LE SERMON DE MGR BENJAMIN NDIAYE
Face à la presse hier, mardi 22 janvier, l’Archevêque de Dakar, Monseigneur Benjamin Ndiaye, lisant la déclaration des évêques du Sénégal, appelle tous et surtout les acteurs politiques au calme et à la responsabilité
L’Eglise catholique du Sénégal brise le silence, en cette veille d’élection présidentielle à forts enjeux. Face à la presse hier, mardi 22 janvier, l’Archevêque de Dakar, Monseigneur Benjamin Ndiaye, lisant la déclaration des évêques du Sénégal, appelle tous et surtout les acteurs politiques au calme et à la responsabilité. Le patron de l’Eglise catholique au Sénégal a invité en outre le peuple sénégalais dont il a loué la «maturité politique», à la vigilance pour préserver la paix sociale dans le pays. Cela, non sans livrer les valeurs sur lesquelles doit reposer toute activité politique.
C’est par l’entremise d’une déclaration aux allures de sermon que le patron de l’Eglise catholique du Sénégal, Monseigneur Benjamin Ndiaye, s’est adressé au peuple sénégalais, mais surtout aux acteurs politiques du pays, en cette veille de la présidentielle du 24 février prochain. Face à la presse hier, mardi 22 janvier, dans sa résidence des Badamiers à Fann, l’archevêque de Dakar s’est vêtu de ses habits de pèlerin pour prêcher la paix, mais aussi sa toge d’homme d’église pour enseigner les bonnes pratiques de la politique. En effet, le porte-parole du jour des évêques du Sénégal, suite à leur rencontre au Foyer de charité du Cap des Biches, le 16 janvier dernier, s’est appuyé sur les paroles du Seigneur Jésus pour rappeler que la «paix est un don merveilleux et précieux de Dieu». Cela, pour ainsi dire que «les hommes doivent accueillir, promouvoir et préserver à tout prix» ce don de Dieu.
Par conséquent, face à ce qu’on pourrait appeler «la montée d’adrénaline» après la publication définitive de la liste des candidats à la présidentielle prochaine, Mgr Benjamin Ndiaye invite «tous au calme et à la sérénité devant les enjeux que suscitent une telle étape de la vie de notre Nation». Prenant le contrepied de ceux qui appellent à la mobilisation et à la confrontation, il a tout d’abord salué «la maturité politique» des Sénégalais, pour ensuite recommander fermement «la vigilance pour préserver la paix sociale dans notre pays». Mieux, au nom des évêques du Sénégal, le prélat a appelé «toutes les populations au calme et à la retenue», tout en disant «non à la violence». Sur le but recherché à travers ces appels, l’archevêque de Dakar indique que cela a pour finalité d’encourager le dialogue, mais aussi de préserver le Sénégal de toute dérive.
Le chef de l’Eglise catholique au Sénégal ne s’est pas limité à formuler des invites et appels à l’endroit des populations ou des acteurs politiques. En fait, dans sa déclaration, Mgr Benjamin Ndiaye a mis tous, surtout les acteurs politiques, devant leur responsabilité. Il a ainsi fait appel à la responsabilité de «de tous, surtout des acteurs politiques, pour adopter des comportements responsables et véridiques en vue d’une élection très libre, transparente et paisible». Les concurrents au fauteuil présidentiel ont été invités à «inscrire en priorité dans leur programme, au delà des rivalités politiques, un langage de respect de l’autre et de la communauté, la vérité, la justice, la promotion du bien commun dans l’intérêt de tous les citoyens». Se retournant vers le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, organisateur du scrutin, l’Eglise demande de s’en acquitter «avec honnêteté, impartialité et respect des normes».
Les évêques du Sénégal ont profité de leur adresse au peuple pour donner des leçons à la classe politique. C’est le moins que l’on puisse dire, au vu du rappel de certaines règles de la pratique politique, s’adossant sur la déclaration du Pape François du 1ier janvier dernier, qui disait que «la bonne politique est au service de la paix». L’archevêque de Dakar leur recommande de s’écarter des vices qui menacent la paix sociale. Il s’agit, à son avis, de la corruption, la négation du droit, l’enrichissement illicite, la justification du pouvoir par la force ou par le prétexte arbitraire de la raison d’Etat, la tendance à s’accrocher au pouvoir, entre autres. Il n’a pas manqué de rappeler les valeurs qui sous-tendent l’activité politique, que sont : «le respect fondamental de la vie, de la liberté et de la dignité des personnes, l’engagement pour le bien commun, le souci de la crédibilité et de la transparence, la promotion du dialogue, de la paix et de la cohésion sociale, l’engagement pour la justice, l’équité, la sincérité, la fidélité, le refus de toute discrimination sociale».
Tout en rappelant que «ce pays nous appartient», Monseigneur Benjamin Ndiaye a terminé son sermon en formulant des prières pour «la concorde de la paix par l’intercession de la très Sainte Vierge Marie, notre Dame de Popunguine, reine de la paix. Que Dieu bénisse le Sénégal».