LA TENUE DES ÉLECTIONS MUNICIPALES CETTE ANNÉE EST HYPOTHÉTIQUE
Pour Ndiaga Sylla, expert électoral, le respect du calendrier des élections locales est impossible
Il est totalement illusoire de penser que les élections locales vont se tenir en 2021. C’est la conviction de Ndiaga Sylla, expert électoral, qui considère que l’évaluation du processus électoral non encore entamée ainsi que l’obligation d’initier une révision exceptionnelle des listes électorales rendent hypothétique la tenue des élections départementales et municipales en 2021. Ainsi, il a indiqué que le gouvernement est tenu d’adopter un projet de loi sur le report des élections locales et la prorogation du mandat des élus territoriaux.
Membres de l’opposition et acteurs de la société civile demandent de manière pressante au Président Macky Sall de se prononcer sur la date des prochaines élections locales maintes fois reportées. Mais pour Ndiaga Sylla, expert électoral, le respect du calendrier des élections locales est impossible. D’ores et déjà, il invite le Président Macky Sall et son gouvernement à adopter un projet de loi sur le report des élections locales et la prorogation du mandat des élus territoriaux. Ce, avant le 28 mars prochain. D’autant qu’il a forte conviction que les locales ne se tiendront pas cette année.
Pour étayer sa position, il se base sur plusieurs facteurs. «L’ audit du fichier électoral qui vient de démarrer, l’évaluation du processus électoral non encore entamée ainsi que l’obligation d’initier une révision exceptionnelle des listes électorales rendront hypothétique la tenue des élections départementales et municipales en 2021», explique Ndiaga Sylla.
Au delà de la fin de l’année en cours, souligne-t-il, ces scrutins impliqueront un chevauchement avec les élections législatives prévues en 2022. Par conséquent, il se demande s’il faut aller vers le couplage des locales et les législatives. Dans une telle hypothèse, Ndiaga Syall préconise la modification du mode d’élection des conseillers départementaux qui devront être élus à partir des listes de candidats des communes constitutives à l’image des conseillers à la Ville. «Sous ce rapport, il aurait fallu rapprocher la date de renouvellement du mandat des députés par le biais d’une dissolution de l’Assemblée nationale», analyse-t-il avant de trancher : «Mais cette procédure a été rendue non opératoire par la révision constitutionnelle de 2019 ayant également supprimé le poste de Premier ministre».
Malgré ce blocage institutionnel, l’expert électoral pense que le consensus entre les acteurs de la Commission cellulaire du dialogue politique devra être fortement encouragé et renforcé. Il urge de rappeler qu’en novembre 2019, la société civile avait élaboré un mémorandum et publié une déclaration dans le souci de ne pas proroger au-delà d’un an le mandat des élus territoriaux. Cette proposition était assortie d’un réaménagement du calendrier électoral par un audit complémentaire plus courte eu égard à la recette mission d’audit conduite en 2018 par des experts internationaux. Un appel qui ne fut pas entendu par la classe politique même si le projet de loi fut corrigé dans le sens de fixer une limite à la prorogation du mandat.