LE PDS ET SON PLAN A
Confusion sur le profil du candidat pour le Pds - Retrouvailles de la famille libérale - Le geste de Marieme Faye Sall - Amadou Kane Diallo entre dans le dialogue

Revoilà Amadou Kane Diallo ! Celui-ci n’est plus invité aux réunions du comité directeur du parti sopiste pour avoir, selon ses dires, osé défier Karim lors du congrès d’investiture de 2015 et pour être allé aux législatives sous sa propre bannière. L’ancien directeur général du COSEC, dans cet entretien, répond favorablement au projet de dialogue politique porté par le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye. Mieux, il milite pour un rapprochement, sans pré-conditions et dans la perspective des retrouvailles de la famille libérale, entre les présidents Wade et Sall.
Que pensez-vous du congrès d’investiture qu’envisage de tenir, en 2018, le Pds. N’est-ce pas là une répétition de l’Histoire, car le candidat de ce parti avait été désigné depuis 2015 quand vous étiez le concurrent défait de Karim Wade ?
Amadou Kane Diallo : On était trois à ne pas avoir désisté. Parmi les quatre candidats, je suis arrivé deuxième derrière Karim Wade. Depuis lors, on ne m’a plus convoqué aux réunions du comité directeur. Je suis allé aux législatives avec ma propre liste. Je pense qu’il faut tracer une nouvelle voie. Probablement, ils vont faire un congrès de réorganisation pour entériner les changements de structures et de personnes. On ne peut pas faire deux congrès d’investiture. Ils parlent du retour de leur candidat. Je pense qu’il n’y a qu’un seul plan. C’est le plan A incarné par Karim Wade.
Le Pds n’est pas dans une perspective de plan B. S’il devait y avoir un plan B, il ne saurait être que celui qui est arrivé deuxième. Moi, en l’occurrence. Vous vous rendez compte qu’ils parlent d’autres personnes. Il y a un candidat qui a été retenu par le Pds. Ce débat est définitivement tranché. Ce qui est d’actualité : c’est son retour. Ils ont ce gros problème.
On ne peut pas à quinze mois de la présidentielle ne pas avoir une idée claire sur le profil du candidat du Pds. Il y a beaucoup de personnalités qui ont quitté le Pds pour faire cavalier seul parce que ce n’est pas clair. Pendant très longtemps, on a, à chaque fois, annoncé son retour qui a avorté. Les gens ne veulent pas suivre quelqu’un qui n’est pas là et dont on ne sait pas les conditions de son élargissement. C’est cela qui frustre beaucoup de cadres qui vraiment n’en savent rien du tout. Mais, comme je le dis encore, c’est un problème du Pds.
Laissez-vous entendre que cette candidature de Karim Wade est fantaisiste, qu’elle relève d’une simple vue de l’esprit ?
Normalement sa condamnation, comme je l’ai toujours dit, ne lui enlève pas la possibilité d’être candidat à la présidentielle. A la limite, cela peut lui enlever sa qualité d’électeur. A ce niveau-là, pour être candidat aux locales et aux législatives, il faut forcément être électeur. Par contre, pour être candidat à la présidentielle, il suffit d’être de nationalité sénégalaise et jouir de ses droits civiques et politiques. Ces critères, Karim peut les remplir.
Maintenant, je ne sais pas si l’Etat va demander le versement de l’argent qu’on lui réclamait pour l’empêcher d’être candidat. Mais en l’état actuel du dossier, rien ne lui interdit, de mon point de vue, d’être candidat. Mais, il y a les aspects politiques qui sont plus importants que les aspects juridiques. C’est la CREI qui pose problème. Quand on regarde le préambule de la loi qui institue la CREI, on s’aperçoit que c’est l’option socialiste du régime qui avait milité pour la création de cette cour. On disait que c’était conforme aux options socialistes du régime.
Cette loi visait à régler des problèmes ponctuels. La preuve, cela n’a pas prospéré. C’est une loi obsolète, désuète qu’il faudrait éliminer dès lors que le régime n’est plus socialiste. Il faut régler le problème politiquement en permettant à Karim de revenir et d’être candidat. Il y a aussi Khalifa Sall. Je pense qu’il faut l’élargir. Il faut pacifier l’espace politique sénégalais.
On ne peut pas utiliser les armes non conventionnelles de la justice pour régler des problèmes politiques. Que ça soit sous le Président Macky Sall que sous le autres présidents, on a toujours essayé d’utiliser la justice pour régler des problèmes politiques. Il faut garantir la stabilité et la paix qu’on a toujours connues au Sénégal. Il y a beaucoup de cas qui ont été soulevés et il n’y a pas eu de poursuites judiciaires. Il faut appeler au dialogue. Pour moi, le dialogue est à deux niveaux.
