MACKY SALL A LES MAINS LIÉES SUR CE RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES PARCE QUE SON BEAU-FRERE Y EST CITÉ
Mimi Touré s’est entretenue à bâtons rompus avec Le Témoin. Au menu, la condamnation de ses deux collègues députés de Yewwi Askaan Wi, le rapport de la Cour des comptes, la récente sortie du ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall, etc.
Aminata Touré se radicalise de jour en jour. Le leader de « Mimi 2024 » s’est livrée hier mardi 3 janvier 2023 s’est entretenue à bâtons rompus hier avec « Le Témoin ». Les questions d’actualité les plus brûlantes ont été abordées avec celle qui a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2024 le dimanche 1er janvier dernier. L’arrestation et la condamnation de ses deux collègues députés de Yewwi Askaan Wi, le rapport de la Cour des comptes, la récente sortie du ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall, son appartenance à l’Alliance pour la République, ses chances pour 2024, etc. Rien n’a été omis. Mimi appuie sur la pédale et accélère la cadence sur Macky Sall. Entretien avec une dame qui n’a pas la langue dans la poche !
LE TÉMOIN : Deux de vos collègues députés viennent d’être condamnés à six mois de prison ferme pour agression sur une députée de la majorité. Quelle lecture faites-vous de cette condamnation ?
Aminata TOURE : Les évènements sont regrettables et condamnables mais j’espère que, pour le reste, la législature sera plus calme pour répondre aux attentes des Sénégalais. C’est un incident malheureux que j’ai condamné et regretté. La justice est en train de faire son travail sur ce dossier. Peut-être qu’au sortir de cette affaire, la tonalité va changer à l’Assemblée nationale et que les provocations vont s’arrêter pour qu’on vive notre situation de députés avec les attitudes qu’il faut.
Beaucoup de tensions sont notées à l’Assemblée nationale depuis l’installation de la quatorzième législature. Qu’est-ce qui explique cela ?
Il faut d’abord noter que ce n’est pas la première fois que ce genre de choses se passent au Sénégal. C’est presque pareil dans toutes les Assemblées nationales du monde. Les Assemblées nationales sont des places d’échanges politiques vigoureux. Dans toutes les assemblées, il y a des incidents. Mais il faut les limiter et surtout privilégier les questions qui intéressent les Sénégalais. Je crois d’ailleurs que tous les députés sont d’accord sur ce point et tout le monde regrette ces incidents, que ce soit du côté de l’opposition, de la majorité et des non-inscrits. Il faut juste retenir que l’Assemblée nationale est un lieu politique où les passions sont exacerbées mais également c’est un lieu important car c’est là où on vote les lois qui nous régissent tous. Donc, je pense que nous tous nous ferons des efforts supplémentaires. N’oubliez pas que c’est la première fois qu’on a une Assemblée aussi équilibrée qui va analyser les textes de lois, faire des propositions de lois, etc., comme l’ont voulu les Sénégalais. C’est la démocratie sénégalaise qui en est arrivée là, une démocratie avancée, une démocratie majeure. Car, on voit un équilibre quasiment net des forces. Toutefois, il faut que chacun prenne la responsabilité et la mesure de son attitude. Que les provocations s’arrêtent. Que les femmes ne servent pas d’outils ou qu’elles ne soient pas instrumentalisées. C’est un grand combat qui a amené la parité à l’Assemblée nationale. Pourquoi ce sont des femmes que d’autres hommes utilisent pour des invectives… Autant on condamne les actes de violence, autant on condamne la provocation qui est permanente. Par exemple, moi-même quand je parle ces gens sifflent mais mon expérience politique fait que ça ne peut pas me déstabiliser. Il faut que leurs états-majors le leur disent. Car, elles reçoivent des instructions des états-majors qui leur disent que quand untel prend la parole huez-le. Alors pourquoi on ne demande pas aux hommes de le faire ? Donc, je crois que ce sont les états-majors qui sont responsables de tout ça. Il faut inviter les gens à se maitriser face à la provocation. Ce qu’on peut faire, c’est d’avoir notre attitude personnelle et d’essayer de la répandre comme exemple pour les autres qui seraient sur cette voie qui ne les honore vraiment pas. On peut être en désaccord mais il faut rester correct parce qu’il y a des électeurs qui nous ont envoyés à l’Assemblée nationale. Donc, par respect à ces électeurs-là, il faut avoir une attitude décente.
Vous avez saisi le Conseil Constitutionnel pour forcer le gouvernement à venir s’expliquer sur le rapport de la Cour des comptes. Pourquoi cette insistance ?
