«LE 19 AVRIL N’EST PLUS LE TEMPS DE LA RUE, MAIS DE L’ASSEMBLEE NATIONALE»
L’administrateur de l’Alliance pour la république (apr), Pape Maël Thiam, ne craint pas de débordement
L’administrateur de l’Alliance pour la république (apr), Pape Maël Thiam, ne craint pas de débordement le 19 avril, jour de l’examen en plénière du projet de loi sur le parrainage. pour le responsable apériste, le 19 avril n’est plus le temps de la rue, mais celui de l’assemblée nationale. dans cet entretien accordé à «l’as», il demande aux responsables de l’opposition de faire preuve de patriotisme. si Karim Wade est vraiment candidat à la prochaine présidentielle, indique pape Maël Thiam, qu’il rentre au Sénégal où se tient le combat. En revanche, il juge surréalistes les rapprochements entre Idrissa seck et de me Wade
Pourquoi le pouvoir tient tant à instaurer le système de parrainage, malgré l’absence de consensus avec l’opposition ?
Je regrette beaucoup que le pays soit sous une tension politique. La question du parrainage est assez simple. Lors des dernières élections locales, on s’est retrouvé avec plus de 1.500 listes, rendant du coup très difficile l’exercice de vote aux citoyens. La seconde expérience, c’était lors des dernières législatives où nous sommes retrouvés avec 47 listes. Après analyse, on se rend compte que sur les 47 listes, les 30 n’ont pas eu un député. Cela veut dire qu’il y a eu 7 millions multipliés par trente de nombre de bulletins de vote. Et n’eût été l’ingénieuse idée du Président Macky Sall, il n’y aurait pas eu d’élections. Après ces élections, tous les Sénégalais étaient préoccupés à trouver un tamis. Le Sénégal compte presque 300 partis politiques, mais certains ne se sont jamais engagés dans une élection. A la veille des élections, certains partis mettent leur récépissé en location. Est-ce qu’il est normal d’arriver à un blocage de l’exécution des votes à cause de la pléthore de listes ? Je pense que c’est non. Le Président Macky Sall a appelé au dialogue, ne serait-ce que pour discuter du processus électoral. Certains partis ont refusé. C’est à l’issue de ce dialogue que les gens se sont mis d’accord sur le principe du parrainage.
Mais la société civile a fait des propositions en vue de renouer le fil du dialogue. Qu’est-ce qui vous empêche d’accepter ce dialogue ?
Le Président Macky Sall prend des décisions qui sont orientées vers la quiétude et les intérêts des Sénégalais. On ne serait pas à l’abri de critiques objectives lorsque des députés et des conseillers parrainent des candidatures. Si nous voulions vraiment éliminer des candidats, nous aurions pris des décisions plus complexes. Le Président Macky Sall n’a pas peur de l’adversité. Le parrainage, c’est le meilleur choix pour consolider la démocratie.
Avec la loi sur le parrainage, on accuse le régime de Macky Sall de vouloir brûler le pays…
Je ne pense pas qu’on soit à ce niveau d’irresponsabilité. Ce n’est pas vrai. Jusque-là, l’opposition n’a pas fait des propositions. Elle demande juste le retrait du texte. Qu’elle fasse des propositions parce que le problème concerne tous les Sénégalais. Mais la proposition de l’opposition, c’est de faire une marche. On ne peut pas résoudre le problème du processus électoral avec des marches. Le jour de la présidentielle de 2019, imaginez que les Sénégalais votent jusqu’à minuit ou 2h du matin à cause de la multitude des listes. Ce ne serait pas une manière de consolider la démocratie. Et puis, la caution n’est pas un filtre pertinent. Le président de la République était dans des dispositions de recevoir une proposition plus pertinente et équitable.
Ne craignez-vous pas une manifestation violente le 19 avril, jour du vote ?
Les leaders de l’opposition ne doivent pas accepter que nous aimions le pays mieux qu’eux. Ceux qui prétendent à la magistrature suprême ont intérêt à ce que le pays reste stable. Ils sont suffisamment responsables, même si certains d’entre eux ont des difficultés à contenir leurs émotions dans l’expression de leurs idées. J’ose espérer que la fibre patriotique vibre encore en eux. Le 19 avril n’est plus le temps de la rue, mais de l’Assemblée nationale. Le temps des partis politiques s’est déroulé avec le dialogue sur le processus électoral. Ensuite, c’était le temps du président de la République. Et maintenant, c’est le temps de la législature. L’opposition gagnerait à aller auprès des Sénégalais pour proposer leurs programmes.
