LES ACTEURS POLITIQUES EN DESACCORD, LE GOUVERNEMENT VA TRANCHER
« L’As » a appris que le Gouvernement opte pour février 2022.

La commission restreinte du dialogue politique a organisé hier une rencontre avec des agents de la Direction générale des élections (DGE) afin d’être édifiée sur les différentes étapes du processus devant mener aux élections locales et de décider ensemble de la date du scrutin. Malheureusement, faute d’accord entre les différents acteurs, il appartiendra désormais au gouvernement de trancher la question. D’ailleurs « L’As » a appris que le Gouvernement opte pour février 2022.
A l’issue de la réunion du conseil des ministres hier, au titre des textes législatifs et règlementaires, le gouvernement a examiné et adopté le projet de loi portant report des élections territoriales et prorogation du mandat des conseillers départementaux et municipaux. Auparavant, les membres de la commission restreinte du dialogue politique avaient acté le report du scrutin ainsi que le démarrage de l’évaluation du processus électoral pour le début du mois d’avril. Cependant, les différents acteurs présents à la table du dialogue ont buté sur la fixation de la date des élections locales. Si le pôle de la majorité a tablé sur février voire mars 2022, il était hors de question pour l’opposition de tenir les locales au-delà de l’année 2021.
Joint au téléphone, un des membres du pôle de la majorité en l’occurrence Cheikh Sarr a pointé du doigt l’opposition indiquant qu’elle est responsable de la non tenue des locales en 2021. «C’est l’opposition qui est à la base de tout ce retard, parce qu’elle a exigé l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral. Dans le document de référence qui a permis de démarrer l’audit et l’évaluation, on a indiqué qu’on a besoin de 90 à 120 jours pour ces deux opérations. C’est quatre mois pratiquement», soutient Cheikh Sarr. Ensuite, il estime qu’il faudra que la commission politique se réunisse après les conclusions de l’évaluation pour discuter des points laissés en suspens lors de la première phase du dialogue. Il s’agit du parrainage à la présidentielle, du bulletin unique, de l’autorité indépendante en charge des élections, etc. Il précise qu’il faudra au moins un mois pour discuter et envoyer les points d’accord au gouvernement qui devra traduire cela en projet de loi avant d’être intégrés dans le Code électoral et le code des collectivités territoriales.
Cheikh Sarr a rappelé aussi la nécessité de faire une révision exceptionnelle des listes électorales pour permettre aux jeunes Sénégalais en âge de voter de pouvoir s’inscrire. Et il y a un tout un processus autour de cela, sans compter la période contentieuse, ajoute-t-il. Cheikh Sarr relève aussi l’obligation de déposer les listes électorales entre 80 et 85 jours avant la date du scrutin. «Si on faitle cumul, on a besoin de 11 mois pour aller vers les élections. Ce qui fait qu’il n’est pas possible, si on respecte les délais édictés et ceux du code électoral, de tenir le scrutin en 2021», a expliqué le représentant du pôle de la majorité au dialogue. Et de poursuivre que les arguments de la majorité sont plus techniques que politiques. Au même moment, dit-il, l’opposition semble vouloir saboter le processus.
LE POLE DE L’OPPOSITION RÉCLAME UNE COMPRESSION DES DÉLAIS POUR TENIR LE SCRUTIN EN 2021
Joint en outre au téléphone, le représentant du pôle de l’opposition a battu en brèche l’argumentaire de Cheikh Sarr. Selon Saliou Sarr, il a été démontré que si on compresse les délais pour ramener tout le processus à huit mois, il est possible de tenir les élections en fin 2021. A l’en croire, les techniciens ont démontré que les quatre mois prévus pour l’évaluation du processus électoral peuvent être ramenés à deux. Ensuite, ajoute-til, il est possible de grignoter des jours dans d’autres étapes ou actions telles que la revue du Code électoral. et de déplorer le fait que le pôle de la majorité s’arc-boute sur les quatre mois prévus dans les Termes de référence pour effectuer l’évaluation du processus électoral. Alors que, précise-t-il, c’est possible de le réduire considérablement. Ce qui fait dire à Saliou Sarr et Cie que la majorité présidentielle cherche à faire un blocage afin que les élections locales soient reportées en 2022.
«Excepté le pôle de la majorité, tous les acteurs présents autour de la table du dialogue étaient pratiquement d’accord pour qu’on revoie les délais que cela soit la société civile, le pôle des non-alignés et le CNRA», affirme-t-il. La CENA, dit-il, a préféré garder une position neutre tandis que les techniciens de l’Etat ont démontré que techniquement c’était possible d’organiser le scrutin en 2021. «C’est une demande sociale aujourd’hui d’organiser ces élections cette année. Il est hors de question d’aller en 2022. Cela peut perturber la tenue des élections législatives de 2022. On a beau essayer de convaincre la majorité ; mais on avait l’impression que leurs représentants avaient reçu un mot d’ordre pour rester dans 2022», se désole le représentant du pôle de l’opposition.
LE GOUVERNEMENT DEVRA TRANCHER, L’OPPOSITION LE MET EN GARDE
Il appartiendra désormais au gouvernement de trancher la question. Mais pour Saliou Sarr, le régime ayant l’habitude d’user de son pouvoir risque de faire du forcing et d’annoncer la date des élections en 2022 sans concertations. Et dans un communiqué parvenu hier à «L’As», le Front Démocratique et Social de Résistance Nationale (FRN) a accusé le gouvernement d’être le seul responsable de cette situation. Il a pointé du doigt les lenteurs administratives faisant allusion au gap entre le démarrage de l’audit du fichier (mi-février) et celui de l’évaluation du processus électoral (1er avril 2021). Le FRN dit maintenir sa position déjà exprimée de respecter le calendrier électoral et d’organiser les locales en cette année 2021, les élections législatives en 2022 et le scrutin présidentiel en 2024. En conséquence, le FRN, tout en dégageant ses responsabilités de toute nouvelle forfaiture en la matière, met en garde le Gouvernement face à toutes les conséquences que de nouveaux reports pourront engendrer.