Ce rapport de la Cour de la Comptes a meurtri tous les Sénégalais. Ce n’est pas une question politique. Ce sera une question de citoyenneté. Les fonds qui ont été mis en place (1000 milliards F CFA), c’était pour soutenir les Sénégalais qui étaient dans la détresse, une détresse phycologique. Pendant ce moment de détresse extrême, nos dirigeants pensaient à s’enrichir. C’est une double abomination pour moi. D’abord, l’argent public doit être utilisé de manière honnête et efficiente. Ensuite pendant que les gens sont en pleine détresse, au lieu de compatir, de mettre chaque franc là où il doit aller, des gens s’enrichissent. Ce qui est inacceptable. La question ne va pas quitter l’actualité. Je suis effarée quand j’ai entendu la réponse du ministre de la Justice parce qu’il a dit qu’on va demander après aux gens d’amener des justificatifs. Mais de qui on se moque ? Il a dit que ces gens impliqués dans ce scandale sont justiciables devant la Haute cour de justice. On va installer la Haute Cour de justice. C’est tout. Je respecte la Cour des Comptes. C’est d’ailleurs la première fois dans l’histoire du Sénégal qu’on entend des ministres attaquer une institution publique. Ce qui est inédit. On a entendu des ministres attaquer l’Ofnac qui est une institution mise en place par le président de la République. Qu’on puisse, en tant que ministre, attaquer une institution publique, je trouve que c’est scandaleux. La Cour des comptes, c’est une institution sérieuse. On ne peut pas l’attaquer en disant qu’elle est politicienne. Quand on est un homme d’Etat, on n’affaiblit pas les institutions de l’Etat. On peut réagir sur le contenu, mais pas sur l’institution. Si on se met nous tous à attaquer les institutions, on ne s’en sortirait pas. Je prends le rapport de la Cour des comptes tel quel. Il a démontré de manière très claire les manquements et a fait des recommandations. Des noms ont été cités. Donc, je recommande à tous ces gens indexés de quitter leurs fonctions officielles et qu’ils aillent défendre leur honneur. Mais, je considère qu’il faut renforcer nos corps de contrôle. La Cour des Comptes est une institution très sérieuse avec des magistrats qui connaissent leur travail depuis toujours. La Haute cour de justice doit être mise en place et les gens viendront se défendre. Mais, ce que j’ai entendu c’est une histoire de noyer le poisson, avec des procédures dont je n’ai jamais entendu parler, comme amener des pièces justificatives. Ils veulent noyer le poisson parce qu’il y a le beau-frère du président, Mansour Faye, qui est cité. Ça devient une question familiale. Les autres ont de la chance, car Mansour Faye est le protecteur de tout le monde. Le président de la République ne peut agir sur la question parce que c’est une question familiale dont je viens de parler. Ce qui justifie le projet de loi que j’ai présenté à l’Assemblée nationale sur les incompatibilités familiales. C’est pour éviter ce genre de situation. Il ne faut pas mêler sa famille proche aux affaires de l’Etat parce que, quand vous devez agir et qu’il y a votre beau-frère, l’affaire prend une autre dimension. Donc, le président de la République a les mains liées pour éclaircir cette affaire.
Mais, Mme le Premier ministre, quand vous étiez active dans le Benno Book Yaakar, il y avait des personnes épinglées par des rapports...
La lutte contre la corruption, ce sont des efforts carminatifs. Mais, ce rapport de la Cour des Comptes concerne une somme qu’on n’a jamais rassemblée au Sénégal. Dites-moi un projet qui a fait 1000 milliards ici. C’est tant par le volume et par le contexte. Pourquoi les Sénégalais sont aussi révulsés ? C’est parce que, pendant cette période de Covid-19, tout le monde vivait dans la peur et dans l’incertitude. Personne ne savait qui allait mourir ou survivre. C’était quelque part une question de chance. Je pense d’ailleurs que c’est l’occasion pour aller de l’avant. Mais, il y a aussi comme vous le dites une question systémique. J’ai souvent dit qu’on doit travailler en amont, éviter que les fonds soient détournés en amont. J’ai dit que je ferai une proposition de loi dans ce sens. C’est de proposer de moderniser l’Inspection générale d’Etat (IGE). L’IGE constate les faits après leur commission. Il faut décentraliser les inspecteurs. Au lieu qu’ils soient assis là, il faut les affecter dans les ministères. Au niveau de chaque ministère, il y a une cellule d’inspection financière ; ce qui permet de faire la prévention. Mais, malheureusement, ces gens sont nommés et ils n’ont pas la liberté qu’il leur faut pour faire leur travail comme il se doit. Donc, je pense qu’il faut améliorer fondamentalement le système, procéder à des audits annuels.
