LA SORTIE DU PRÉFET DE DAKAR SUR LE SIT-IN AVORTÉ DE L'OPPOSITION
Alioune Badara Sambe réagit après les échauffourées de ce mardi - Il assène ses vérités et certitudes avec la froideur d’un commis d’Etat
«Il y a eu beaucoup plus de fumée que de flammes»
Joint tôt ce matin du mercredi par IGFM, Alioune Badara Sambe le préfet de Dakar n’a pas manqué de donner son appréciation suite au sit-in avorté de l’opposition. Sans fanfaronner ni se réjouir de la bravade des opposants, lui convoque la loi. «Nous sommes responsables de l’ordre public mais une fois que nous prenons une décision, les gens qui veulent braver, ils bravent. Maintenant cela n’est plus de notre ressort, parce que lorsque quelqu’un viole la loi, c’est du ressort du Procureur», dit-il d’un ton serein.
Pourtant les images d’opposants arrêtés et brutalisés avant d’être embarqués dans les véhicules de police ont inondé la toile, les lucarnes des télés et choqué beaucoup d’internautes et de téléspectateurs. Le préfet de Dakar tente de maitriser son émotion et sort une rengaine très détachée des événements. «On est dans une démocratie, il y a eu beaucoup plus de fumée que de flammes, il n y a pas eu grand-chose», serine-t-il.
«Ils auraient pu faire leur sit-in ailleurs»
A la question de savoir s’il ne faut pas laisser les gens organiser leur sit-in tranquillement et l’encadrer au besoin. Que c’est mieux que d’user de la force pour réprimer des citoyens. Alioune Badara Sambe, le préfet de Dakar se veut ferme, clair, net et précis. Il dit : «Nous sommes responsables de l’ordre public, lorsqu’il y a des manifestations nous apprécions en essayant de trouver le juste milieu entre l’exigence des libertés publiques et l’exigence de l’ordre, ce sont ces deux notions qu’il faut concilier. Nous n’avons pas dit aux gens vous ne marchez pas, vous ne faites pas de sit-in, mais lorsqu’il y a manifestations l’autorité administrative a un pouvoir d’appréciation face aux menaces de trouble à l’ordre public. Au-delà de l’arrêté Ousmane Ngom, en tant que responsable, je ne peux pas autoriser certaines manifestations sur certains sites. Pourquoi ils ont choisi le ministère de l’Intérieur ? Ils auraient pu faire leur sit-in ailleurs. Reconnaissez quand même que le ministère de l’Intérieur, ce n’est pas n’importe quel site. Imaginez que nous autorisons une manifestation devant le ministère de l’Intérieur et qu’à un instant T il y a urgence de mobiliser les services du ministère de l’Intérieur, qu’est-ce qu’on dira ? L’administration est responsable.»
«Ce n’est pas notre rôle d’interdire systématiquement»
Le préfet de Dakar donne un cas d’école « très simple » pour étayer ses propos et défendre la thèse qu’en autorisant le sit-in on allait enfreindre les libertés de beaucoup de citoyens. «On fait un sit-in devant le ministère de l’Intérieur, cela veut dire que les gens qui veulent emprunter le Boulevard de la République pour aller à l’hôpital principal ne pourront pas y aller, ces gens-là on les empêche d’exercer leur liberté. Idem pour ceux qui veulent aller à Le Dantec ou au Palais de la République. Nous ne sommes pas là que pour interdire systématiquement, ce n’est pas notre rôle.»