«LE MEILLEUR BAROMÈTRE, C’EST D’ATTENDRE LES LÉGISLATIVES POUR DÉSIGNER UN CHEF DE L’OPPOSITION»
Ibou Sane se prononce sur la polémique autour du chef de l’opposition
La sortie musclée de Doudou Wade, candidat malheureux de la coalition Wallu Sénégal à la ville de Dakar, a remis sur la table le débat sur le statut du chef de l’opposition. Mais de l’avis du professeur de sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint Louis, Ibou Sané, il est encore trop tôt pour désigner un chef de l’opposition. Il estime que le meilleur baromètre, ce sont les résultats des prochaines élections Législatives.
La logique voudrait qu’au sortir de la dernière élection présidentielle de 2019, Idrissa Seck, qui est arrivé deuxième avec 20,5% derrière le candidat de la la coalition Benno Bokk Yaakar (Macky Sall) qui a obtenu 58,27%, soit le chef de l’opposition. Mais avec le ralliement du leader de Rewmi à la mouvance présidentielle, ce titre revient à celui qui arrive troisième derrière lui.Vu sous cet angle, le titre du chef de l’opposition revient à Ousmane Sonko qui a obtenu 15,67%du suffrage. Mais selon le professeur Ibou Sané, ce seul critère ne suffit pas pour désigner un chef de l’opposition. La bonne formule, à ses yeux, c’est d’attendre les élections législatives. «Il faut tous les faire partir aux Législatives pour déterminer la force au niveau de l’Assemblée. Parce qu’au Sénégal, le régime parlementaire est très important», souligne le professeur de sciences politiques à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis. En attendant, il partage la position de Doudou Wade qui trouve que le Pastef ne peut pas se réclamer comme première force de l’opposition à côté du Parti Démocratique Sénégalais. (Pds).
Analysant les résultats des Législatives de 2017, Ibou Sané affirme : « Quand on regarde les dernières législatives, on s’aperçoit que le Pds a eu au moins des députés et un groupe parlementaire. Alors que le leader du Pastef a été élu à partir du plus fort reste». Rien que cette lecture, ditil, suffit pour ne pas donner ce statut au leader du Pastef. En matière de démocratie, explique l’enseignant de Sciences politiques, la représentation parlementaire nationale est très importante, puisqu’elle constitue le lieu où se discutent les lois et règlements. «Et au regard de ces aspects effectivement, le Pds est la première force de l’opposition», poursuit l’analyste politique qui soutient que même si le Rewmi qui est arrivé deuxième à la dernière élection présidentielle a rallié le pouvoir, cédant donc sa place au Pastef, il n’en demeure pas moins que le Pds est le parti le mieux implanté au Sénégal. «Il est encore plus implanté que tous les partis politiques à part le Parti Socialiste (Ps)». Toutefois, il reconnait que le Pds est en train de réclamer un titre qu’il a visiblement perdu. D’où le manque de pertinence de réclamer un statut de chef de l’opposition à cinq mois des élections législatives. Par conséquent, il recommande d’attendre les élections législatives pour y voir plus clair et désigner un chef de l’opposition.
«N’EUT ETE LES AUTRES FORCES POLITIQUES QUI SONT VENUES S’AGREGER AUTOUR DU PASTEF ET DE TAXAWU DAKAR, ON N’AURAIT PAS EU CES RESULTATS AUX LOCALES»
Analysant en outre la montée en puissance du Pastef surtout au sortir des dernières élections locales, le Pr Ibou Sané parle d’une victoire de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw). «Il faut faire attention, parce que le Pastef n’est pas parti seul aux Locales. Il est parti avec Yaw. S’il était parti seul, il serait facile d’avoir une visibilité de son champ d’action. Et c’est pareil pour Barthélémy Dias, parce que n’eût été les autres forces politiques qui sont venues s’agréger autour du Pastef et de Taxawu Dakar, on n’aurait pas eu ces résultats», indique Monsieur Sané. Pour plus de visibilité, Ibou Sané estime que chaque parti politique devrait concourir seul au suffrage universel pour qu’on voie la force de chacun d’entre eux. Cependant, se désole-t-il, au Sénégal on crée des coalitions pour embrigader certains mouvements. Par ailleurs, il rappelle que pour le Pastef, c’est une bonne partie de la jeunesse qui est derrière. «Jusqu’à quand ? Ça, on l’ignore, alors que le PDS est toujours là avec un ancrage territorial très solide», relève le Pr Ibou Sané.