LE SOLEIL DE CE LUNDI 30 MAI
Dialoguer pour mieux servir !
Un président de la République dispose de plusieurs outils pour gouverner. Pour savoir ce qui se passe dans le pays, les services de l’Etat, les médias et les échanges avec ses compatriotes lui permettent de disposer d’un baromètre fiable pour jauger l’opinion, ses questionnements, le sens de ses demandes et les réponses que le gouvernement y apporte.
Au-delà de ces outils classiques de maîtrise de l’information, il y a les échanges avec les acteurs majeurs de la marche de la Nation, qu’ils soient leaders politiques ou syndicaux, membres du patronat ou de la société civile, chefs religieux ou coutumiers.
Moments de partage et de réflexion, les rencontres que le président Macky Sall entame à partir d’aujourd’hui avec des interlocuteurs représentatifs de la société sénégalaise consacrent sa volonté d’ouverture, de donner une image apaisée du Sénégal et de ses élites, et surtout, d’écoute.
« La démocratie est, en profondeur, l’organisation de la diversité », pour reprendre Edgar Morin. Cette diversité se manifeste sous nos cieux par une floraison de partis politiques et de syndicats, d’associations de toutes sortes, sans oublier les mouvements culturels qui ont de plus en plus voix au chapitre.
Elle se manifeste aussi par le trop plein d’informations dans un univers médiatique débridé, par la largeur de la palette des revendications des corps sociaux, par l’usage que font certains de nos compatriotes du respect des libertés fondamentales garanties par la Constitution.
Cette diversité des êtres comme des demandes économiques et sociales, loin d’être des pesanteurs, sont au contraire le terreau qui nourrit le projet collectif global. Un projet qui se nomme tout simplement « Sénégal Horizon 2035 », l’échelle que se fixe le Plan Sénégal émergent (Pse).
Une démarche normale donc. Normale, mais que la conjoncture politique actuelle et les agendas personnels de quelques figures de l’establishment tendent à rendre exceptionnelle, ad hominem et finalement, promise à l’échec. Mais, comme devant les urnes, seul le peuple souverain décide. Or, ce même peuple semble décalé, du moins ses opinions les plus fortes, avec l’idéologie du nihilisme et du vide institutionnel qui suintent ça-et-là de certains discours.
Le dialogue est une marque de fabrique du régime issu de la deuxième alternance post indépendance. Que d’Assises et de Concertations nationales, que de Conseils présidentiels et de Commissions nationales depuis mars 2012 ! Sur l’Education nationale, sur l’administration ou la réforme des institutions, sur l’enseignement supérieur, une ferme volonté s’est exprimée, allant dans le sens de trouver les consensus les plus pertinents à même de forger une résilience aux conflits inhérents à tout processus démocratique.
CONSENSUS
Le « Oui » en faveur d’une nouvelle Constitution, validé lors du référendum du 20 mars dernier, ouvre de nouvelles perspectives dans le sens du renforcement de la démocratie sénégalaise. Ce n’est pas un acte banal que les électeurs sénégalais ont posé en répondant favorablement au projet constitutionnel du président Macky Sall. Ils ont dit « Oui » à la limitation des mandats présidentiels, aux candidatures indépendantes aux élections, à la promotion de la gouvernance locale et à la reconnaissance de nouveaux droits aux citoyens (droit à un environnement sain sur leurs patrimoines fonciers et sur leurs ressources naturelles).
Ils ont dit « Oui » pour le renforcement de la citoyenneté par la consécration de devoir du citoyen, pour les droits de l’opposition et ceux de son chef, pour la représentation des Sénégalais de l’extérieur par des députés, pour l’élargissement des pouvoirs de l’Assemblée nationale en contrôle de l’action gouvernementale et évaluation des politiques publiques, pour l’augmentation des compétences du nombre de membres du Conseil constitutionnel dont deux élus par le Parlement, et pour la constitutionnalisation des principes de la décentralisation et de la déconcentration. Bref, ils ont dit « Oui » à « l’intangibilité des dispositions relatives à la forme républicaine, à la laïcité, au caractère indivisible, démocratique et décentralisé de l’Etat ».
Naturellement, la majorité présidentielle et plusieurs organisations apolitiques se félicitent de l’initiative, mais d’autres ont décliné l’invite présidentielle, pour marquer encore plus leur différence et maintenir le débat politique sur des positionnements électoralistes. Est-ce la bonne méthode ? Y a-t-il quelque intérêt à s’absenter au moment où l’on échange sur le devenir du Sénégal, de surcroît sous la houlette du premier d’entre eux ? 2019 est encore loin.
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