstabiliser notre pays en anticipant sur leur origine ou leur développement dans l’espace public sénégalais », a déclaré pour sa part Massamba Ndiaye, membre de cette nouvelle initiative. A cet effet, a-t-il dit, elle met un « accent particulier sur des débats d’idées, la production et appropriation d’analyses basées sur des données probantes et d’informations crédibles, pour réduire l’impact de la désinformation et la mésinformation du grand public qui influencent l’opinion publique, les mouvements sociaux et les comportements ».
D’après lui, cette initiative consiste également à « mobiliser un public large et ouvert impliquant toutes les organisations citoyennes et politiques, personnalités publiques, acteurs économiques et sociaux sur les orientations stratégiques que nous proposons ensemble pour notre pays, pour ainsi influencer positivement, suivre et évaluer les décisions et politiques publiques qui seront prises ».
D’après toujours les membres de cette initiative, les « conditions d’organisation d’un processus électoral respectueux des termes de la Constitution, transparent, crédible et non violent seront une préoccupation majeure de l’initiative qui engagera les différents protagonistes autour d’un gentleman agreement et d’un débat électoral public entre les principaux candidats ». Reste maintenant à savoir si le «mortal kombat » engagé entre le pouvoir et l’opposition, en perspective de la présidentielle de 2024, donnera de la «Mesure» à sa logique de confrontation.