VIDEOMULTIPLE PHOTOSABDOUL MBAYE NE RECONNAIT PLUS SON MACKY SALL
DERNIÈRE MINUTE - L'ancien PM lance officiellement l'ACT, son parti, fait le diagnostic du mal qui gangrène le Sénégal et propose une offre politique qu'il veut innovante
(SenePlus.Com, Dakar) - Ca y est ! Abdoul Mbaye, l'ancien Premier ministre de Macky Sall est entré de plain-pied dans l'arène politique. Il y a près de trois mois, SenePlus annonçait en exclusivité, le lancement prochain du parti de l'ancien directeur de banque. C'est chose faite, ce samedi 14, lors d'une conférence de presse à l'hôtel Terrou-Bi de Dakar. L'Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT) est mise sur les fonts baptismaux et veut faire des valeurs positives humaines sa ligne de conduite. L'heure de la moralisation de la vie politique a-t-elle sonné au Sénégal ? C'est en tout cas ce que promet Abdoul Mbaye.
L'engagement en politique d'Abdoul Mbaye est placé sous le signe de la promotion des valeurs de dignité, d'intégrité, du respect de la parole donnée, de solidarité, de confiance, mais aussi du refus, voire du mépris de tout ce qui est anti-valeur.
Le premier Premier ministre de Macky Sall dans son Manifeste a fait un diagnostic des maux qui gangrènent la classe politique sénégalaise et se pose comme l'alternative qui va moraliser la vie politique, qui fera de la politique non pas une profession, mais un sacerdoce. Il a, à maintes reprises, dans son propos fustigé "les politiciens professionnels" qui ne sont qu'à leur propre service et non pas celui du peuple, selon lui.
De l'analyse du banquier, le mal sénégalais affecte aujourd'hui plusieurs secteurs de la vie économique et sociale du pays. Un mal pratiquement systémique.
La montée des anti-valeurs et des comportements destructeurs, une démocratie abîmée, une république blessée, une jeunesse désespérée, des chefs de famille angoissés par le quotidien, une école paralysée, un système de santé peu performant, une politique d'hygiène et de propreté invisibles, un monde rural dans la détresse, une entreprise oubliée par les politiques publiques…
Après ce diagnostic, tel un médecin, Abdoul Mbaye promet une réponse adaptée à travers son "offre politique innovante", clairement déterminée dans le Manifeste de son parti.
Pour Abdoul Mbaye, "c'est la politique politicienne et les politiciens professionnels" qui sont à la base des maux dont souffre le Sénégal. Cette situation doit changer. Et c'est lui qui veut incarner ce changement en menant une politique différente.
Le remède après le diagnostic
L'Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT), dont les idéaux rejoignent ceux de la sociale démocratie, selon son fondateur, se veut un mouvement politique différent qui inaugure un nouveau rapport sain vis-à-vis de la chose publique. Le culte du travail sera au coeur de son action.
S'il prend les commandes du Sénégal, Abdoul Mbaye promet de s'évertuer à reconstruire la démocratie et la république sénégalaises, la mise en place d'une administration dépolitisée et tournée vers le développement, une fiscalité au service des politiques économiques, un système de santé performant et accessible à tous, une économie plus dynamique, plus compétitive, plus inclusive et mieux intégrée à la sous-région.
Le nouveau venu dans l'arène politique compte rendre l'agriculture plus moderne et rémunératrice, l'industrie plus performante, le secteur minier devra être plus tourné vers le véritable développement.
Une politique culturelle plus inclusive et plus rayonnante sera élaborée. Sous le magistère du fils de Kéba Mbaye, le sport sera promu comme facteur d'épanouissement personnel et élément de santé publique.
"J'ai été longtemps spectateur analyste de la situation politique"
Interpellé sur le fait qu'il est dans un certaine mesure comptable de l'État actuel du pays qu'il a décrit, le patron de l'Alliance pour la Citoyenneté et le Travail n'assume que partiellement le bilan de Macky Sall. En effet, M. Mbaye soutient qu'était en phase avec la politique et l'action gouvernementale du Macky qu'il a connu de 2012 à 2014. Seulement, aujourd'hui ce n'est plus le même Macky.
"Je ne reconnais plus mon Macky Sall. Je ne suis pas un homme à vous suivre quelque que soit la direction que vous prenez. On va vers le même objectif, vers le même but, je vous suit. Si vous tournez à gauche, je continue mon chemin", a répondu Abdoul Mbaye à un journaliste. En précisant que c'est lorsque l'actuel chef d'État a fait un virage de 360° que lui, n'était plus en phase avec lui.
C'est fort de ce constat que l'ancien directeur de banque a pris la bonne décision. Celle de ne plus être dans la posture du spectateur, mais celle d'acteur. Parce que la situation l'exige. "J'ai été longtemps spectateur analyste de la situation politique", a-t-il dit.
Le train de l'alternance a déraillé
L'alternance de 2012 n'a pas tenu ses promesses. Abdoul Mbaye attendait plus que ce qu'il observe actuellement de l'alternance de 2012 qui, pourtant semblait prometteuse, du moins, au vu du chemin suivi durant ses trois premières années.
"En 2016, nous ne sommes plus sur le chemin qui avait été retenu au début de cette deuxième alternance politique. Parce que, cette alternance reposait sur un changement des hommes et des femmes qui gouvernaient avant mars 2012. Ce qui n'est pas le cas", rappelle Abdoul Mbaye.
En effet, la manière sélective dont est conduite la traque aux biens mal acquis ne satisfait nullement Abdoul Mbaye. Surtout quand elle ne semblait viser particulièrement que Karim Wade ; constate l'ancien Premier ministre sans pourtant nommer Wade fils.
Sur un autre, plan l'alternance de 2012 n'a pas tenu ses promesses parce que Macky et ses amis évoquent aujourd'hui de possibles retrouvailles de la famille libérale. Laquelle est composée de ceux là-même que le peuple a sanctionné en 2012. En tout cas, Abdoul Mbaye est en totale déphase de cette tournure des choses.
Par ailleurs, contrairement au slogan de campagne qui proclamait la prééminence de la patrie sur le parti, il constate une inversion totale des choses dans les faits. "On parlait de Patrie avant le Parti mais vous avez vu comment fonctionne l'État, notamment, lors du dernier référendum. On ne voit plus très bien l'importance donnée à la Patrie par rapport au Parti", constate Abdoul Mbaye, le chef de file de l'ACT.