«L’AFRIQUE NE TIRE PAS SUFFISAMMENT PROFIT DE SES RESSOURCES A CAUSE DE SES LEADERS»
Aminata Touré à Harvard Kennedy School

En visite à Harvard Kennedy School, Aminata Touré s’est entretenue avec le président du corps professoral du Projet sur l’avenir de la diplomatie, Nicholas Burns. Une conversation publiée sur le site de l’institution et dans laquelle l’ancien Premier ministre déclare que l’Afrique ne tire pas suffisamment de ses ressources à cause de ses leaders.
Aminata Touré a été invitée, le 18 octobre dernier, à Harvard Kennedy School. A cette occasion, elle a dirigé deux groupes d’études sur les opportunités et les défis en Afrique. Elle a également co-animé avec l’ambassadeur Nicholas Burns un séminaire intitulé : «Present and Future Africa», avec le Future of Diplomacy Project. Mimi Touré a profité de cette «conversation diplomatique» pour se féliciter de la présence de plus en plus remarquée des Africains à Harvard. Cela se comprend, dit-elle, parce qu’aujourd’hui notre continent est incontournable sur la scène internationale et présente de réelles opportunités d’investissements. Interpellée sur la lutte contre la corruption en Afrique et plus particulièrement au Sénégal, l’ancien Premier ministre a soutenu que ce phénomène est noté partout.
A l’en croire, la différence se trouve dans les institutions voire les mécanismes mis en place pour la combattre. Et Aminata Touré d’expliquer : « Quand le Président Sall est arrivé au pouvoir, il a fait de la déclaration de patrimoine une obligation, en étant le premier à montrer la voie. Les membres de son gouvernement et les autres présidents d’Institution ont suivi la voie tracée par le chef de l’Etat. Ensuite, quand la majorité présidentielle a pris le Parlement, elle a voté un Code de transparence pour la gestion des ressources publiques. Puis le chef de l’Etat a créé l’Ofnac, en exigeant la déclaration de patrimoine à certaines hautes personnalités et la possibilité de faire des plaintes. Nous sommes toujours dans la dynamique de la lutte contre la corruption qui est un combat sans fin».
De l’avis d’Aminata Touré, l’Afrique est un continent très riche mais qui ne tire pas suffisamment profit de ses ressources à cause de la mauvaise gestion de ses leaders. «Il est inacceptable de laisser les choses en l’état. On doit progresser dans le sens de la gestion efficiente et transparente», martèle-t-elle en invitant l’Afrique à apprendre de son passé, que ce soit dans les coopérations qu’elle noue avec ses partenaires ou dans la gestion de ses ressources. A cet effet, elle cite l’exemple du Sénégal qui, dans le cadre de l’exploitation de son pétrole et de son gaz en 2022, a déjà mis en place la COS PETROGAZ pour une bonne utilisation des ressources issues des hydrocarbures. Il a été également créé un fonds pour les générations futures.
A la fin de l’entretien, Aminata Touré souligné qu’elle est très tôt entrée en politique et n’exclut pas de diriger l’Etat du Sénégal à l’avenir. Dans une lettre de remerciement en date du 23 octobre dernier, Nicholas Burns, professeur de diplomatie et de relations internationales, dit apprécier grandement la générosité avec laquelle l’ex-Garde des Sceaux a partagé son temps pour contribuer à l’apprentissage continu de la communauté. «Nos étudiants ont bénéficié de votre perspective sur les défis et les opportunités qui existent en Afrique. En mettant l’accent sur l’importance des jeunes et des femmes dans la construction de l’avenir de l’Afrique, vous avez fourni des points de vue multidimensionnels qui permettent à nos étudiants de comprendre plus profondément la complexité des problèmes, à partir de votre expérience directe», a indiqué Burns. Il soutient que l’équipe de « L’avenir de la diplomatie» se joint à lui pour remercier Mimi Touré de faire partie de son programme.