D’abord il y a le dialogue politique auquel appelle le ministre Aly Ngouille Ndiaye. Il est dans ses droits d’appeler les partis pour discuter autour des questions politiques. C’est pour pacifier le processus électoral et pour qu’on aille vers des élections consensuelles. Les règles du jeu, on les fixe avant et non après. L’opposition n’a pas le droit de refuser. Il faut qu’on arrive à s’attendre sur comment organiser la prochaine élection présidentielle.
C’est une bonne tribune pour permettre à l’opposition de trouver une solution sur le contentieux afférent à la distribution des cartes d’électeur qui a soulevé une vive polémique lors des élections de juillet. Ce dialogue est consubstantiel à la nécessaire régulation de la démocratie d’autant plus que le ministre dit qu’il est d’accord pour l’audit du fichier.
L’autre aspect, c’est le dialogue national qui est du ressort exclusif du président de la République. Le chef de l’opposition, en la personne du Président Wade, et d’autres qui sont autour, doivent accepter cette main tendue du président de la République. Il ne faut pas que cette main tendue se décline seulement sous forme de slogan. Je pense que le Prédisent Macky Sall a pris l’exacte mesure de la situation du pays.
Il a tout intérêt à ce que le pays reste stable. Le pays est entouré par un cercle de feu et d’insécurité. Le problème casamançais et l’Education…sont autant de questions qui ne doivent pas faire l’objet de politique politicienne.
D’autant plus que le président Macky Sall dit que le Pse est pour 2035 alors qu’il ne sera plus chef d’Etat à cet horizon. Pour que le Pse ait une vie au-delà de l’exercice du pouvoir par Macky Sall, il faut qu’il soit le produit d’une négociation avec l’ensemble des forces vives de la nation. C’est sous ce rapport que j’applaudis, non seulement des deux mains, mais des deux pieds, la tentative de Madame l’épouse du président de la République de rencontrer le Président Wade. Il faut que le président Macky rencontre le Président Wade.
Celui-ci a été son mentor. Il est plus âgé que lui. Il a beaucoup participé à sa formation. Il est aussi le Président même de Me Abdoulaye Wade. Je ne suis pas convaincu que s’il demandait au Président Wade de venir au palais, ce dernier refuserait. Il a eu la chance de bien s’entendre avec Abdou Diouf. C’est une bonne chose.
Mais il y a un grand vide qui se crée car Macky ne réussit pas à rencontrer le Président Wade. Ce serait bon pour l’image du Sénégal qu’il arrive à le rencontrer. Cela n’enlève en rien au fait que la compétition entre les partis continue le plus normalement du monde.
Est-ce à dire que vous travaillez aux retrouvailles de la famille libérale ?
Pour ce qui est de la théorie des retrouvailles de la famille libérale, il y avait un manifeste publié par Me Wade. Le Président Wade a listé dans ce manifeste les forces politiques qui participent à ces retrouvailles. Parmi ces forces, il y a le Président Macky Sall qui apparait comme un libéral-social. Autant le Président Macky que le Président Wade, ils ont intérêt à travailler à rendre effectives ces retrouvailles.
La politique sénégalaise est nébuleuse aujourd’hui. Il y a trop d’entrelacements. Je me rappelle que Djibo Ka avait aussi appelé à des retrouvailles de la famille socialiste. Cela est à encourager. Il faut aller vers la clarification du jeu politique pour que des regroupements se fassent sur la base d’un minimum de convergences. Pour qu’il ait un débat d’idées et non de personnes.
On dirait un clin d’œil en direction de Macky Sall…
J’ai la liberté de dire ce que je pense parce que je suis allé sous ma propre bannière (Bamtaaré Synergie Ngir Liggeyale Sénégal) aux législatives. Je n’ai été financé par personne. Je ne suis allé à ces élections avec aucune coalition. On a tenté depuis trois ans de sortir un discours nationaliste. Notre pays doit marcher sur ses deux jambes cultuelle et culturelle. Nous sommes un mouvement identitaire national. Nous appelons tout le monde à nous rejoindre dans ce mouvement d’idées.
C’est pourquoi, nous sommes ouverts à tout le monde pour un développement durable et dans l’intérêt surtout des futures générations. Si j’ai quelqu’un qui prend en charge cette préoccupation, il n’y a pas de raison qu’on ne soit pas ensemble. Le cas contraire, je peux me présenter à la présidentielle si j’en ai les moyens financiers. C’est ce que les membres de notre mouvement nous recommandent de faire. Je remercie tous ceux qui ont voté pour nous.
Nous sommes arrivés en 26e position, sur 47 listes, aux dernières législatives. C’est un bon test.