LE MACKY FACE AU MAMMOUTH LIBERAL
Locomotive de la seconde grande coalition de l’opposition, le Pds est un bon allié pour aller à l’assaut des communes et collectivités territoriales
La naissance de la deuxième grande coalition de l’opposition composée du Pds, Bokk Gis Gis, Aj/Pads, crd et la coalition Jotna est jugée salutaire par certains analystes politiques à l’image du Pr Ibou Sané et du journaliste Pathé Mbodj. Persuadés du poids électoral du Parti Démocratique Sénégalais (Pds) dans le landerneau politique, ils estiment que les libéraux et leurs alliés peuvent faire basculer les choses au profit de l’opposition, si toutefois Macky Sall fait de mauvais choix lors des Locales.
Locomotive de la seconde grande coalition de l’opposition, le Pds est un bon allié pour aller à l’assaut des communes et collectivités territoriales. En tout cas, c’est l’avis du journaliste Pathé Mbodj qui estime que le Pds demeure la locomotive de cette coalition qui vient de voir le jour. A en croire l’analyste politique, «le Pds participe aux élections depuis près de 50 ans, avec un score constant de 20% qui représente son bassin électoral». Et notre confrère de rappeler les propos de Abdoul Mbaye au sortir des dernières élections législatives lorsque ce dernier déclarait : « Heureusement que Wade était là sinon Macky Sall allait laminer l’opposition, parce qu’il a pris l’engagement de la réduire à sa plus simple expression. Mais avec le Pds, on n’a pas senti le coup.» Ce qui signifie qu’une alliance entre l’ancien Premier ministre et le parti de Wade saura tenir en ce sens que le premier connaît la représentativité du pape du Sopi.
Poursuivant, Pathé Mbodji souligne que Pape Diop n’a jamais quitté le Pds. «Il m’a avoué ne jamais concevoir une élection sans le Pds», dit le journaliste. Quid des autres partis qui cherchaient où aller en dehors de Yeewi Askan wi ? Pathé Mbodj estime qu’ils peuvent s’agripper autour du Pds qui est une bonne locomotive, représentant à lui seul 20% de l’électorat du Sénégal. Abondant dans le même sens, le professeur Ibou Sané se félicite de la nouvelle alliance entre le Pds, Bokk Gis Gis, Aj/Pads, Crd et la coalition Jotna. «Cette alliance est salutaire. Ici, c’est le Pds qui a la locomotive et c’est normal parce que c’est un vieux parti qui date de 1974 et qui a été de toutes les luttes et de tous les combats», relève-t-il avant d’ajouter : «C’est une bonne chose qu’il y ait des pôles éclatés un peu partout et cela montre que notre démocratie a une vitalité». Contrairement à ceux qui pensent que le Sénégal n’a pas de démocratie, l’analyste politique estime que celle-ci fonctionne à merveille même s’il y a des difficultés.
De l’avis de Ibou Sané, même s’il a perdu les élections en 2012, le Pds n’en demeure pas moins un parti avec un ancrage territorial très fort. C’est pourquoi, il trouve illusoire de penser que le Pds va laisser la tête de l’opposition à tous ces partis naissants. «Le Pds ne voudra jamais être derrière les petits partis, il va vouloir être la locomotive et c’est tout à fait normal. Parce qu’un parti qui date de 1974 ne peut être embarqué par de petits partis. Même si certains partis parmi eux ont de l’aura, le Pds ne peut pas se ranger. Au contraire ! En matière de position, tout doit se construire autour du Pds, car c’était le parti le plus fort. En démocratie, ce n’est pas possible qu’il y ait des partis qui naissent et viennent coiffer le Pds. Tout doit tourner autour du Pds ou alors rien ne tourne», tranche Ibou Sané.
Précisant que les autres partis de la coalition sont embrigadés dans le mouvement Sopi, il indique que c’est tout à fait normal. «Même si par ailleurs, on sait que ces partis n’ont pas une base politique très solide. Ce sont de petites bases ponctuelles pas très ancrées et c’est ça le hic».
LES COALITIONS DE L’OPPOSITION FACE A L’EPREUVE DE LA LONGEVITE DE BBY
A la question de savoir si ces deux blocs de l’opposition pourront battre le record de l’une des coalitions les plus solides en termes de durée, les spécialistes restent sceptiques. De l’avis du professeur Ibou Sané, si l’opposition est éclatée en plusieurs morceaux, c’est pour faire face à Benno Bokk Yaakaar (Bby) qui est restée un bloc soudé et monolithique depuis 2012. «C’est très rare dans l’histoire politique», souligne-t-il en indiquant que l’opposition va essayer de profiter des mauvaises investitures de Bby. «Mais, il ne faut jamais oublier que Benno est un bloc très solide et que le patron est un grand chef d’orchestre et aussi très fort en stratégie électorale», avertit l’enseignant. Pour sa part, Pathé Mbodj fait d’abord l’historique d’un bloc du passé et qui survit grâce à la fidélité et à la survie de Wade. «Après Wade, ça va se terminer en tant que bloc», prédit le journaliste. L’autre bloc, poursuitil, a un avenir à partir d’un Ousmane Sonko qui devient le chouchou de l’électorat. «Khalifa Sall étant victime aussi comme Sonko, on votera pour lui parce souvent, ceux qui arrivent au pouvoir sont des victimes. Wade a été victime de Diouf, Macky a été victime de Wade. Ceux qui sont victimes de Macky Sall peuvent aspirer au pouvoir», analyse-t-il.
Décortiquant le poids de ces blocs de l’opposition face à Bby, Ibou Sané estime qu’ils peuvent donner du fil à retordre au pouvoir à condition que le choix de la mouvance présidentielle dans les investitures pose problème. «Au cas contraire, ils risquent d’avoir beaucoup de difficultés», pronostique Monsieur Sané. Mais pour Pathé Mbodj, le pouvoir pourrait, au vu des jeux démocratiques, se maintenir en fonction de ses résultats et de ses capacités à faire rêver. «Hélas ! Il y a une sorte d’usure du pouvoir. Le pouvoir joue contre lui-même et il y a une certaine cacophonie à l’interne», affirme l’analyste politique.