«LE SENEGAL EST ENTRE DES MAINS D’UNE PETITE MAFIA QUI SE PARTAGE TOUT»
Thierno Alassane Sall s’indigne du fait que « la ville de Thiès est en train de s’effondrer littéralement, parce que du point de vue économique, social, culturel, tout est en train de partir
«La ville de Thiès est en train de s’effondrer littéralement, parce que du point de vue économique, social, culturel, tout est en train de partir, ce à l’image de la situation économique difficile que vit le Sénégal. Tout est entre les mains d’affairistes qui sont en train littéralement de le saccager». C’est le constat fait par l’ancien ministre de l’Energie Thierno Alassane Sall, président de la « République des Valeurs » (RV), au terme d’une tournée d’une semaine dans la commune de Thiès-Ouest, qu’il a bouclée par un point de presse.
L’ancien patron des cadres de l’Alliance Pour la République, Thierno Alassane Sall, qui, eu égard à la « misère collective des Thiessois » a décrié « la gestion de l’Etat et celle des collectivités territoriales de Thiès (les pouvoirs locaux) », s’indigne du fait que « la ville de Thiès est en train de s’effondrer littéralement, parce que du point de vue économique, social, culturel, tout est en train de partir. Tout est entre les mains d’affairistes qui sont en train littéralement de le saccager, au sens propre comme au sens figuré ». Cet état de fait, selon lui, « est le reflet de la situation économique que vit le Sénégal, un pays qui est entre des mains d’une petite mafia qui se partage tout ».
Sur la question de la gestion foncière, l’ancien Coordonnateur communal de l’Apr à Thiès de regretter : « des gens ont mis en place une machine (des entreprises) de reconnaissance des rares terrains qui restent à Thiès, pour se les partager. Les ouvriers, les artisans, les acteurs du secteur informel n’ont plus de place dans la ville parce que tous les coins et recoins qu’ils occupent ne le sont que de manière précaire. C’est ainsi qu’ils sont souvent déportés dès que le propriétaire légitime ou les autorités municipales se pointent pour reprendre l’emplacement ». Thiès, remarque le leader de la «République des Valeurs» (RV), « reste aujourd’hui une ville qui n’a rien prévu pour ceux qui représentent près de 85% de l’activité économique. Pendant ce temps, les gens se sont partagé le domaine industriel de Thiès, Thiapong, Poniène avant 2012-2014. Aujourd’hui, une mafia constituée d’entreprises de reconnaissance des rares terrains qui restent, est en train de vendre les terrains des Thiessois, de Thiès, avec toute une chaîne de gens chargées de dépister les terrains libres, et à côté il y a des gens chargées de les récupérer et d’autres de les vendre ».
Les autorités supérieures invitées à une prise de conscience
L’ancien ministre de l’Energie pense que « c’est parce qu’ils n’ont aucun projet que celui de s’enrichir au détriment de la collectivité ». Pendant ce temps, s’offusque-t-il, « les écoles qui ont fait la fierté de la ville reconnue pour son élite et les capacités intellectuelles de ses enfants sont en train de s’effondrer sous leurs yeux ».
Selon M. Sall, « une excroissance extraordinaire est en train de prendre le dessus sur Thiès et c’est la raison pour laquelle, la jeunesse n’a plus aucune perspective de prendre les pirogues, pour espérer aller se débrouiller ailleurs.
Tous les jeunes et les femmes qu’on rencontre dans les rues sont au bord du désespoir ». Le ministre TAS invite les autorités supérieures de l’Etat à une « prise de conscience », pour « écouter, enquêter et essayer de comprendre ce qui se passe dans le pays ». Ce d’autant qu’à ses yeux, « le phénomène de l’émigration clandestine est le sommet de l’iceberg de la misère économique et sociale qui frappe les jeunes qui disent à longueur de journée qu’ils en ont marre d’être harcelés, d’être privés de leurs recettes journalières ». Il constate que « pendant ce temps, les transporteurs se plaignent des tracasseries et des pesages de toutes sortes, de cet Etat qui ne fait rien pour eux, sinon les piller du matin au soir ».
Et de poursuivre : « pour toutes ces raisons, il est clair qu’un jour ou l’autre la situation peut exploser ». Il rappelle qu’« il y a un temps pour un Président de la République, pour se lever et travailler s’il est à la hauteur des immenses taches et missions qui l’attendent en tant que Chef de l’Etat. Il peut faire de la politique politicienne en essayant de nommer des conseillers par-ci et par là, en ramenant dans son camp tel ou tel fils de Thiès, pour tenter de mettre enfin le grappin sur la ville de Thiès. Il y a donc un temps pour faire de la politique politicienne, mais il y a aussi un temps pour se lever pour voir le danger, la misère du peuple, les mécontentements, les difficultés et en tant que Président de la République et trouver enfin des solutions ».
Malheureusement, regrette TAS, « quiconque va à l’intérieur du pays se rend compte de la dure réalité et aujourd’hui, la conduite de mototaxis ‘’Jakarta’’ est le métier des enfants qui ont des masters, des gens qui ont des compétences en chaudronnerie, en menuiserie métallique, en couture, parce qu’ils n’ont pas d’autres métiers ».
A côté, dit-il, « l’affairisme ruine le pays au vu et au su de tout le monde comme avec l’installation de lampadaires solaires à côtés de lampadaires électriques et qui fonctionnent en même temps, là où les quartiers périphériques sont plongés dans le noir ».
Thierno Alassane Sall dit avoir le sentiment que « l’ultime rempart de la République est en train de céder et ceux qui contrôlent l’Etat n’ont d’autre objectif que de s’enrichir quitte à, de manière ouverte, violer les règles élémentaires de l’Etat et de ce point de vue, une bonne partie des citoyens risque de ne plus croire à la République ». À ses yeux, « c’est le plus grave danger qui nous menace car ces citoyens risquent de se retourner contre l’Etat et c’est cela qui a défait plusieurs pays ».