«LE MAGISTERE DE MACKY SALL EST UN UNE GRANDE DECEPTION»
Comme à son habitude, c’est un Moustapha Diakhaté qui fait feu de tout bois qui s’est entretenu avec «L’as» et a tiré à bout portant sur le président de la République
Comme à son habitude, c’est un Moustapha Diakhaté qui fait feu de tout bois qui s’est entretenu avec «L’as» et a tiré à bout portant sur le président Macky Sall. Il a vertement critiqué la gouvernance de l’actuel régime tout en s’indignant particulièrement de l’affaire des gazelles oryx qu’il qualifie de scandale écologique et de trahison de la communauté internationale.
Plusieurs institutions de la république ont été épinglées par l'Inspection Générale d'état (Ige) pour mauvaise gestion des deniers publics. Certains observateurs s’étonnent du fait que les rapports de ces corps de contrôle connaissent rarement de suite. Votre commentaire sur cette question ?
Tout laisse croire que les responsables de ces institutions, auteurs de présumées malversations, ne seront ni sanctionnés, ni punis ou même inquiétés. En effet, contrairement à ce qu’il avait promis aux Sénégalais, l’impunité est devenue la norme lorsque les épinglés par des rapports des corps de contrôle de l’Etat sont du même bord politique que le président de la République. Pour ce qui concerne la bonne gouvernance et la reddition des comptes publics, le magistère de monsieur Macky Sall est un grand ratage, un immense fourvoiement, une grande déception. Sa promesse phare d’une gouvernance sobre et vertueuse, cet engagement de l’ancien candidat de Macky 2012 puis de Benno Bokk Yaakaar, huit ans après le début de son déclenchement, est sur le point de déboucher sur un retentissant fiasco politique et moral. La réactivation de la Crei qui avait suscité beaucoup d’espoir n’a pas servi à sanctionner les fautifs du régime du Président Wade. Bien au contraire, elle a été transformée comme arme d’une vengeance judiciaire contre le Président Abdoulaye Wade et sa famille. En effet, parmi les 25 hauts responsables du Pds qui ont été épinglés et dont certains ont fait l’objet d’une demande de levée de leur immunité parlementaire, seul Karim Wade a été jugé et condamné. Pour ce qui concerne les rapports de l’Ige, depuis 2012, seul l’ancien maire de Dakar a été poursuivi. Pendant ce temps, une vingtaine de rapports de l’Ofnac dorment dans les tiroirs du procureur. Les Sénégalais ont raison de penser qu’il n’arrivera rien aux responsables de ces présumées malversations.
En dehors des rapports de l’Ige, l’actualité est marquée par l’affaire des gazelles oryx qui implique des membres du gouvernement parmi lesquels Abdou Karim Sall. Quelle analyse en faites-vous ?
C’est un scandale écologique. C’est une trahison de la communauté internationale qui avait voulu associer notre pays à son combat pour sauver ces espèces animales en voie d’extinction. L’implication des membres du gouvernement, notamment du ministre l’Environnement Abdou Karim Sall dans ce braconnage d’Etat, m’attriste et me choque. Leur attitude est inacceptable. Ils ont sali l’image du Sénégal et violé la norme constitutionnelle qui dispose que les ressources naturelles appartiennent au peuple sénégalais. C’est une entorse grave à la promesse d’une gouvernance vertueuse que Macky Sall et l’Apr avaient vendue aux Sénégalais lors de la Présidentielle de 2012. Tous ceux qui ont participé à ce braconnage doivent être démis de leurs fonctions et poursuivis en justice.
Que pensez-vous des problèmes fonciers qui agitent le pays et dont le dernier en date est relatif au litige entre les populations de Ndengler et l’homme d’affaires Babacar Ngom ?
Je considère qu’on est en train de faire du tort à monsieur Babacar Ngom. Il n’a commis aucune faute. Ce sont ceux qui lui ont donné ces hectares qui ont enfreint la loi sur le Domaine national. En effet, selon l’Article 8 de la LOI N° 64-46 du 17 juin 1964 relative au Domaine national, «les terres de la zone des terroirs sont affectées aux membres des communautés rurales qui assurent leur mise en valeur et les exploitent sous le contrôle de l’Etat et conformément aux lois et règlements». Cette même loi en son Article 13 dispose que «l’Etat ne peut requérir l’immatriculation des terres du Domaine national constituant des terroirs, ou affectées par décret en vertu de l’Article 11, que pour la réalisation d’opérations déclarées d’utilité publique».
Au vu de ce qui précède, il n’y a pas de place au doute que le conflit opposant les populations de Ndengler à l’homme d’affaires Babacar Ngom résulte du non-respect de la loi portant Domaine national par le Conseil rural de Sindia, les autorités administratives de l’époque, le Service des Domaines et le président de la République, Monsieur Macky Sall. La délibération affectant ces terres à la Sédima est illégale tout comme le bail et le décret présidentiel transformant ces actes illégaux en titre foncier. Toutefois, la loi sur le Domaine national ne répond plus aux défis d’une agriculture moderne. C’est pourquoi je considère que le moment est venu pour le Sénégal d’organiser des assises agraires pour refaçonner, avec les paysans, la loi sur le Domaine national pour sécuriser les terres agricoles rurales et permettre à l’agrobusiness national de contribuer au combat pour l’autosuffisance et la souveraineté alimentaires de notre pays.