LEÇONS DE PROSPECTIVE
Compétitivité des entreprises sénégalaises - Entrée du Maroc dans l'Uemoa - Formation et encadrement des futures élites politiques et économiques - El Hadji Ibrahima Sall montre la voie

L’ancien ministre du plan qui animait la conférence de l’amicale des anciens enfants de troupe (Aaet) sur la compétitivité des entreprises sénégalaises face aux multinationales est sans appel. Sans travail, sans rigueur et sans formation, nos entreprises ne seront jamais performantes.
Les Anciens enfants de troupe s’étaient donné rendez-vous samedi dernier à l’Ucad 2 pour discuter de la compétitivité des entreprises locales face aux multinationales. Et la conférence incombait à un des leurs de la Promo 72: l’économiste et ancien ministre du plan, Ibrahima Sall. Ce dernier qui a fait un diagnostic peu reluisant de la compétitivité de nos entreprises face aux multinationales pense que ‘’les années à venir les Présidents de la république ne passeront plus par le circuit des réseaux d’influence pour se faire élire, ils seront tout simplement élire comme des produits du réseau’’.
Pour illustrer cette prédiction, l’ancien pensionnaire de HEC- Paris a donné les exemples du Président français Emmanuel Macron ‘’qui a été porté au pouvoir par le mouvement des entreprises de France (Medf) et du Président du Niger qui a été longtemps directeur technique d’Areva’’. Par ailleurs, devant un auditoire visiblement acquis à sa cause, l’économiste a souligné que ‘’nous avons des espaces de domination où il y a une dissymétrie et de l’irréversibilité qui font que ceux qui sont forts deviennent de plus en plus forts ‘’.
‘’ La compétitivité entre les entreprises locales et des multinationales donne l’image d’un combat entre Yawu Dial et Balla Gaye2 ‘’, souligne-t-il. Un ensemble de facteurs seraient à l’origine de cet écart. «La politique industrielle qui devait intervenir pour organiser les entreprises à faire des appels d’offres manque dans ce pays‘’, dit-il. Selon le conférencier il y a aussi que ‘’ nos Etats n’imposent pas aux multinationales le transfert de technologie et le cas le plus récent c’est le Ter où il n’y a aucune contrainte, aucune clause sur le transfert de technologie ’’.
«L’ENTREE DU MAROC DANS L’UEMOA : UN DANGER POUR L’ESPACE MONETAIRE»
Le leader du Parti Demain la République est revenu en outre sur la question du franc Cfa. ‘’ Nous avons une monnaie unique arrimée à une monnaie plus forte et notre marge de manoeuvre en matière de crédits et de taux d’intérêt est déterminée par l’euro‘’. Pour M. Sall, ‘’quand la Banque centrale européenne finance des projets à 6 %, on ne peut pas faire autrement parce que nous avons les mêmes objectifs d’inflation ‘’. Il prédit que ‘’la situation va se compliquer avec l’entrée du Maroc dans l’Uemoa parce que ce pays a une monnaie qui flotte et il pourra contrairement aux autres pays, être très compétitif en fonction des objectifs qu’il se sera fixés’’.
Devant ses ‘’ bleus’’ (terme utilisé dans leur jargon militaire pour désigner les nouveaux) il a déclaré qu’«un Sénégal qui réussit c’est un Sénégal qui bosse, qui a de la rigueur et de la formation.» Et de conclure que les études statistiques partout dans le monde sont unanimes à soutenir que la «productivité dans le travail dépend essentiellement de la formation et de l’organisation dans le travail.» La conférence a été ponctuée par des interventions très riches dont celle de Mouhamadou Makhtar Cissé, Ancien Enfant de Troupe de la Promo 79, Directeur Général de la Sénélec et ancien ministre du Budget. Il a plaidé avec brio pour un état de droit économique et une stabilité politique et institutionnelle dans la zone Uemoa.