Pourquoi quand vous étiez très active dans votre parti, l’Apr, vous ne dénonciez pas les voleurs comme vous le faites aujourd’hui ?
J’ai retrouvé ma liberté de parole. Quand vous êtes dans un parti, vous êtes tenu de respecter sa discipline. C’est aussi simple que cela. Ce que je dis, je le dis à l’interne ; je ne le dis pas à l’externe. Et sur cette question de bonne gouvernance, j’ai toujours défendu ma position publiquement. Si vous êtes un député non-inscrit, vous appréciez les choses.
Êtes-vous toujours membre de l’Alliance pour la République ?
Je suis fondamentalement avec l’opposition et nous nous battons contre toute idée d’un troisième mandat. C’est ça la ligne de démarcation aujourd’hui. Elle est très nette. Car, les conséquences vont être désastreuses pour tout le monde, pour la démocratie pour laquelle on s’est battu en 2012 contre le troisième mandat du président Abdoulaye Wade. On est allé en 2016 proposer une constitution aux Sénégalais. Dans toutes les campagnes, le président de la République Macky Sall lui-même assurait qu’on avait verrouillé la Constitution, que la question du mandat ne se poserait plus. On l’a dit partout. On ne peut pas six ans après dire non ce n’était pas de troisième mandat, on parlait de quinquennat. On ne peut pas tromper les Sénégalais. Ce n’est pas possible. Cependant, je ne doute point que le Conseil constitutionnel rejetterait la candidature du président Macky Sall s’il la déposait. Je n’ai aucun doute là-dessus parce que les textes sont on ne peut plus clairs. Il y a sa parole de chef de l’Etat ; sa parole a une valeur. Elle est fondamentalement une source de droit et une source morale et éthique.
Certains pensent que le Président Macky Sall ne fera pas un troisième mandat. Êtes-vous de leur avis ?
Le Président Macky Sall va aller vers un troisième mandat. Maintenant on connait les démarches. Ils vont attendre la veille du parrainage quand tous les souteneurs auront parlé, certains feront même de grandes assemblées générales et à la demande générale, le président déclarera qu’il est obligé de se présenter. Ce sera le scénario ; on le sait. Autrement dit, il se serait prononcé le 31 décembre. Mais, c’est un scénario inacceptable qui viole la loi, qui viole la Constitution, qui gâche l’image du Sénégal, qui installe la tension dans le pays et qui met en stand-by les investisseurs. Or cette question, elle avait été réglée par nous-mêmes quand on s’est opposé au troisième mandat de Abdoulaye Wade et pour régler définitivement la question on a organisé un référendum. Il l’a dit mais il ne l’a pas fait. Il ne faut pas vivre avec des problèmes de parole comme ça. La première personnalité dans ce pays, du point de vue administratif, c’est le président de la République. Mais, il devait, à un an des élections, libérer le pays en disant que moi je ne suis pas candidat, j’organiserai les élections et les Sénégalais éliront qui ils veulent élire. C’est ça la démocratie. Mais c’est dommage qu’on soit en train de refaire l’histoire.
Allez-vous vous avoir cette même attitude si vous étiez présidente de l’Assemblée nationale ?
Je suis restée constante sur cette question de troisième mandat parce que c’est une conviction. J’aurais pu ne pas être à l’Assemblée nationale et aller prendre tranquillement un autre poste, rester chez moi… Mais, pour moi, ceci n’est pas important car j’ai tourné la page. Et ce qui m’a amenée à m’engager avec Macky Sall en 2012, c’est sur ça que je reste constante. Ce n’est pas une question personnelle. Je considère, à cette étape de vie, que je suis en train d’apporter ma contribution pour mon pays. C’est de veiller à ce que notre avancée démocratique continue à se faire, qu’on reste sur cette trajectoire. Mais, c’est dommage qu’on se mette à refaire l’Histoire. Et c’est ça aussi le retard de l’Afrique. On fait deux pas en avant, trois en arrière et on pensait en avoir fini avec cette histoire de nombre de mandats. C’est dommage qu’un professeur de droit constitutionnel soulève ces arguments. J’invite à voir toutes les vidéos qu’il a sorties. Mais c’est son choix personnel de dire le contraire du droit qui a été dit partout. Les textes sont très clairs. La parole du président est venue renforcer ces textes. Il n’y a pas de doute. Le président de la République ne peut pas faire un autre mandat. Je reste convaincue que le Conseil constitutionnel ne l’autorisera pas à faire un autre mandat. Pour moi, ça parait très clair. D’ailleurs, cette question ne devrait jamais être sur la table. Comme le dit le président Macky Sall lui-même, le Sénégal est une démocratie majeure, mature. Les citoyens ne l’accepteront pas etle théorème de 2012 va se répéter en 2024.
