LES SÉNÉGALAIS AUX URNES
Plus de six millions d'électeurs vont voter ce dimanche pour élire 165 députés. Les réformes à l’hémicycle et les programmes des candidats ont été fortement éclipsés durant la campagne, qui a souvent donné au scrutin l’allure d’une élection présidentielle
Six millions sept cent vingt-sept mille sept cent cinquante-neuf (6.727.759) électeurs vont voter ce dimanche dans toute l’étendue du territoire sénégalais et à l’étranger pour élire les 165 députés du pays.
La campagne électorale, âprement disputée, a pris fin samedi à minuit. Pendant vingt et un jours, les huit coalitions en lice ont sillonné les 14 régions du pays pour convaincre les électeurs de leur accorder leurs suffrages.
La campagne, émaillée de quelques violences, notamment à Thiès (ouest), Kaolack (centre) et Sédhiou (sud), et de dérapages verbaux, a été phagocytée par l’élection présidentielle de 2024. Elle s’est pour l’essentiel déroulée dans le calme et s’est résumée en un duel entre Benno Bokk Yaakaar (BBY), qui a vanté le bilan du président de la République, Macky Sall, et Yewwi Askan Wi, qui a agité l’épouvantail d’un troisième mandat de l’actuel chef de l’Etat.
La campagne électorale a connu aussi des échanges houleux entre les coalitions Yewwi Askan Wi (YAW) et AAR Sénégal, lorsque la première a accusé toutes les six autres listes de candidature de l’opposition de soutenir secrètement BBY.
Les réformes à l’hémicycle et les programmes des candidats ont été fortement éclipsés durant cette campagne, qui a souvent donné au scrutin législatif de ce dimanche l’allure d’une élection présidentielle anticipée.
Huit coalitions en lice
Le scrutin oppose huit coalitions : Bokk Gis Gis Liggeey, Naatangué Askin wi, Alternative pour une Assemblée de rupture (AAR), Benno Bokk Yaakaar, Union citoyenne Bunt Bi, les Serviteurs/MPR, Wallu Sénégal et Yewwi Askan Wi. Un record de 47 listes avait été enregistré lors des élections législatives du 30 juillet 2017, mais le recours au parrainage a permis de limiter les listes de candidature à huit, cette année.
Les 6.727.759 électeurs vont voter dans 15.196 bureaux de vote, soit 1.109 de plus qu’en 2017. Les bureaux de vote sont répartis dans 6.641 lieux de vote, soit 249 de plus qu’en 2017.
La Commission électorale nationale autonome a annoncé le déploiement de 22.000 contrôleurs et superviseurs. Un superviseur sera déployé dans chacun des centres de vote. Un contrôleur sera mis à la disposition de chaque bureau de vote.
La CENA a mobilisé aussi 758 contrôleurs et 400 superviseurs dans les 50 pays où voteront les Sénégalais vivant à l’étranger.
Dakar, principal grenier électoral
La région de Dakar est le plus grand bassin électoral du pays, avec 1.762.501 électeurs. Viennent ensuite les régions de Thiès (957.934) et de Diourbel (612.857), qui sont suivies de Saint-Louis (535.932), de Kaolack (442.895) et de Louga (441.864).
Fatick et Kaffrine comptent, respectivement 338.976 et 249.608 électeurs. A Sédhiou, 204.235 inscrits se rendront aux urnes, contre 292.328 à Ziguinchor, qui en compte 1.231 de moins que Matam. La région de Tambacounda compte 271.025 électeurs, celle de Kolda 250.517.
Kédougou ferme la marche avec 69.363 électeurs.
Cent douze députés seront élus au scrutin de liste majoritaire à un tour dans le ressort du département et 53 députés au scrutin proportionnel, sur une liste nationale. Quinze des 165 députés élus pour un mandat de cinq ans vont représenter les Sénégalais vivant à l’étranger.
Région la plus peuplée du pays, Dakar a un quota de 18 députés, contre 10 pour Thiès, neuf pour Diourbel et sept pour Tambacounda.
Chacune des régions de Kaffrine, Kolda, Louga, Saint-Louis et Sédhiou aura six sièges à l’Assemblée nationale. Celles de Kaolack, Matam, Fatick et Ziguinchor vont élire chacune cinq députés, tandis que Kédougou en élira trois.
Les 15 députés de la diaspora seront élus en raison de sept pour la zone Afrique, six pour la zone Europe, un pour l’Amérique-Océanie et un pour l’Asie et le Moyen-Orient.
Un scrutin-test
Les élections législatives de ce dimanche sont considérées comme un test pour l’élection présidentielle de 2024.
L’opposition, Yewwi Askan Wi notamment, a prévenu qu’une majorité parlementaire pour BBY va encourager Macky Sall à briguer un nouveau mandat en 2024. Elle estime en revanche que sa victoire à elle barrerait définitivement la route à une candidature à un troisième mandat pour l’actuel chef de l’Etat.
L’enjeu immédiat est, pour la mouvance présidentielle, de conserver la majorité à l’hémicycle.
L’intercoalition Yewwi Askan Wi-Wallu Sénégal n’a pas fait mystère de sa volonté d’imposer une cohabitation à la majorité présidentielle. Pour cela, l’alliance menée par Ousmane Sonko et Khalifa Sall devra confirmer ses victoires à Dakar, Thiès et Ziguinchor lors des dernières élections locales de janvier.
La coalition Wallu Sénégal, alliée de YAW même si elle a sa propre liste de candidature, est dirigée par le Parti démocratique sénégalais d’Abdoulaye Wade. L’ex-président de la République est en tête de ladite liste.
La majorité présidentielle clairement clamé, elle aussi, son ambition de conserver sa majorité, ce qui implique qu’elle réédite ses résultats aux dernières élections locales dans plusieurs régions et réussisse une ‘’remontada’’ dans certaines villes, notamment à Dakar, Guédiawaye et Thiès.
Selon de nombreux observateurs, les primo-votants (les électeurs qui votent pour la première fois) et le taux de participation devraient être la clé du scrutin.