Au sein de la mouvance présidentielle, certains agitent l’idée d’une contre-manifestation. qu’en pensez-vous ?
L’Etat a l’obligation de garantir la sécurité de tous les Sénégalais, c’est-à-dire de faire en sorte qu’il n’y ait pas de troubles à l’ordre public. Ce que je dis n’est pas exclusivement adressé à l’opposition. La mouvance présidentielle est aussi concernée. Au niveau de l’Apr, il n’a jamais été question d’une contre-manifestation. Nous sommes respectueux de nos institutions.
Est-ce qu’on peut s’attendre à un autre mouvement comme celui du 23 juin ?
Je ne pense pas, pour plusieurs raisons. Le prétexte du 23 juin, c’est qu’on avait un président de la République qui voulait légitimer l’illégitime. Il voulait imposer le quart bloquant pour introniser son fils. Le prétexte du 19 avril, c’est plutôt pour légitimer le légitime au regard de la démocratie. Une candidature doit être légitime. Les prétextes diffèrent. Le 23 juin, c’était un jour de rejet du pouvoir en place. Or, le 19 avril, les Sénégalais refusent que l’argent soit mobilisé pour imprimer des millions de bulletins pour des candidats qui ne peuvent pas avoir 65.000 signatures.
Karim Wade vient de s’inscrire les listes électorales. Etes-vous inquiets ?
Nous nous acheminons vers la présidentielle de 2019 dans la plus grande sérénité. Et cela, pour plusieurs raisons. Il y a le bon positionnement de notre candidat, ses belles réalisations, la confiance à l’intelligence de l’électorat. Je ne pense qu’il soit pertinent de penser que nous pourrons être inquiétés par un candidat qui n’a imprimé aucune marque à son histoire politique au Sénégal. Sa légitimité était fondée auparavant sur les liens de parentés avec son père de président de la République. D’ailleurs, ses camarades avaient décrié le fait qu’il n’ait jamais participé à des marches de l’opposition, alors qu’ils étaient souvent envoyés en prison. Ce vide dans l’histoire politique de ce candidat (Ndlr, Karim Wade) fait que nous ne pouvons pas le redouter. Il se déplace partout dans le monde pendant que ses camarades côtoient le peuple et contestent parfois les décisions du gouvernement, même s’ils ne sont pas parfois pertinents. Ils vivent la situation du pays pendant que Karim Wade est dans des sites paradisiaques en se confinant à envoyer de temps à autres des messages aux Sénégalais. C’est un candidat qui n’a pas connaissance des réalités du pays et qui avait engagé son parti à la défaite lors des locales de 2009 à Dakar. Karim Wade aura du mal à se faire accepter par son propre parti. Si vraiment Karim Wade est candidat à la prochaine présidentielle, mais qu’il vienne. On ne peut pas mener un combat en était en dehors de l’arène. On ne craint aucune adversité. Mais il ne faut pas qu’il leurre les Sénégalais.
De plus en plus, on parle de rapprochements entre me Wade et Idrissa Seck. Que vous inspire cela?
Lorsque j’ai entendu la réconciliation entre Idrissa Seck et Me AbdoulayeWade, j’ai eu deux sentiments. Lorsque deux personnes sont liées par une longue histoire et qu’elles se séparent et décident de se retrouver, ce n’est pas mal. Mais sur le plan politique, c’est quelque chose de surréaliste. Idrissa Seck avait jugé Karim Wade avant même son procès sur la traque des biens supposés mal acquis en disant qu’il n’a aucun doute sur la culpabilité de ce dernier. Je peux presque dire que c’est la première fois dans l’histoire du Sénégal qu’un homme politique ait jugé un autre politique avant même le procès. Les Sénégalais s’en souviennent. C’est surréaliste, lorsqu’on veut mettre une croix sur l’engagement assimilé au protocole de Rebeuss, lorsqu’on met dans la poubelle de l’histoire le combat acharné lors du partage du butin, pour aujourd’hui dire aux Sénégalais qu’on va se retrouver. Il y a un sérieux problème entre eux.