Qu’est-ce qui explique votre candidature pour l’élection présidentielle de 2024 ?
Je suis en âge de me présenter. J’irai chercher des parrainages. J’ai des idées et une vision pour mon pays et j’ai une expérience qui me permet de candidater.
Est-ce que ce sera facile pour la femme que vous êtes ?
On va aller tester le système et demander aux Sénégalais ce qu’ils en pensent. Ce n’est pas une histoire de femme ou d’homme, ni de jeune ou de vieux. C’est une question de vision. Le Sénégal est un pays très ouvert. Il faut aller parler aux Sénégalais, leur faire des propositions. C’est ce que nous comptons faire. Il n’y a que le peuple qui est souverain. Nous allons miser sur une démarche ouverte. Vous avez 53 % de Sénégalais qui n’ont pas voté aux dernières élections, qui ne sont certainement pas satisfaits. Je rappelle qu’en 2012, l’appareil qu’avait Me Abdoulaye Wade était le plus dominant. Les choses évoluent aujourd’hui. Il y a des mouvements ouverts… Nous allons tenir compte de cette contrainte-là, travailler et être le plus ouverts possible. Aujourd’hui, les électeurs sont libres. Ils ne sont pas embrigadés et ils ne peuvent pas être embrigadés. La preuve : vous voyez des changements dans le vote en fonction de comment ils perçoivent la situation. Quelqu’un qui gagne une élection aux municipales, qui la perd aux législatives. Donc, les électeurs sont libres. Ce qui est une chance d’ouverture pour nous. On va parler aux jeunes et on va parler surtout aux femmes. Etre femme peut être un avantage. Avec peu on sait beaucoup faire. Et c’est peut-être ça qu’il faut appliquer au niveau de la gestion de l’Etat, et surtout avoir une alliance entre les jeunes et les femmes qui font 80 % de l’électorat.
Beaucoup de candidats ont été bloqués au stade des parrainages lors de la dernière présidentielle. Ne craignez vous pas les parrainages ?
Le plus important actuellement c’est qu’il faut aller chercher les parrainages. Il faut savoir que le contrôle est quand même assez encadré. Tout le monde est présent. La Cena est présente, les partis aussi. C’est la collecte qui est difficile en réalité. Il y a des recommandations, il faut les mettre sur la table et les discuter parce que tout système est améliorable. Il faut quand même reconnaitre que c’est un système qui est équitable pour tout le monde. La difficulté c’est d’aller chercher ces parrainages dans 7 régions du pays avec les moyens qu’il faut déployer... Nous sommes prêts a satisfaire à cette exigence telle que ça existe. Ça permet aussi d’aller discuter avec les électeurs, d’agréger aussi les forces.
Envisagez vous de nouer des alliances politiques pour la présidentielle ?
En politique, il y a deux camps : la majorité et l’opposition. L’opposition a un sujet commun c’est le 3ème mandat. Tous ceux qui sont contre le 3ème mandat vont se regrouper. À partir de là naîtra toute forme de collaboration.
Peut-on s’attendre a ce que Mimi accompagne quelqu’un comme Sonko qui est présenté comme leader de l’opposition ?
Je suis déjà candidate moi. C’est déjà certain. Rappelez-vous qu’en 2012, le président Macky Sall a été avec le président Abdoulaye Wade jusqu’en 2009 et il avait en face de lui Moustapha Niass, feu Ousmane Tanor Dieng et les autres. Quand il a quitté le Pds il s’est retrouvé dans l’opposition et d’autres dynamiques ont été enclenchées. Et c’est dommage que ce soient les mêmes thèmes qui sont là aujourd’hui. Dix ans après le 3e mandat de Wade, on est là à parler de la même chose. C’est ça aussi qui freine l’avancée de nos pays en Afrique. Pour que les pays avancent, il faut des progrès cumulatifs. Des problèmes se présentent, on les règle et on avance. On pensait en 2016 que les histoire de mandat, c’était définitivement terminé. On refait un retour en arrière.
Quels sont vos rapports avec Khalifa Sall et certains leaders de l’opposition ?
Quand vous vous retrouvez dans l’opposition toutes les dynamiques sont possibles. Comme lui (Macky Sall), quand il s’est retrouvé dans l’opposition après avoir passé l’essentiel de sa vie politique avec le président Wade. Il s’est présentée et gagné. Notre candidature est une candidature enthousiaste et ouverte qui va aller à la conquête des suffrages des Sénégalais. Comme je vous l’ai dit, les 53 % d’électeurs qui ne se sont pas déplacés, on va leur accorder un intérêt particulier en termes de proposition, en termes de mesures alternatives, se battre avec tous ceux qui sont contre ce 3e mandat et pour le rapport de la Cour des comptes. Ce rapport qu’ils essaient d’enterrer mais ce n’est pas possible parce qu’il symbolise quelque chose d’extrêmement détestable, l’argent public que l’on dilapide dans un moment de détresse générale extrême.
Comment comptez-vous gagner sans base politique ?
La base politique, c’est les Sénégalais. Le président de la République il habite là à Mermoz. Il y a un bureau de vote près de chez lui il ne l’a jamais gagné.
Mais il gagne à Fatick...
Vous savez, ce n’est pas parce que quelqu’un remporte une collectivité locale qu’il est un leader incontesté et incontestable. La base n’appartient à personne. La preuve vous avez des maires qui ont été élus et qui, aux élections législatives, ont été battus. Aujourd’hui les Sénégalais n’appartiennent à personne. Et puis la notion de base même est péjorative. Cela veut dire que quoi que vous fassiez on votera pour vous, cela a perdu beaucoup de politiciens. Certains ont pensé que même s’ils sont couchés les gens voteront pour eux. Le réveil fut dur.
Avez-vous des soutiens dans l’Apr ?
Moi je m’intéresse aux électeurs, les Sénégalais qui sont partout. Au marché. Ils sont aussi dans l’Apr. Maintenant, en sourdine nous avons énormément de contacts à l’intérieur de l’apr. Mais, encore une fois, ce qui m’intéresse le plus, c’est cette large majorité d’électeurs, 53 %, qui n’ont pas jugé utile d’aller voter. Il faut les mobiliser. Tout comme il faut aussi demander aux autres de s’inscrire.
Pouvez-vous être plus claire. Voulez-vous dire qu’il y a dans l’APR des responsables qui sont prêts à vous soutenir ?
Bien-sûr ! Maintenant, l’une des démarches est de dire que le président ne s’est pas présenté. Mais le président, il aurait dû se prononcer depuis longtemps pour libérer le pays. Il aurait dû se prononcer depuis longtemps, juste après les législatives comme il l’avait dit. Mais ça n’a pas été fait. Il a été attendu le 31 décembre. Il ne se prononcera pas non plus le 4 avril. Je peux prendre le pari avec vous. Il va attendre la veille du dépôt des parrainages. Comme je l’ai dit : «devant la demande générale, je suis obligé de me présenter ». Il ne peut pas se présenter ni selon la loi ni selon son engagement.
Êtes-vous sur un projet de création de votre propre parti ?
On y réfléchit. On va le faire de la manière la plus inclusive possible.
Le temps n’est-il pas court d’ici la présidentielle ?
Le temps peut aussi être un facteur favorable. Beaucoup de temps génère aussi beaucoup de contraintes. Je pense que les Sénégalais sont ouverts a écouter les propositions des uns et des autres. Je crois que les prochaines élections seront des élections ouvertes, il faudra veiller à aller à la rencontre de nos concitoyens et leur présenter nos propositions. Je pense qu’il est temps d’ailleurs que les choix soient des choix éclairés. Les journalistes que vous êtes doivent y jouer un rôle important. Il faudra qu’on aille vers des débats croises sur des questions particulières, que les candidats soient interpellés.
Faisons le bilan de la traque des biens mal acquis, Mme le Premier ministre. Combien a été dépensé et combien a été recouvré ?
Ça c’est dans une autre vie. C’est le chapitre fermé dont je vous parle. Un autre s’est ouvert. Maintenant, s’il y a un bilan à faire le Gouvernement n’a qu’à le faire, moi je ne suis plus dans le Gouvernement. En tant que député, ce qui m’intéresse c’est comment améliorer le système, prévenir la corruption. Il faut réviser et améliorer la mission de l’IGE, faire l’éducation pour un changement des mentalités. Aussi, il faut dématérialiser. Mais, pour le moment, il faut éclairer les 1000 milliards du Covid.
Parlons de l’Affaire Ousmane Sonko et Adji Sarr dont certains considèrent que c’est un complot. Quel est votre avis là-dessus ?
La Justice est en train de se faire, qu’elle se fasse et rien d’autre. C’est tout ce que je peux dire sur cette question.